Critiques de textes

Le Lac : Le Romantisme à l'état pur !

        Quel beau poème lyrique que Le lac, écrit par Alphonse de Lamartine et publié dans le recueil, Les Méditations poétiques ! Dans ce poème, Lamartine évoque Julie Charles, la femme qu'il aime et qui est retenue loin de lui par la tuberculose qui ne tardera pas à l'emporter. Le poète revient seul sur les rivages d'un lac qui a été témoin de leur amour et où un an auparavant les amants s'étaient promis de se retrouver. A travers ces vers, Lamartine, mêle habilement les thèmes de la fuite du temps et de l'amour.

        En effet, dans le premier quatrain, le poète déplore, tout d'abord, la fuite du temps à travers l'emploi d'une métaphore filée de la navigation "nouveaux rivages", "océan", "jeter l'ancre" qui représente le cours de la vie humaine que la course du temps mène inexorablement à la mort : "la nuit éternelle". De plus, l'emploi d'une question rhétorique à la forme négative dans cette strophe souligne et nous fait partager la douleur du poète devant son impuissance à arrêter le temps, impuissance soulignée par l'emploi des participes passés "poussés" "emportés".

        A partir de la deuxième strophe, le poète apostrophe le lac "Ô lac !" qu'il personnifie ainsi et qu'il prend à témoin de sa solitude et de son désepoir en employant l'impératif : "Regarde ! Je viens seul m'asseoir sur cette pierre où tu la vis s'asseoir !". La douleur du poète est également soulignée par l'emploi de phrases exclamatives qui rendent ces vers poignants et éveillent la compassion du lecteur.

        Enfin, à partir de la troisième strophe, le poète nous plonge dans le souvenir des moments heureux qu'il a partagés avec sa bien-aimée comme en témoigne l'emploi de l'imparfait. Le lac a été le cadre et le témoin du bonheur passé des amants, c'est pourquoi le poète emploie des termes affectifs pour le désigner "tes flots chéris", "tes flots harmonieux". De plus, le lac semble également partager la douleur du poète comme le montre l'emploi des termes "brisais", "flancs déchirés", "tu mugissais". Ce lieu est donc pour le poète à la fois source de joie car il est le gardien et le témoin du souvenir de son bonheur passé "Un soir, t'en souvient-il ? Nous voguions en silence" mais également source de douleur car il lui fait ressentir cruellement l'absence de sa bien aimée.

        Dans le début de ce poème, Lamartine nous fait partager son désespoir face à la fuite du temps qui a emporté à jamais les moments de bonheur qu'il a partagés avec sa bien-aimée. Toutefois, le lac qui a été témoin de cet amour en devient le gardien éternel auprès duquel le poète peut se réfugier, partager sa douleur et se consoler. A travers ces vers, le lecteur est donc plongé dans la quintessence du mouvement romantique.

Le Voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich (1818).[pic 1]

Adrien DUBOIS et Gabin MURAT PHILLIBERT

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