Relations entre la société réunionnaise et la capitale France
Commentaire de texte : Relations entre la société réunionnaise et la capitale France. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar gaelle97438 • 31 Mars 2014 • Commentaire de texte • 997 Mots (4 Pages) • 816 Vues
Dès l’origine de sa constitution, la société réunionnaise a connu plusieurs dynamiques culturelles reliées entre elles. Les différentes composantes de la population ont été sujettes, à des degrés divers, à des processus juxtaposés d’assimilation, de métissage et de reformulations culturelles. Ces processus, toujours actuels, mettent en jeu la question du pouvoir, de ses modes d’expression, de ses contestations et de ses manipulations. La relation complexe entre la société réunionnaise et la France métropolitaine produit des attitudes et des mouvements originaux, mais aussi prévisibles, faisant de la Réunion un laboratoire et un témoin du monde contemporain. Je me propose dans cet essai de revenir sur les principaux enjeux culturels et politiques dans l’île et dans sa relation avec la métropole.
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Sur la base d’un terrain de huit années dans l’île (les séjours s’étalant de 1982 à 2001), pendant lequel mes recherches sont passées de l’étude des situations sociales dans un village des hauts de l’île à des investigations plus détaillées sur le système de représentation et de pratiques des originaires de l’Inde du sud, ce texte offre des réflexions plus générales sur la société réunionnaise. Il se présente en trois parties qui correspondent à mon sens aux trois grandes forces conjointes, en relation et en tension constante les unes avec les autres, qui ont toujours été et restent à œuvre dans l’île : acculturation, créolisation et réinventions culturelles. Si l’acculturation suppose la mise en présence d’au moins deux systèmes et modèles culturels dont l’un s’impose à l’autre, la créolisation suggère au contraire un mélange de modèles culturels aboutissant à un compromis de ceux-ci dans une nouvelle forme plus ou moins syncrétique. La réinvention culturelle manipule quant à elle les modèles imposés et ceux nés du contact forcé pour produire, souvent explicitement, de nouvelles significations sociales. Aucune de ces dynamiques ne peut à elle seule rendre compte de façon pertinente des processus sociaux en jeu dans l’île. En effet, ces trois processus, constitutifs de la complexité actuelle de la société réunionnaise, catalysent ensemble des enjeux sociaux, culturels, politiques, économiques et religieux, ainsi que des représentations existentielles de soi et de sa place dans la société locale, en métropole et dans le monde. L’angle de l’intégration et de l’assimilation pure et simple des modèles français, tout comme celui du total métissage créateur de nouveauté et d’innovation sont en soi insuffisants pour une anthropologie de la Réunion, leur évocation exclusive relevant avant tout d’un positionnement idéologique. La combinaison de ces trois dynamiques s’impose donc, même si par commodité narrative j’ai choisi de les traiter dans trois parties distinctes. Mais revenons d’abord sur l’émergence de la société réunionnaise.
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La notion d’« indigénéité », associée à celle de populations relativement homogènes avant les contacts avec l’« Occident » (quel qu’il soit) est passablement problématisée en anthropologie avec les réflexions déconstructionnistes sur la production de l’altérité (dont l’enjeu principal était finalement de parler d’abord de soi). Certaines sociétés connaissent toutefois plus de diversité interne que d’autres, voire sont constituées sur la base de l’hétérogénéité culturelle.
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