J.de Maistre : "L'homme n'est pas créé pour l'époque"
Analyse sectorielle : J.de Maistre : "L'homme n'est pas créé pour l'époque". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar darius1402 • 21 Janvier 2015 • Analyse sectorielle • 1 400 Mots (6 Pages) • 752 Vues
Corrigé de dissertation
Sujet : J.de Maistre : «L’homme n’est pas fait pour le temps».
Compréhension du sujet: il énonce une radicale incompatibilité entre ce que nous sommes et le temps.
On n’oublie pas qu’il faut envisager le temps dans sa triple dimension (passé, présent, futur donc), on aurait absolument tort de le limiter au seul présent. C’est d’autant plus nécessaire qu’on voit mal comment on ne pourrait se situer que dans le seul présent; naturellement nous sommes voués à nous projeter dans l’avenir, à tenir compte du passé. C’est ce que nous apprend au quotidien la langue que nous parlons à travers laquelle nous ne cessons de nous situer dans le temps.
Une remarque qui permettrait peut-être de lancer la réflexion de façon simple: on fête son anniversaire , donc tous les ans. C’est dire qu’il est institué – mais ce n’est pas le cas de tous les peuples- qu’on inscrit la vie de chacun dans le temps, et que l’absence de rituel de passage d’un âge à l’autre dans notre société, comme cela est le cas chez certains peuples, n’en est pas moins ainsi en partie compensée. Ces quelques remarques disent, à mon sens, la gêne que peut provoquer ce propos de de Maistre, largement influencé par l’idée de la mort, idée toute romantique dans le sens où l’écoulement du temps est vécu comme irréversible et menant nécessairement à la déchéance et à la mort de chacun. Il ne devrait pas être bien dur d’envisager la mise en cause de cette opinion.
Problématique : est-il pertinent – ou avisé- d’envisager la relation de l’homme avec le temps sous l’angle de la radicale incompatibilité?
I- Une figure de l’adversité, le temps.
1- le temps: figure de l’irréversible.
l’homme est démuni face à lui, de toute façon tout lui est soumis, l’homme est impuissant face à son écoulement, face à son flux. Importance de l’image de l’eau – on figure cette radicale abstraction à travers ces termes de flux, écoulement – qui rappelle son caractère insaisissable.
Miss Dalloway: titre prévu initialement Les Heures, illustré par la mention répétée des heures sonnant à Big Ben. Cl. entendant la sonnerie de trois heures est surprise par l’écoulement du temps, elle perçoit la différence entre le temps physique et le temps de sa propre perception, le temps vécu. Elle n’a pas conscience que l’heure a passé si vite. L’image des «cercles de plomb » désignant l’action du temps est représentative de pareille conception du temps.
2- figure de l’irrémédiable :
sentiment de la perte de ce qui a été, de sa disparition est fort.
Sentiment qu’a le narrateur de Sylvie : découvre qu’il lui est impossible de faire revenir les jours anciens, certes il retrouve Sylvie, mais leur relation évolue au fil de leurs rencontres, elle se montre amoureuse voire entreprenante – épisode de Chaâlis chez la tante- puis se destine à une autre relation que celle qu’elle souhaitait ave le narrateur. Prise de conscience que le temps passé ne peut renaître que dans ses souvenirs. C’est ce qu’il note à travers les notations finales du chap. 14 : «Tout cela a bien changé » ou «vous n’avez rien gardé de tout ce passé!».
3- figure tragique:
la certitude de la mort. Idée qui renvoie l’homme à l’idée de son néant. L’idée est très romantique ou chrétienne, les deux n’étant pas incompatibles .
Seul le personnage de Clarissa l’évoque au moment où il lui est parlé du suicide d’un inconnu, Septimus. Elle se sent proche de lui.
Transition: La vie humaine est profondément affectée par le temps, par le fait qu’il est incontournable pour l’homme et le ramène à des idées qui peuvent être funestes. Cependant de Maistre ne fait-il pas fausse route? Certes, il comprend le temps objectif en percevant que l’homme ne peut rien contre son écoulement, mais la conclusion qu’il en tire ne nous conduit-elle pas à une impasse philosophique ?
II- Failles de pareille pensée.
1- Distinction entre temps objectif et temps vécu à faire.
De Maistre ne fait pas de distinction entre temps physique et temps vécu c’est-à-dire la perception qu’on a de ce temps. Or celle-ci ne s’impose en rien à l’esprit humain puisqu’il lui appartient de se la forger, et puisque c’est une donnée éminemment subjective, chacun s’en fera une idée personnelle.
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