Le sport, une histoire dans l'histoire

 le sport une histoire dans l'histoire

 par Pierre Arnaud

 Qu'est-ce que le sport ? La détermination de ses origines tout comme sa définition pose problème. Au sens strict, le sport est une activité physique réglementée et codifiée par une instance légiférante, qui se déroule dans un temps et un espace définis en vue d'une compétition visant l'accomplissement loyal d'une performance.

Un tel sport rassemble environ 13 millions de licence, soit 23 % de la population française au sein de 27 fédérations olympiques et 71 fédérations non olympique. Alors que le premier million de licences est atteint en France en 1945, le second million l'est en 1950. L'essor du mouvement sportif associatif débute en 1960 et son explosion est postérieure aux années 70. Cependant si chaque personne précise elle-même ce qu'elle entend par Sport, les enquêtes les plus récentes révèlent que plus de 70 % de la population française se livre plus ou moins régulièrement à une activité sportive…..Ces constats témoignent de l'extrême difficulté à cerner le sport : à côté du sport de compétition existent de nombreuses manières de pratiquer le sport à des fins de loisirs, d'hygiène et de santé, ou tout simplement pour le plaisir d'être ensemble.

 Aux origines du sport

L'origine du sport est néanmoins connue : Sport vient du vieux français desports (se divertir, s'amuser) et la langue anglaise nous l'a restitué légèrement transformé. Le mot apparaît en France vers 1820 et n'est mentionné dans le Dictionnaire de l'Académie française qu'en 1878. Il désigne alors le turf, (les courses de chevaux) et les paris, le polo, la pêche et la chasse, l'escrime, le golf, le cricket, le canotage, les Bains bref un ensemble de loisirs mondain généralement pratiqué dans les stations balnéaires ou thermales proche de l'Angleterre, comme spa et Ostende en Belgique. La mode se diffuse en France via Deauville et La Rochelle. A la fin du 19e siècle, les courses automobiles, le lawn-tennis, la régate et la vélocipédie sont les loisirs ou les spectacles favoris de ces "hommes les femmes" de sport qui trouvent également dans le tourisme sportif une manière de se distinguer. Remarquons d'ailleurs que le mot (et ses dérivés) est généralement usité ou compris dans toutes les langues.

Restent les origines "historiques", trois versions s'opposent. Pour certains "de tout temps les hommes ont fait du sport". Les Grecs fondateurs des Jeux Olympiques auraient fait du sport tout comme les Perses, les Romains et les Aztèques. Plus près de nous, les tournois du Moyen-Âge, le Jeu de Paume, les jeux anglais de Rackets, le Schlagball allemand, le ruzzola italien, le tir à l'arc seraient des sports au même titre que tous les exercices physiques pratiqués à toutes les époques et en tout lieu. Bref ,le sport ferait partie de la nature humaine, il serait selon Roger Caillois une donnée permanente de l'histoire et s'inscrirait dans ce qu'il appelle des jeux d'Agon d'Alea de Minitery ou d'Ilynx.
Pour d'autres, le sport ne serait qu'une forme modernisée des anciens jeux traditionnels. Ainsi la soule serait à l'origine du rugby, le Jeu de Paume à celle du tennis le canotage à celle de l'aviron la barette (ou le Calcio) à celle du football exetera.. c

Chaque pays peut ainsi revendiquer la paternité d'un sport si l'on considère que tout exercice physique naturel et utilitaire (marcher, courir, sauter, lancer) en est l'origine. Dans ces deux conceptions, la conviction naît de la similitude des gestes ou bien du désir de rechercher une légitimité dans des origines anciennes.

 Une invention anglaise
La dernière thèse affirme que le sport moderne est né en Angleterre. Fils de la civilisation industrielle et technique de l'urbanisation et de l'essor du système éducatif, l'avènement du sport s'inscrit selon Norbert Elias dans le long procès de civilisation des mœurs et de contrôle de la violence. C'est d'ailleurs dans les établissements scolaires anglais que les éducateurs tel Thomas Arnold, codifie les jeux des étudiants turbulents avec pour objectif d'introduire le self gowernement, le respect de la règle et du fair-play ce n'est qu'une manière inédite de faire respecter la discipline par la coopération et la solidarité.
En ce sens, le sport moderne naît d'un souci pédagogique et sa pratique reste fortement attaché aux valeurs morales de l'Angleterre victorienne. C'est pourquoi sans doute , l'idéologie sportive en vente les vertus éducatives. Le sport moderne ne pouvait être que l'invention d'une société technique et industrielle, compétition et performance ne sont possibles que par la banalisation des instruments de mesure (le chronomètre).

Il y a donc dans le sport une vision moderne des rapports sociaux, reposant sur la concurrence et le libéralisme. Ce modèle de l'éducation libérale est d'ailleurs exalté par les promoteurs du sport, tels Pierre de Coubertin ou le père Didon (auquel on attribue la devise olympique Citius Altius Fortius qui voient en lui une école de liberté, de discipline librement consenti et de démocratie. D'ailleurs, si les Anglais disposent du plus grand empire colonial et de la plus grande puissance économique et industrielle du 19e siècle c'est, pensent-t-il parce qu'ils ont appris à se battre et à conquérir le monde et les marchés économiques sur les terrains de sport d' Eton de rugby, d'Oxford et de Cambridge.

La conquête de l'espace

Les Anglais ne semblent pas avoir cherché à diffuser "leur" sport à travers le monde. La grève des sports s'effectue néanmoins sur tous les continents et selon les modalités diverses : dans les capitales, les grandes villes et les ports, c'est-à-dire là où les Anglais implantent des industries et font du commerce. Par exemple, en Russie, au Danemark, en France, en Amérique du Sud, la naissance du football est attachée à la présence d'employés ou d'ingénieur anglais chargés de la construction de ligne de chemin de fer (Le Havre Athletic Club est ainsi fondé en 1872) ou des lignes de télégraphe (comme le rio Tinto ou à Lisbonne). A Lyon, la présence d'anglais pour le commerce de la soie favorise la création du Lion's de Cricket Club. A Barcelone; Marseille, Anvers, Hamboug ce sont encore des Anglais qui sont à l'origine de la création des premiers clubs sportifs, en Pologne, des clubs d'aviron, d'athlétisme et de football, de vélocipedie et de patinage sont créés à Varsovie. Cependant cet après 1903 que se multiplient les clubs (de football surtout) civils et universitaires, la Slava la Cracowia, la vista, le club sportif de Lodz. La diffusion des sports anglais dans le temps et dans l'espace ne se fait pourtant pas au même rythme : l'aviron, la course à pied, la vélocipedie, le football-rugby sont des sports athlétiques qui s'imposent le plus rapidement.
D'autres raisons explique encore cette rapide diffusion des sports : en Italie par exemple, ce sont des Suisses ou des Italiens ayant effectué leurs études en Angleterre qui à leur retour, créént les premiers clubs sportifs, (comme par exemple à Milan). Les Anglais n'ont pas toujours été à l'origine de la création des premiers clubs de sports, dans les grandes villes européennes par exemple sur les 58 clubs de football fondés en Italie entre 1892 et 1914, 4 seulement l'ont été par eux. La Juventus de Torino est fondé en 1897 par les élèves du lycée Massimo d'Azeglio grâce à l'appui d'un commerçant qui avait séjourné en Suisse. Cette anglomanie est pourtant peu contestable, ce qu'atteste les noms des plus anciens clubs de football italien tel le Genoa Cricket and Football club en 1892

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