L'identité réelle Peut-elle Se Confondre Avec L'identité Numérique

Lorsqu’une personne décide de créer ou d’entretenir une relation sociale sur Internet, celui-ci effectue un choix, consciemment ou non, celui de se mettre en avant face à un public, exposant ainsi son identité. L’internaute doit alors décider quels aspects de son identité il souhaite mettre en avant, lesquels il désire cacher à leurs yeux. Cette version de l’identité de l’individu est aujourd’hui couramment appelée « identité numérique ». Une question se pose alors : existe-t-il des écarts suffisamment notables entre cette identité et l’identité réelle permettant une différenciation nette entre ces deux concepts ?

Si l’identité numérique n’est pas un concept évident pour tout le monde, ce n’est pas le cas de celui de l’identité réelle. Si l’on pose la question à un individu lambda, sa réponse sera constituée d’éléments tels que l’état civil, le physique, l’expérience, en fait tout ce qui désigne une personne plutôt qu’une autre, ce qui la rend unique. Alors que l’identité numérique, phénomène encore peu concret pour une partie de la population, se réfère aux informations concernant l’internaute qu’il va mettre à disposition en ligne. Il peut donc choisir de présenter des informations relatives à son identité réelle, comme son prénom et son nom, mais, par convention, il est à même de choisir un « pseudo », prénom virtuel désignant cet individu. Les réseaux sociaux permettent aussi le choix d’une image, appelée « avatar » qui représente la personne. Si l’on choisit l’exemple des jeux vidéo, plateforme où le développement des relations sociales est admis aujourd’hui, comme l’affirment les sociologues Claire Bidard, Alain Degenne et Michel Grossetti dans leur essai La Vie en réseau, le joueur a la possibilité de se réinventer une identité complète. Par expérience, je suis à même de prétendre que celui-ci peut faire un choix qui risque, de manière plus ou moins importante, de le différencier de son identité réelle. En effet, il n’est pas rare de rencontrer des joueurs alternant complètement leur identité en profitant de l’anonymat. Ainsi l’elfe répondant au doux nom d’Arwen n’est pas forcément la demoiselle qu’elle prétend être. Il peut tout à fait s’agir d’un homme. Ce phénomène ne s’applique, bien sûr, pas à tous les joueurs (et internautes par extension), ceux-ci faisant plutôt le choix de partir d’une base réelle. Leurs choix s’orienteront cependant vers un ou plusieurs aspects qu’ils souhaitent mettre en avant, les jugeant plus gratifiant. Il n’est pas rare de rencontrer des personnes qui profitent des réseaux sociaux pour dévoiler des traits de caractère, des passions qu’ils n’ont pas su exposer dans leur vie réelle.

On comprend alors que l’identité numérique peut être différente de l’identité réelle mais cela provient du choix qu’aura effectué l’individu. On remarque cependant que, malgré ces choix, l’identité réelle et l’identité numérique sont liées. Premièrement, toutes les informations mises en ligne par l’individu proviennent du choix réalisé en fonction de sa personnalité et sont donc liées à son identité réelle. Deuxièmement, le monde virtuel ne s’oppose en rien au monde réel. Au contraire, comme Thomas Jamet s’essaye à l’expliquer dans son essai Ren@issance mythologique, le virtuel est le prolongement

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