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Rôle et condition de la femme: récit autobiographique

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Par   •  4 Février 2023  •  Dissertation  •  2 019 Mots (9 Pages)  •  265 Vues

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Rôle et condition de la femme : ANNIE ERNOUX

        Le roman autobiographique permet à l'auteur de partager son expérience mais aussi de livrer ses pensées et ses réflexions sur son époque.  De nombreux auteurs sont à l’origine de ses romans dont Annie Ernaux, écrivaine contemporaine du 20ème siècle.  

        Annie Ernaux, de son nom d’origine Annie Duchesne,  est issue d’un milieu modeste. Elle fait des études de lettres et épousera un homme issu de la petite bourgeoisie en 1964, avec qui elle a deux garçons, mais finit par divorcer quelques années après.  Elle deviendra professeure de lettres agrégées. Très tôt, elle prend conscience des écarts de milieux et cette « ascension » sociale constituera un clivage avec son milieu d’origine. Ce sera d’ailleurs un des aspects importants de son œuvre.  Son œuvre littéraire est pour l’essentiel  autobiographique. Les différents ouvrages mettent en évidence les questions des droits de la femme mais aussi de justice sociale et abordent les questions de l’intime. En 1984, elle obtient le prix Renaudot pour un de ses ouvrages à caractère autobiographique : La Place.

Le texte étudié est un extrait de La femme gelée, troisième roman publié en 1981. Dans ce livre, Annie Ernaux se base sur son expérience personnelle pour dresser un tableau de la condition féminine dans la deuxième moitié du 20ème siècle. Il s’agit d’une jeune femme qui après une enfance heureuse découvre la réalité  de la vie de couple dans les années 60.  Annie Ernaux explore dans ce roman les limites de l’émancipation de la femme dans ces années-là. Comme le dit l’auteure «  la femme gelée est l’histoire d’un couple animé de théories idéales sur l’égalité des sexes rattrapé par les conventions sociales ».

        Nous pouvons nous demander comment dans cet extrait Annie Ernaux véhicule le rôle et la condition de la femme ?

        Dans une première partie, nous mettrons en évidence une égalité conceptuelle fragile qui est dégagée de ce texte puis dans une seconde partie comment le modèle dictée par la société rattrape la réalité,  et enfin dans une dernière partie une femme en souffrance et soumise.

        

        Au début du texte une égalité est mise en évidence, mais celle-ci demeure théorique   et fragile.

        Tout d’abord, dans le premier paragraphe, Annie Ernoux nous présente l’image du couple idéal.  Les deux jeunes gens y croient. Ils sont certains d’être le « jeune couple moderno-intellectuel » et tiennent « le discours de l’égalité». Pour ce faire, l’écrivaine emploie le champ lexical de l’union. L’emploi du «nous»,  pronom personnel  qui est répété à trois reprises et «on» sont des éléments qui marquent cette solidarité, cette unité du couple. L’adverbe « ensemble » vient consolider cette idée.  De plus,  ce qui renforce cette parité  est que les deux époux ont le même niveau intellectuel et font des études tous les deux. « on travaille ensemble dans la grande salle » . Ils sont  pour ainsi dire sur un pied d’égalité.  L’apogée de cette union est mise en exergue par  deux mots redondants : « unis, pareils ».  

        Puis, le lecteur a l’  impression d’une harmonie familiale, d’un couple modèle. En effet, la phrase  « la cocotte-minute chantonne sur le gaz » dresse un tableau chaleureux, un repas simple où les membres de la famille sont heureux de dîner ensemble.  L’égalité continue d’être mise en exergue tout au long de la première partie. Le jeune couple transparaît alors aux yeux du lecteur comme un couple moderne, ayant les mêmes idées, la même éducation. Pour ce faire, l’écrivaine emploie la phrase « Je ne savais pas plus que lui préparer un repas ». Ni l’un ni l’autre n’a été prédestiné par son éducation à assumer cette tâche du quotidien.

        Enfin, un événement va marquer le début de la désillusion, de la cassure. Il s’agit de la sonnerie stridente de la cocotte-minute.   La différence entre homme et femme transparaît de manière brutale par cette notion de temps. Cette dissemblance est renforcée par le pronom personnel « moi ». En effet, les pronoms personnels « Nous » et « on » sont remplacés au profit du pronom personnel de la première personne du singulier  « moi ». Cette idée est appuyée par l’adjectif « seule» qui se substitue à l’adverbe « ensemble ». Cette notion de différence est également mis en évidence par la phrase « finie cette ressemblance ».  La narratrice entend par là que l’égalité dans le couple s’arrête à ces moments d’étude partagés. De plus, Il n’est en aucun cas question de se répartir équitablement les tâches ménagères qui toutes incombent à la jeune femme. Cette   idée  est exprimée par la narratrice dans la  « Elle avait démarré, la différence».

        Cette dissemblance va être mise en évidence dans l’extrait  par le biais de modèles dictée par la société. Le réel met fin aux rêves d’égalité faisant ressurgir les différences entre les hommes et les femmes.

        Tout d’abord, cette cassure qui marque l’inégalité entre l’homme et la femme va être mise en évidence par un élément banal de la vie courante : le repas.  En effet, ni l’un ni l’autre n’a appris à cuisiner et pourtant c’est la femme qui va se charger de ce pénible  apprentissage comme elle l’exprime par la phrase « Midi et soir, je suis seule devant les casseroles » et par une énumération d’actions «  à ma plonger dans un libre de cuisine….à éplucher les carottes….laver la vaisselle…. ».  Elle ne comprend pas la raison pour laquelle c’est elle qui se charge de cette tâche ménagère qui est exprimée par la question rhétorique « pourquoi de nous deux suis la seule…. ». Une hiérarchie se met ainsi en place dans le couple. Ce que montre Annie Ernaux est que les études et la carrière de l’homme passent avant celles de la femme.  Mais comme l’exprime la narratrice « au nom de quelle supériorité ? ».  Se met alors en place une incompréhension entre les deux jeunes gens qui était jusqu’alors unis,  résultat d’une éducation opposée.

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