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Anthropologie, peut-on mesurer l’intelligence d’un être humain ? Peut-on déterminer quelle est la part de l’inné et celle de l’acquis ?

Cours : Anthropologie, peut-on mesurer l’intelligence d’un être humain ? Peut-on déterminer quelle est la part de l’inné et celle de l’acquis ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Janvier 2020  •  Cours  •  2 475 Mots (10 Pages)  •  896 Vues

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ISM ADONAI

BBA2

Enseignant : Dr Sylvestre Djouamon

Durée :3 H

Sujet unique

SYNTHESE DE DOCUMENTS

        Une controverse ancienne, mais toujours vive : peut-on mesurer l’intelligence d’un être humain ? Peut-on déterminer quelle est la part de l’inné et celle de l’acquis ?

Les répercussions de ce débat ne vous échappent pas ; il s’agit de biologie, mais aussi de politique sociale.

Vous trouverez ci-après quatre points de vue sur cette question ; vous ferez la synthèse de ce dossier.

Premier texte (Pierre Debray-Ritzen, Lettre ouverte aux parents des petits écoliers, A. Michel, 1978, pp. 69-74 (Extraits).

        Et la réussite sociale ? Suit-elle avec une corrélation aussi nette les données du QI[1] ? A peu près. On a pu le vérifier de deux manières.

  1.         Une étude portant sur près de 1500 garçons et filles ayant un QI égal ou supérieur à 140 – et suivis durant trente-cinq ans – aboutit à des constatations démonstratives : 85 % des sujets sont entrés dans l’enseignement supérieur, 70 % en sont sortis diplômés. En ce qui concerne les hommes, 86 % se sont retrouvés dans les deux catégories professionnelles les plus élevées (professions libérales et monde des affaires) ; 11 % avaient une petite entreprise, étaient entrés dans le clergé ou faisaient partie de la main-d’œuvre qualifiée ; 2% seulement exerçaient une activité agricole ; 1 % faisaient partie de la main-d’œuvre semi-qualifiée. Ces derniers chiffres nous rappellent que si l’intelligence est nécessaire, elle n’est pas suffisante et que les qualités instinctivo-affectives comme l’adaptation sociale ont leur mot à dire.

  1.         Si l’on analyse les QI recensés dans les diverses couches socio-professionnelles de la société, les révélations sont tout à fait superposables. Le tableau ci-dessous réunit les résultats des QI tirés d’un certain nombre d’études effectuées en différents pays (QI global, encore une fois, et qui mérite analyse).

140        Cadres supérieurs, hauts fonctionnaires ; professeurs ; savants et chercheurs.

130        Cadres moyens ; médecins et chirurgiens ; avocats ; ingénieurs.

120        Instituteurs ; pharmaciens ; comptables ; infirmières ; sténo-dactylos ; administrateurs ; chefs de services.

110        Contremaîtres ; employés de bureau ; standardistes ; représentants de commerce ; policiers ; électriciens ; mécaniciens de précision.

100 +        Opérateurs de machines ; commerçants ; bouchers ; soudeurs ; ouvriers métallurgistes.

100 -        Vendeurs de grand magasin ; maçons ; cuisiniers et boulangers ; petits exploitants agricoles ; conducteurs de trains et de camions.

90        Ouvriers agricoles ; jardiniers ; tapissiers ; mineurs ; manutentionnaires.

        Comme le souligne le commentateur, « il y a un accord quasiment parfait entre le prestige social que revêt une profession et le niveau moyen du QI de ceux qui l’exercent ». On remarquera que 50 points d’écart séparent le groupe de tête du groupe de queue. Les facultés intellectuelles mesurables sont donc en corrélation directe avec la promotion sociale. Ce, statistiquement parlant ; non pour chacun (…).

        A certains, ces statistiques doivent apparaître diaboliques. Pour l’égalitariste farouche, quelle malédiction génétique et quel immobilisme social, incurable et désespérant ! Pourtant, il convient de le rassurer quelque peu. La donne de chaque génération semble bien apporter une correction. Car les plus intelligents ne procréent pas de plus intelligents encore ; et les moins intelligents de plus défavorisés. Curieusement, c’est le contraire. Les corrélations entre parents et enfants l’affirment – comme si les extrêmes en haut et en bas représentaient les situations génétiques rares et difficiles à pérenniser. Globalement, il existe donc un retour vers la moyenne (…).

Deuxième texte (Jacquard, Serre et Stewart, Le quotient intellectuel est empiriquement héréditaire, mais rien ne prouve une transmission génétique, in © Le Monde, 30 mars 1977).

        Sans doute, peut-on évoquer une certaine « intelligence potentielle », mais il s’agit là d’un concept abstrait. Notre développement, notre éducation, toute notre aventure personnelle aboutissent à une « intelligence réalisée », seule éventuellement mesurable ; elle dépend des gènes et du milieu, et avant tout de la correspondance plus ou moins harmonieuse réalisée entre eux, sans que la part de chacun puisse être définie.

        Le caractère « génétique » ou non de l’intelligence joue un rôle fondamental dans l’attitude à prendre envers d’éventuelles réformes de la société où nous vivons. Considérons l’attitude à prendre dans les deux cas extrêmes, celui où l’intelligence serait totalement déterminée par les gènes et celui où elle serait totalement déterminée par le milieu, deux hypothèses d’ailleurs certainement aussi fausses l’une que l’autre.

        Dans le premier cas, il est peu utile de changer de société, car « les hommes resteront ce qu’ils sont » (génétiquement déterminés). Dans le second, au contraire, des modifications favorables de la structure de la société entraîneraient un changement profond de l’humanité. Il n’est donc pas étonnant que lorsqu’ils confondent la réalité scientifique avec ce qu’ils souhaitent, les conservateurs sont partisans du caractère génétique de l’intelligence, et que les progressistes y sont opposés.

        D’autre part, comme l’intelligence est liée à la réussite sociale, il est tentant d’associer de proche en proche les divers concepts : différents – inégal – héritable – génétique – inné – naturel, d’effacer les frontières entre ces termes, et de démontrer ainsi que les inégalités sont voulues par la nature et donc inévitables, et même bénéfiques. C’est en s’appuyant sur des données ou des concepts déformés de la génétique, leur servant de prétendue caution scientifique, que certaines politiques anti-sociales, racistes (ainsi le fameux Immigration Act limitant, en 1921, l’immigration à partir de l’Europe du sud ou de l’est pour éviter une dégradation de l’intelligence moyenne des citoyens des Etats-Unis), ou simplement criminelles (ainsi les aberrations nazies), ont été menées : il n’y a là qu’imposture, et le devoir des scientifiques est de la dénoncer.

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