L'usure Professionnelle

PASCAL HENNEQUIN/CONSULTANT

Brunenc

81570 Vielmur sur Agout

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L’USURE PROFESSIONNELLE

Être usé en équipe, c’est ne plus parler, être devenu silencieux devant des interlocuteurs qui ne peuvent plus être disposés à vous écouter.

Une définition a priori de l’usure professionnelle, est de situer cette notion par rapport à celles de stress, de stress chronique, de fatigue, d’épuisement professionnel, de burn-out, de risques psycho-sociaux (RPS) ou encore de "charge mentale".

RPS : ensemble de risques visant l'intégrité psychique (et physique par voie de conséquence) des sujets impliqués dans une relation de travail comportant un élément de dépendance. Ces risques naissent à la rencontre du sujet, du collectif et de l'organisation (comprenant la clientèle).

Une fois déclenchés les RPS sont récursifs (se génèrent eux-mêmes) et se génèrent entre eux, ils peuvent être à la fois cause et conséquence, et ne répondent pas à un schéma causaliste ou déterministe (une cause un effet), mais à une logique transactionnelle beaucoup plus complexe.

Catégories de RPS :

1°) stress (ou plutôt "sur-stress"),

2°) conflits (sains versus malsains),

3°) souffrance mentale (ou plutôt "mal-être"),

4°) violences, agressions (internes ou externes),

5°) harcèlement (moral et/ou sexuel),

6°) burn-out ou épuisement professionnel.

La direction, des membres du CHSCT, le médecin du travail, le contrôleur de la CRAM, l'inspecteur du travail peuvent identifier une augmentation des cas de dépression, de TMS, de nombre d'accidents, de malfaçons ou de dégradation du climat social : ces indicateurs dégradés peuvent révéler la présence de stress au travail. Les cas de harcèlement moral avérés et de suicides exigent une intervention immédiate mais doivent s'accompagner d'actions de prévention à la source. (INRS, 2004 et 2007)

Les résultats provisoires du programme Samotrace de l’Institut national de veille sanitaire (INVS) sur les métiers de la santé et de l'action sociale présentent la prévalence des différents indicateurs d'usure professionnelle par sexe:

- Salariés déclarant que leur formation n'est pas en adéquation avec leur emploi : env. 25% des femmes et 35 % des hommes

-Salariés déclarant avoir été victimes d'intimidations, menaces ou humiliations : env. 27% des hommes et 13% des femmes

-Salariés exposés à une forte demande psychologique : env. 54% des femmes et 56 % des hommes

-Salariés exposés à une faible latitude décisionnelle : env. 55% hommes et femmes confondus

-Salariés exposés au faible soutien social : environ 30% des hommes et 47% des femmes

-Consommation de médicaments psychotropes : environ 9% des hommes et 11% des femmes

-Détresse psychique : environ 26% des hommes et 32% des femmes.

On peut remarquer que l’usure professionnelle est au carrefour de quatre composantes indissociables :

1. la réalité des handicaps chroniques chez l’adulte,

2. une professionnalité mise à forte contribution quant à ses pratiques et ses compétences,

3. un environnement institutionnel marqué par une difficulté à trouver de la part des collègues et des cadres la confiance nécessaire à tout travail,

4. un narcissisme personnel qui voudrait que je sois fier de faire ce que je fais et que, d’une certaine façon, je me réalise dans ma profession.

Les grandes composantes de l’usure professionnelle :

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Une enquête conduite auprès de personnels d’encadrement de Foyer de vie pour adultes handicapés proposait à chacun de classer dans un ordre décroissant de 10 à 1 les principales causes d’une éventuelle usure professionnelle.

1 la fatigue mentale du personnel (6,8),

2 la lourdeur de la prise en charge globale du handicap (6,5),

3 la fatigue physique (6,3),

4 l’absence de progrès (5,6),

5 la non reconnaissance professionnelle (5,6).

A partir de ces indications, et en les recoupant avec d’autres informations recueillies auprès d’équipes de MAS ou de foyers d’hébergement, nous observons que :

1 L’usure professionnelle liée à la difficulté de la prise en charge de l’adulte handicapé (physique et psychique),

2 L’usure liée aux représentations de ses qualifications : à quoi sert ce que je sais,

3 L’usure qui prend sa source dans les difficultés du travail d’équipe, dans les déceptions venant d’un manque de reconnaissance par ses collègues et la hiérarchie de l’établissement, Le manque de reconnaissance renvoie le professionnel à une triple question :

 le directeur connaît-il bien la difficulté de mon travail ?

 les cadres savent-ils ce qu’est le quotidien de l’accompagnement d’adultes handicapés ?

 les collègues pourraient-ils faire mieux que moi quand je m’affronte à des conflits, des agressions, des violences, des séductions ...?

4 L’usure qui marque la fatigue (différence entre fatigue et usure) de la personne, fatigue physique et mentale.

Travail en équipe :

L’équipe est présentée d’une part comme outil indispensable. Elle apporte sécurité et entend répondre au défi d’une prise en charge complexe de handicaps complexes. Elle est représentée dans sa

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