Le voyage, une quête de liberté ?
Chronologie : Le voyage, une quête de liberté ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar emredana • 3 Octobre 2023 • Chronologie • 2 912 Mots (12 Pages) • 926 Vues
Thème : Le Voyage
I LE VOYAGE, UNE QUÊTE DE LIBERTÉ ?
Le voyage et plus généralement l'appel de l'aventure » - est un thème récurrent des mythes fondateurs. Il est notamment au cœur de l'Odyssée d'Homère, poème de référence du monde gréco- romain. Il constitue le plus souvent, pour le héros, un rite de pas- sage qui nécessite de se séparer de ses proches et des lieux qui l'ont vu naitre. Le départ représente un moment charnière un point de rupture, le basculement inéluctable vers le monde adulte, Partir devient alors synonyme d'indépendance et d'émancipation Le voyageur est seul à décider, et ne peut compter que sur ses propres ressources pour résoudre les difficultés et surmonter les obstacles ". En ce sens, le voyage est liberté prise de risque et découverte de soi On comprend mieux dès lors ce désir irrépressible de prendre le large, de s'exposer à l'inconnu pour eux se mettre à l'épreuve, et ainsi pouvoir découvrir toute la richesse de ses potentialités
1 L'itinérance, garantie d'une vie libre
Ce qui donne au voyage sa force, c'est qu'il constitue une interruption dans la trame des nécessités de la vie quotidienne. Le temps, ainsi libéré de toute forme de labeur, peut alors être consacré à un très vieux rêve : voyager sur terre, sur mer, dans les airs, pour son seul plaisir. Les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent pour partir », écrit du reste Charles Baudelaire dans son célèbre poème « Le Voyage » (Les Fleurs du mal).
L'itinérance devient ainsi un véritable mode de vie synonyme d'insouciance, de joie et de liberté. Ce plaisir de partir, de vivre au jour le jour, en dehors des conventions sociales, caractérise la vie de bohème que mène Rim- baud (texte 1), et qu'illustre parfaitement la chanson de Bernard Lavilliers, On the Road Again» (texte 3). S'il est vrai que le vagabond, l'errant, suscite souvent la méfiance, Jacques Lacarrière montre que l'on assiste à un nouveau-nomadisme (texte 4).
Celui- ci trouve sa raison d'être dans une soif de liberté que revendique très clairement Jack Kerouac, chef de file de la Beat Generation (texte 2). C'est ce rapport au voyage, conçu comme délivrance et comme échappatoire au monde contraignant de la vie en société, qu'explore aussi Rousseau au cours de ses marches à pied (texte 6). Elles seules lui permettent non seulement d'exercer son corps et sa pensée, mais aussi d'entrer en communion avec la nature. Cet éloge de l'errance se conjugue à un désir profond d'émancipation. Isabelle Eberhardt revendique ainsi son droit à partir et à ne se sou mettre qu'aux règles qu'elle s'est elle-même données (texte 5)
2 S'évader vers un monde meilleur
Il est vrai que le voyage, comme mode de vie, assure une existence libérée du conformisme social. Mais mener une existence itinérante n'est pas donné à tout le monde. Pour les sédentaires, le voyage se présente alors comme un moyen de s'évader temporaire- ment d'un cadre de vie parfois lourd à supporter. Karen Blixen nous montre ainsi l'euphorie grisante qu'il peut y avoir à survoler les plaines du Kenya en avion (texte 7).
La beauté des paysages permet d'oublier toutes les difficultés du quotidien. Ce désir de dépayse- ment, de trouver ailleurs des éléments propices au rêve et à la douceur de vivre, justifie le plus souvent notre recherche d'exotisme Celle-ci s'énonce voluptueusement dans « L'Invitation au voyage » de Charles Baudelaire (texte 8), tandis que Charles Aznavour nous présente les pays chauds comme des paradis capables de faire oublier la misère (texte 9).
Claude Gagnière, quant à lui, montre à quel point la vie et l'œuvre de Pierre Loti ont répondu, par les descriptions que cet écrivain-voyageur a su donner des charmes des pays lointains, au besoin d'évasion d'un très grand nombre de lecteurs (texte 10). L'évasion peut aussi se concrétiser par le biais de la migration le voyage apparait alors comme un moyen de quitter. Des conditions de vie devenues trop dures à supporter. Sophie Djigo rend ainsi raison des logiques migratoires de celles et ceux qui cherchent à gagner le Royaume-Uni (texte 11). Cette volonté d'échapper à un destin tout tracé en partant vers un ailleurs que l'on imagine plus libre est aussi affirmée avec force par Jean-Jacques Goldman dans sa chanson Là-bas (texte 12)
3 Voyager pour repousser toutes les limites ?
L'humanité semble mue par un désir insatiable d'aller toujours plus loin, vers l'inconnu. Ce désir s'incarne dans la figure de l'explorateur ou de l'exploratrice, seuls à même de repousser les limites de l'écoumène, l'ensemble des territoires habités par les humains. Marguerite Yourcenar imagine ainsi la fascination qu'exercent sur l'empereur Hadrien les contrées inexplorées (texte 13).
Alexandra David-Neel ose quant à elle braver l'interdit qui empêche les étrangers de visiter Lhassa et repousse se faisant une frontière à la fois géographique et culturelle (texte 14). Mais la conquête de nouveaux horizons ne se fait pas que sur Terre. Repousser les limites du monde connu implique de conquérir l'univers, ce qu'analyse Jacques Arnould (texte 15).
Cependant, pour qu'une telle réussite soit possible, encore faut-il que l'exploration se fonde sur des innovations technologiques solides. Le Tour du monde en 80 jours de Jules Verne n'a d'autre but que de montrer comment la modernisation des moyens de transport fait de la Terre une petite planète, à notre mesure, susceptible d'être maitrisée, exploitée et dominée (texte 16). Cela comporte cependant une part de risque Antoine de Saint-Exupéry fait ainsi des pionniers de l'aviation de nuit les vrais héros de son temps (texte 17)
II) LES DÉSILLUSIONS DU VOYAGE
Le voyage est donc ce qui, en ouvrant sur l'ailleurs, permet à l'individu de se réaliser comme être libre et conquérant. En cela, il relève du plaisir et du loisir. Mais est-il toujours bénéfique de voyager ? Ne peut-on critiquer cette volonté de partir en vacances ? Bien avant l'instauration du tourisme de masse, ce besoin de se rendre ailleurs s'est vu remis en cause. Cependant, la démocratisation des voyages, avec le développement des industries culturelles et des loisirs, accentue la critique que nous pouvons en faire. En effet, le tourisme de masse instaure une uniformisation du monde et des modes de com- portement. Les touristes sont entassés dans des hôtels gigantesques où tout est fait pour qu'ils restent sur place et consomment (restauration, loisirs, soirées, etc.). Les voyages en avion des vacanciers participent à la mise en danger de la planète.
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