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Analyse linéaire : Feydeau, La Puce à l'oreille, 1916 Acte II scène 7

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Par   •  17 Avril 2023  •  Analyse sectorielle  •  1 396 Mots (6 Pages)  •  5 235 Vues

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Lecture linéaire n°5

Feydeau, La Puce à l'oreille, 1916

Acte II scène 7

INTRODUCTION :

La Puce à l'oreille, créée en 1907, est probablement l'une des pièces de Georges Feydeau les plus abouties, et où la scénographie, longuement décrite dans la didascalie initiale, est la plus originale. Le dispositif de « la tournette », qui permet de faire pivoter une cloison, donne ainsi lieu dans l'acte Il, à une série de coups de théâtre et de quiproquos typiques du vaudeville, genre théâtrale dont Feydeau est reconnu comme l'un des maîtres. Nous montrerons comment la scénographie est ici au cœur du vaudeville, en analysant le début de la scène 7 de l'acte II, qui met en scène les conséquences de « la tournette ». Construit en deux temps, cet extrait montre au public d'abord la réaction de Tournel, qui se retrouve face à Baptistin, puis celle de Raymonde. Après avoir analysé le face à face entre Tournel et Baptistin, nous étudierons la confusion de Raymonde.

MOUVEMENT I : LA DISPARITION DANS LE CABINET DE TOILETTE

Tournel se retrouve face à Baptistin totalement décontenancé ce que soulignent les didascalies initiales

« Affolé, ahuri, ne comprenant rien à ce qui lui arrive, pendant un bon moment il va, vient comme un écureuil en cage avec des regards effarés à droite, à gauche, au lit, au public, comme un homme qui a littéralement perdu le nord », avec des adjectifs et des groupes nominaux rendant compte de son affolement et de son incompréhension : « Affolé », « Ahuri », « regards effarés à droite, à gauche, au lit, au public ». Les compléments circonstanciels de lieu permettent de mettre en lumière non seulement l'incompréhension du personnage mais surtout un comique de situation qui participe grandement à la dimension spectaculaire de la scène (situation typique du vaudeville). L'absence de compréhension de la situation, et le désarroi sont perceptibles dans ses répliques par une suite d'exclamations (« Ah I », « Personne ! », et « Raymonde ! Raymonde ! »), et surtout de phrases interrogatives. Notez la répétition familière du pronom personnel « vous » qui accentue la surprise, et le langage relâché du fait de la surprise, ainsi que deux comparaisons : « Comme un écureuil en cage » dont on imagine aisément les mouvements désespérés et « comme un homme qui a perdu le nord », image populaire qui accentue l'extrême surprise de Tournel et qui s'accompagne d'une gestuelle comique visible par les compléments circonstanciels de temps. Nous observons par la didascalie « retrouvant sa salive », que le personnage se ressaisit malgré tout assez rapidement.

Les répliques de Baptistin sont en décalage par rapport à celles de Tournel. Elles sont fondées essentiellement sur ses douleurs, avec la répétition du terme « rhumatismes », et le lamento habituel (« entonnant son refrain coutumier »). Baptistin n'a de sens dans cette scène que parce qu'il participe pleinement à ce quiproquo. Il y a une absence de communication entre ces deux personnages : Baptistin est centré sur ses rhumatismes et ne répond pas aux questions de son interlocuteur, l'interjection familière « hein ? », montre qu'il est totalement en décalage avec ce qu'il se passe et sans doute, un peu stupide comme le laisse entendre la didascalie « l'air bien abruti ».

Nous constatons une incompréhension de Tournel qui presse Baptistin de questions. L'aparté « Personne », renforce cette absence de compréhension, mais fait apparaitre une communication avec le public qui devient complice.

Tournel s'agite tous azimuts, comme visible avec les verbes de mouvement « courant ouvrir la porte »,

« Réintègre la chambre », ou « tout en gagnant le cabinet de toilette ». Ces agitations sont notamment destinées à provoquer le rire du public, nous assistons à un dialogue de sourds. Ces didascalies servent de transition, et permettent au comique de situation de se poursuivre. Le cabinet est un lieu théâtral par excellence, et est hors-scène. De fait, le spectateur ne le voit pas mais il est fondamental à l'intrigue. Il permet le jeu de va-et-vient entre les personnages sans qu'ils ne se voient, et permet également à l'intrigue d'avancer et au spectateur d'en savoir plus que les personnages.

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