Tartuffe, Molière, acte I, scène 1

Tartuffe ou l'Imposteur est une pièce en cinq actes de Molière, représentée pour la première fois en 1664. Dans cette œuvre, Molière s'attaque aux directeurs de conscience, de faux dévots qui utilisent la religion pour manipuler les autres. La Compagnie du Saint-Sacrement, un groupe de dévots qui jugeait sévèrement la vie à la cour de Louis XIV, estime que Molière s’en prend à la religion elle-même. Elle parvient à faire censurer la pièce, qui ne sera alors jouée qu'en privé.

En quoi la scène 1 de l’acte I de Tartuffe constitue-t-elle une scène d’exposition originale qui mêle comique et mise en place de l’intrigue tout en dessinant le portrait du personnage éponyme ?

Une scène d’exposition originale

Dès la première réplique de la scène 2, le spectateur comprend que l’histoire a commencé avant le lever de rideau. Madame Pernelle est furieuse et désigne avec mépris les autres personnages. En commençant ainsi la scène d’exposition, Molière capte immédiatement l’attention du spectateur.

Madame Pernelle attaque chaque personnage, soulignant ainsi son détachement du groupe. Dans cette scène d’exposition, presque tous les personnages sont présents sur scène, à l’exception de deux figures centrales : Orgon, le père de famille manipulé, et Tartuffe, qui donne son nom à la pièce. La multiplicité des personnages permet une dynamique forte : à travers les différents portraits dressés par Madame Pernelle, le spectateur comprend les relations entre eux et les raisons du conflit. Ces portraits ont donc une valeur informative.

Présentation des personnages

• Flipotte : servante de Madame Pernelle
• Elmire : belle-fille de Madame Pernelle
• Dorine : domestique
• Damis : petit-fils de Madame Pernelle
• Mariane : petite-fille de Madame Pernelle
• Cléante : frère d'Elmire

Le personnage de Tartuffe, bien que central, est absent de cette scène. Son absence attire l’attention et crée un effet d’attente.

Une comédie de caractère incarnée par Madame Pernelle

Madame Pernelle apparaît comme une vieille femme autoritaire et désagréable. Sa manière de s’adresser aux autres est agressive, marquée par l’utilisation de nombreux impératifs. De plus, elle coupe systématiquement la parole aux autres personnages, les empêchant de s’exprimer. Son vocabulaire témoigne d’une bourgeoisie vulgaire et bien-pensante.

Elle dresse un portrait critique de chaque personnage avec lequel elle interagit. Par exemple, elle reproche à Elmire d’être dépensière et considère Damis comme un "méchant garnement". Ainsi, elle impose son point de vue et sa vision des choses.

Le ridicule du personnage de Madame Pernelle est mis en évidence par le soufflet donné à Flipote, qui clôt la scène sur une note burlesque.

La dynamique de ce passage repose sur l’opposition entre deux clans : d’un côté, l’ancienne génération, incarnée par Madame Pernelle ; de l’autre, la jeune génération, représentée par les autres personnages. Cette opposition transparaît notamment dans l’emploi des pronoms.

...