La danse, une discipline adaptée ou non à une population "hors norme"?

A l’heure du « Hura Tapairu », que nous associons bien souvent à la beauté féminine et en appui de vos connaissances théoriques : pensez-vous que cette discipline puisse être adaptée à cette population « hors norme » ?

De plus, tout comme l’exposition photo : « Être beau » ; pensez-vous que cette discipline puisse faire évoluer les représentations sur les notions de « déficience », « d’inadaptation » ou encore de « handicap » ?

L’étymologie des mots tahitiens « Hura » signifie danse ancienne et « Tapairu » signifie des jeunes filles qui étaient au service de la reine et qui étaient choisies pour leur excellence dans tous les domaines notamment au niveau de l’expression artistique. En outre le « Hura Tapairu » est un spectacle où l’élégance, l’originalité et la beauté riment avec l’exigence.

Par définition, le « Hura Tapairu » est un concours de danse, une discipline qui rassemble son lot de passionnés tant au niveau du Pays qu’à l’international et qui a pour objectif, s’il reste avant tout le plaisir, n’en est pas moins l’excellence. Un concours en deux mots donc pour deux intentions : Hura pour la tradition et Tapairu pour la grâce et l’originalité. Un duo qui se résume à lui seul l’émotion qui se dégage des spectacles d’une rare beauté de ce concours de danse. (dixit huratapairu.com)

Le danseur à l’extrême virtuosité, à la technique extraordinaire, devient ainsi par exemple une figure idéale à égaler. Si ici sa différence n’apparaît pas comme un stigmate (et donc un motif de jugement a priori négatif de l’individu) c’est bien qu’elle n’est pas considérée comme une entrave mais comme une augmentation des capacités et des forces. Ainsi si un danseur considéré « hors norme » du fait de son exceptionnelle technique est jugé de façon positive et un danseur considéré « hors norme » du fait de son handicap est jugé avec compassion ou négativement, c’est que l’un a façonné son corps en vue de son perfectionnement jusqu’à développer un corps ultra-performant tandis que l’autre, dans nos représentations, subit un corps inné dont il ne peut se défaire.

Ainsi, nous allons tenter de voir si cette discipline peut être adaptée à cette population dite « hors norme » et si elle peut également faire évoluer les représentations sur les notions de « déficience », « d’inadaptation » ou encore de « handicap ».

Pour cela, nous vous proposons, dans un premier temps, de parler de la stigmatisation du « hors norme », ensuite de montrer comment cette population « hors norme » est-elle perçue dans l’univers de la danse telle que le « Hura Tapairu » et pour conclure nous poursuivrons par un exemple relatif à la discipline qu’est la danse et les représentations sur les notions de déficience, d’inadaptation et de handicap.

Choisir de parler de « hors norme » ou d’« anormalité », n’est pas anodin. Chacune de ces expressions renvoie à un positionnement particulier vis-à-vis de la norme et à une conception spécifique du rapport d’exclusion qu’elle entretient avec elle. Ainsi, l’expression « hors norme » porte en elle l’idée d’une limite, claire (mais franchissable), entre ce qui correspond à la norme et ce qui en est exclu tandis que « anormal » véhicule l’idée d’une inhérente et constitutive opposition

...