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La Beauté Sauvera T-elle Le Monde

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Par   •  13 Mars 2015  •  1 653 Mots (7 Pages)  •  2 762 Vues

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« LA BEAUTE SAUVERA-T-ELLE LE MONDE ? »

Le tableau de Rembrandt, Le Boeuf écorché, montre la force de l’art dans sa capacité à

transformer la laideur en beauté et à sublimer ainsi la réalité.

La beauté est une notion difficile à appréhender puisque sa définition même fait l’objet

de débats entre les auteurs. Dans son sens commun, la beauté désigne le plaisir esthétique

produit chez un individu par ce qui lui plaît. Ainsi, telle musique ou tel paysage peut être

considéré comme étant beau. De même, la beauté peut qualifier une action. C’est ainsi qu’il

est possible de parler de « beauté du geste ». La beauté serait alors un sentiment subjectif,

propre à chacun. Or, cette notion a également été envisagée dans sa dimension objective

puisque selon le philosophe Emmanuel Kant, le Beau est « ce qui plaît universellement sans

concept » (Critique de la faculté de juger). Dans cette perspective, décréter par exemple la

beauté d’un objet serait l’expression d’un sentiment individuel exprimé toutefois sous un

horizon universel. Dans cette acception, la beauté possède une portée universelle qui

transcende les clivages nationaux ou culturels.

C’est pourquoi il semble tentant de rechercher le salut de l’humanité dans la beauté, au

moment où les Etats peinent à trouver des solutions communes aux enjeux globaux tels que le

réchauffement climatique ou la régulation économique. Le « village planétaire » (Mac Luhan)

qu’est aujourd’hui le monde moderne, se trouve confronté à de nombreux défis et ce, à

l’échelle internationale.

Toutefois, se poser la question de savoir si la beauté sauvera le monde paraît a priori

surprenante. En effet, dans une époque dominée par des valeurs utilitaristes et individualistes,

comment la beauté peut-elle s’imposer comme une puissance salvatrice, a fortiori dans un

monde en proie au doute et au sentiment de déclin ?

Face à un monde qui se perçoit en crise, la beauté ne semble pas incarner la condition

du salut (I). Toutefois, la beauté, si elle est doublée d’une démarche pragmatique, est douée

d’une indéniable puissance mobilisatrice, condition nécessaire du changement (II).

I – L’incapacité de la beauté à sauver seule le monde

Dans un monde en crise de confiance et en crise de conscience (A), la beauté constitue

un remède vain (B).

A - Un monde en crise de confiance et en crise de conscience

Le vingtième siècle semble avoir écrit les pages les plus sombres de son histoire. Les

deux guerres mondiales ont montré la capacité de l’homme à s’autodétruire dont le

bombardement de la ville japonaise Hiroshima est symptomatique, tout comme l’horreur du

nazisme et des camps de concentration, racontée par Primo Levi dans Si c’est un homme ou

J. Semprun dans L’Ecriture ou la vie. Après ces deux épisodes traumatiques, il semble alors

difficile de croire encore en la beauté que porte en elle l’humanité.

De plus, la foi dans le progrès initiée par le siècle des Lumières a laissé place à un

sentiment de peur, face aux excès de la science. En 1943, Camus a ainsi pu écrire que « Le

XVIIème siècle a été le siècle des mathématiques, le XVIIIème siècle, celui de la physique, le

XIXème siècle, celui de la biologie. Le XXème siècle est le siècle de la peur ». Le monde vit

à présent dans un monde où pèse le risque et où l’insécurité est devenue collective et

multiforme (terrorisme, risque sanitaire, économique, social).

De plus, les atteintes à l’environnement menacent la pérennité de l’homme sur terre.

Pour la première fois, le GIEC, qui a récemment reçu le prix Nobel de la paix, parle à cet

égard, de conséquences « irréversibles ». L’épuisement progressif des ressources non

renouvelables semble inconciliable avec le rythme actuel de développement des sociétés

modernes, comme le rappelle le rapport Brundtland de 1987.

Le monde semble donc aujourd’hui en proie à une crise profonde et généralisée,

accrue par le traumatisme provoqué par le sombre tableau des génocides. C’est la raison pour

laquelle la conscience internationale s’accorde sur la nécessité de trouver une issue pour

l’avenir. Cependant, si le salut par la beauté est une idée séduisante, elle ne paraît pas, a

priori, être un remède tangible.

B - La beauté, un remède vain

La beauté semble un remède vain pour sortir durablement le monde de sa crise

actuelle.

La beauté est un sentiment esthétique. Elle apparaît donc comme désintéressée et se

suffisant à elle-même. Elle semble ainsi en contradiction avec un monde dominé par la

recherche du profit selon Serge Latouche (« l’omnimarchandisation du monde ») et le culte de

la performance. La beauté ne saurait donc

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