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L'aide sociale à l'enfance

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Par   •  12 Août 2015  •  Fiche de lecture  •  2 379 Mots (10 Pages)  •  1 119 Vues

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Gérard Lefebvre, L’Aide sociale à l’enfance, du compassionnel au professionnel

                        L’Harmattan, 2012

  1. L’auteur et le contexte de l’ouvrage

Gérard Lefebvre est chef de service départemental de la Prévention et de la Protection de l‘enfance dans le Pas de Calais. Il intervient dans des centres de formation de travailleurs sociaux et participe à de nombreuses réflexions relevant de l’évaluation et le développement social. Il est titulaire d’un DESS « Stratégie de développement social ».

Il est l’auteur de différents ouvrages : Reconstruction identitaire et insertion (1988), Récit d’adoption : du désert à la source (2008), Quelques considérations sur l’attente (2010), chemins du silence (2013). Un de ces ouvrages a retenu mon attention, récit d’adoption, puisqu’il expose sa vie personnelle. L’auteur a été adopté à l’âge de six ans et a attendu sa cinquantième année, le décès de sa mère adoptive,  pour découvrir son dossier administratif et retrouve de ce fait, sa mère biologique.

L’ouvrage en question dans cette fiche de lecture est paru en 2012. Il s’inscrit dans un souci de réflexion sur l’histoire du droit des enfants et de son lien avec la création de la protection de l’enfance. L’auteur constate et analyse les principes du travail social. Il propose sa vision de l’avenir de ces métiers.

  1. le contenu

Le thème de l’ouvrage est l’Aide sociale à l’enfance. Selon l’auteur, l’Aide sociale à l’enfance est un ensemble de droits, de relations humaines, de processus, de responsabilité, de réciprocités, d’argent et de chiffre. Le but est d’avancer ensemble pour le bien d’un enfant. La thèse développée est de comprendre les mécanismes et les phénomènes qui incitent les travailleurs sociaux au changement au sein de l’Aide sociale à l’enfance alors qu’un ensemble de stabilités est toujours persistant.  

L’auteur analyse l’évolution de la place de l’enfant en lien avec la protection de l’enfance, puis étudie les paradigmes et l’évolution des métiers avant d’envisager les constats et les perspectives.

  1. L’enfance : une destinée puis un droit

Dans la première partie de son ouvrage, Gérard Lefebvre fait découvrir le cheminement de l’Aide sociale à l’enfance à travers l’histoire de l’enfant de l’antiquité à aujourd’hui. Le destin de l’enfant est déterminé par l’abandon de la part de ses parents. L’attention qui lui est portée fut au départ par un sentiment de compassion de l’Eglise face à ces nombreux abandons en vue de pourvoir à leur éducation.

Au 16ème siècle, c’est la fin du dispositif où l’Eglise assume seule la protection de l’enfant. Face à la lutte contre la pauvreté, l’autorité civile prend sa place. En 1546, La Protection de l’Enfance nait officiellement ainsi que les futures visiteuses d’enfants comme par exemple à « L’hôtel Dieu de Paris ». Vincent de Paul fonde les hospices pour accueillir les enfants abandonnés.  Puis émerge la création du métier de « nourrice » et celui de « recteur » qui est chargé du suivi et du contrôle des enfants trouvés (ancêtre des visiteuses et plus tard des travailleurs sociaux référents de l’ASE). La Révolution détruira les hospices d’enfants trouvés. La création des tours d’abandon apparaissent, puis sont abolis en 1904 mais encore utilisé aujourd’hui dans d’autres pays tels que l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique…

Le 19ème siècle est marqué par l’évolution de l’intérêt de l’enfant qui trouve son origine dans le droit du travail puisque des lois naissent pour interdire le travail des enfants. Elle sera appuyée par la loi de 1881 qui institue l’enseignement primaire laïc et gratuit (loi Jules Ferry). L’école permettra à ces enfants de profiter de leur jeunesse et permettra les débuts de leur émancipation.

En 1889, grâce à la loi « Roussel », la société reconnaît les enfants maltraités. A cette époque, la justice est soucieuse de distinguer les enfants victimes des enfants coupables. Cela dure encore aujourd’hui entre le civil et le pénal.  

Il décrit aussi en parallèle de l’évolution de l’enfant, l’amélioration du sort des femmes, des mères, de leur place dans la société. Depuis l’antiquité, l’homme détient la puissance paternelle sur sa femme, ses enfants. Elle traverse les époques, et c’est en 1970 qu’elle sera remplacée par l’autorité parentale. La disparition récente de ce « pater familias » atteste de la difficulté à conquérir une place de parents dans un système familial.

Au 20ème siècle, les professionnels organisent les orientations « sanctions » puisque les enfants sont séparés de leur famille. On ne parle pas de collaboration, les compétences des familles sont occultées. Après l’assistance publique, les DDASS apparaissent au milieu du 20ème siècle. Un Etat « rapteur » qui reste aujourd’hui dans les mœurs.  Puis, les premières lois de décentralisation sont mises en place. Les droits de l’enfant émergent progressivement qui conduiront à la Convention Internationale des droits de l’enfant en 1989.

L’ASE s’inscrit dans une dynamique de prévention et d’aide à la famille. Les décès d’enfants maltraités, l’enfant du placard conduisent l’instauration de la loi de Juillet 1989 de lutte contre les maltraitances ; obligation de signalement, de formation et de mettre en place des mesures de prévention. Le statut de l’usager  est reconnu et sa prise en compte est réelle dans l’organisation des réponses et des propositions.

On retrouve la notion de collaboration dans le texte de rénovation de la protection de l’enfance de Mars 2007.

  1. Paradigmes et évolutions des métiers

Dans cette partie, Gérard Lefebvre évoque deux paradigmes : le premier qui sert de fondements aux différents métiers de l’ASE est la charité et la compassion qui s’impose d’abord à l’Eglise, puis à l’Etat qui prendra le relais à partir du 12ème jusqu’au milieu du 20ème. Il met en évidence trois aspects : une attention quasi exclusive vers l’enfant, une logique de substitution à la famille absente en créant des lieux d’accueil et le concept de l’éloignement comme une nécessité. Les métiers du social s’inscrivent donc dans cette logique de substitution.

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