Analyse: Acte II Scène 5 On ne badine pas avec l'amour de Musset.
Mémoires Gratuits : Analyse: Acte II Scène 5 On ne badine pas avec l'amour de Musset.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar tomtomtom • 24 Mai 2013 • 2 553 Mots (11 Pages) • 35 034 Vues
Situation de la scène
Il s’agit de la scène centrale et la plus longue de la pièce. Elle réunit les deux héros : Après avoir refusé d’embrasser son cousin et de lui parler de ses souvenirs d’enfance, Camille a annoncé au baron, son père, son refus de se marier avec Perdican. Mais lorsqu’elle surprend une conversation entre Rosette et Perdican où le jeune homme ne se montre pas insensible au charme de la paysanne, Camille est piquée au vif : elle donne rendez-vous au jeune homme au bord d’une fontaine pour lui expliquer son projet de retourner au couvent et lui livrer sa conception de l’amour. Enfin, les deux protagonistes se dévoilent et se parlent. La longue attente que MUSSET a entretenue s’achève ici avec la chute des masques.
Quelle vision de l’amour MUSSET exprime-t-il à travers le personnage de Perdican ?
Lecture de l’extrait
Introduction
Au 19è siècle, le courant romantique se développe autour des illustres HUGO, BAUDELAIRE ou STENDHAL. C’est dans ce contexte qu’il convient de situer Alfred de MUSSET. En 1834 naît On ne badine pas avec l’amour alors qu’il vient de rompre avec George SAND à l’issue du voyage en Italie. Très marqué, le poète exorcise ses démons amoureux en composant cette comédie en prose qui finit mal. La pièce ne fut représentée qu’en 1861, soit quatre ans après la mort de MUSSET qui, suite à un premier échec au théâtre, avait choisi de ne plus écrire pour la scène mais pour la lecture, chose inconcevable pour l’époque.
L’étude de ce passage nous amène à nous demander quelle vision de l’amour MUSSET défend. On commencera par opposer celles des deux protagonistes présents puis on montrera quelle position adopte l’auteur.
I L’affrontement entre deux conceptions de l’amour
1) La dévotion totale de Camille à Dieu
Au couvent, Camille a fait la connaissance d’une certaine Louise qui lui a fait le récit de sa vie ; Louise est devenue religieuse après avoir été délaissée par son amant. Très touchée par son récit, Camille s’identifie à la malheureuse et vit ses malheurs par procuration. Elle se réfugie à son tour dans la religion et refuse d’expérimenter la vie par crainte de souffrir. Le couvent est une échappatoire.
Mais plus encore, le couvent est un substitut de l’amour humain car l’amour de Dieu est inconditionnel. « Vous saviez que l’eau des sources est plus constante que vos larmes, et qu’elle serait toujours là » L4-5. L’amour divin est comme l’eau d’une source, il ne se tarit jamais. L’amour humain est, lui, inconstant comme l’eau des larmes qui disparaissent puis se renouvellent. Camille accuse d’ailleurs Perdican de passer de femme en femme (« Vous voilà courbé près de moi avec des genoux qui se sont usés sur les tapis de vos maîtresses » L2-3). L’amour humain ne peut donc être durable. Pis encore, il est matérialiste. « Est-ce dont une monnaie que votre amour, pour qu’il puisse passer de mains en mains » L12-13. L’amour de Perdican est comparé à une monnaie. Mais Camille n’y accorde aucune valeur (« la plus mince pièce d’or vaut mieux que vous » L14).
Car Camille est orgueilleuse. Elle refuse de perdre ses cheveux par chagrin d’amour, pour un homme, mais accepte de les sacrifier pour Dieu puisqu’elle est contrainte de les raser pour entrer au couvent. Certes, il lui coûte de se défaire d’une part de sa féminité, la jeune fille se sent mutilée. Mais c’est pour elle l’assurance de ne pas céder à la tentation des plaisirs mondains (« la froide nonne qui coupera mes cheveux pâlira peut-être de sa mutilation ; mais ils ne se changeront pas en bagues et en chaînes pour courir les boudoirs » L17-19).
2) Le réquisitoire de Perdican contre le discours religieux (Réquisitoire = discours contenant un acte d’accusation contre qqun ou qqchose)
Perdican condamne Camille pour réciter une leçon apprise, tenir un discours qui n’est pas le sien. Mais surtout, il s’en prend aux nonnes qui ont formaté l’esprit de la jeune fille (antiphrase « elles t’ont mises dans le vrai chemin » L58) en profitant de sa jeunesse pour l’influencer (antithèse « chuchoter à une vierge des paroles de femme » L.51-52).Au lieu d’éduquer la jeune fille, les nonnes semblent s’acharner à lui inculper une vision négative de la vie. Elles sont « venues chuchoter » à l’oreille de Camille, tel un secret inavouable, un pêché. Perdican parle ainsi de « processions lugubres » L38 où des mortes semblent tenter la vivante. L’image du poison, de la contamination est très prégnante dans le discours du héros (« elles ont coloré ta pensée virginale des gouttes de leur sang » L35-36, « ces récits hideux qui t’ont empoisonnée » L61-62).
A Camille, les religieuses ont « montré avec horreur la route de leur vie » L36. Elles ne font que geindre, se plaindre. A les entendre, elles ont souffert bien plus que le Christ (champ lexical de la souffrance corporelle « blessures » L35, « gouttes de leur sang » L35, « cicatrices » L37, « plaies de Jésus » L37, « décharnés » L38). Elles paraissent abandonnées, martyrs mais sont en réalité frustrées et hypocrites. Elles médisent du monde, « représentent l’amour des hommes comme un mensonge » L49-50, tout en rêvant secrètement de passions charnelles. Aussi, si l’homme qui les a trompé revenait vers elle, elles n’hésiteraient pas à s’enfuir avec lui (« Es-tu sûre que si son mari ou son amant revenait lui tendre la main […] elle ne lui tendrait pas la sienne ? » L28-29). Leur engagement sonne faux. Aussi, si les hommes mentent auprès des femmes, les nonnes font pires en se mentant à elles-mêmes ainsi qu’à Dieu. Perdican appelle cela le « mensonge de l’amour divin » L50 et emploie le champ lexical juridique pour les condamner. « C’est un crime qu’elles font » L51 c’est pourquoi il se pose en juge de leur sort à travers une sentence lapidaire : « le ciel n’est pas pour elles » L59.
3) Le plaidoyer de Perdican pour l’amour humain (Plaidoyer = Toute défense écrire ou orale, en faveur d’une personne, d’une opinion, d’une cause).
Perdican dresse un portrait très pessimiste de la nature humaine, pleine de vices. Il le concède : Oui, les hommes sont fourbes. Mais les femmes sont loin d’être irréprochables. Par une accumulation hyperbolique, il énumère les défauts de chaque genre. Les hommes seraient ainsi
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