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Le numérique peut-il améliorer la démocratie?

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Par   •  2 Mars 2017  •  Dissertation  •  4 800 Mots (20 Pages)  •  1 304 Vues

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Le numérique peut-il améliorer la démocratie ?

Le numérique est une notion difficilement définissable. Plusieurs auteurs ont tenté de le définir et l’ont caractérisé de la manière suivante : un système technique pour Bertrand Gille (historien), un vecteur de communication selon Roman Jakobson (linguiste du XXème siècle) et un dispositif pour Michel Foucault (philosophe français). Les chercheurs en sciences de l’information et de la communication le nomment également « digital ». L’évolution des techniques a permis une « révolution numérique » qui a engendré notamment la création d’Internet. Ce dernier se définit comme un « réseau des réseaux à l’échelle mondiale qui effectue l’interconnexion d’un grand nombre de réseaux internationaux, régionaux et locaux, tous basés sur un jeu de protocoles commun à savoir TCP/IP »1. Élaboré au cours du 20èmesiècle, après la 2nde Guerre Mondiale, il n’a cessé de se développer depuis. En 1992, un million d'ordinateurs était connecté, douze ans plus tard, la barre du milliard était franchie.2 Ignacio Ramonet (sémiologue et journaliste), qualifie Internet de « 5ème pouvoir », où l’opinion publique y joue un rôle plus important que les quatre précédents pouvoirs (les trois pouvoirs régaliens et les médias de masse). Il indique que « les utilisateurs d'Internet collaborent jusqu'à former un puissant moteur de débat et de militantisme démocratiques »3. Internet est donc un espace démocratique où chacun peut donner son avis.

Selon la définition du Larousse du XXe siècle, la démocratie « consiste dans l'exercice, soit direct, soit indirect, du pouvoir par le peuple. Cette organisation politique implique un état social caractérisé par le fait que tous sont égaux devant la loi, que tous possèdent les mêmes droits. Les fonctions sont accessibles à tous, (…) les citoyens devant être appelés à la vie intellectuelle et morale, et de plus en plus mis en état d'exercer, d'une façon efficace et raisonnée, la part de pouvoir qui leur est attribuée, l'État démocratique a l'obligation d'instituer des œuvres d'instruction et d'éducation, et des œuvres de solidarité. Le régime démocratique a pour instrument le suffrage universel et pour cadre plus particulièrement appropriée la forme républicaine ».

Le terme de démocratie est ancien, dès la Grèce Antique nous pouvons retrouver des traces de celle-ci, avec notamment l’Agora (place publique où avait lieu les débats). L’Agora athénienne est la forme démocratique qui se rapproche le plus de l’Agora numérique actuelle. Nous pouvons retrouver différents points communs entre l’Agora athénienne et l’Agora numérique.

Tout d’abord il y a l’égalité politique et l'amateurisme. Dans l'Agora athénienne, tous les citoyens parlent au nom de tous les citoyens pour tous les citoyens. C’est le symbole du démoscratos mais c’est une oligarchie déguisée. En comparaison avec l’Agora numérique, tous les citoyens peuvent s'exprimer de manière légale lorsqu'ils ont internet. Cependant, avec la fracture numérique, une partie des citoyens se retrouve donc exclue. Ensuite, il y a une qualité d'argumentation qui est requise. En effet, tout le monde ne s'exprime pas, seulement ceux qui savent parler et qui en ont l’habitude. Nous pouvons retrouver cette similitude sur Internet, où la plupart des internautes se contentent de lire et n’expriment pas leurs avis. De plus, s’exprimer dans l’Agora athénienne nécessitait d’avoir du temps. Les riches qui avaient des esclaves étaient donc les seuls à avoir la possibilité de s’occuper de la vie de la cité. En comparaison avec l’Agora numérique, les gens, qui s’expriment et qui participent au débat, sont ceux qui ont le temps de le faire.

Le philosophe antique Platon évoque également la démocratie avec l’exemple de l’allégorie de la caverne. Il insiste sur l’attachement des prisonniers à leurs chaînes et leur caverne et explique que lorsqu’on a passé du temps dans l'ombre, dans une fausseté qui nous paraît vraie, il est difficile d'aller vers la lumière, d'accepter les choses. Par exemple, même lorsque les gens savent qu'ils sont dans le faux, il leur est difficile de changer leurs pensées. Au contraire, les gens qui vont être actifs sur la Toile sont des gens qui prennent de leur temps, de leur énergie, de leur bon vouloir.

Au cours de l’histoire, différentes dates ont permis de mettre en place cette notion de démocratie. En 1789, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen introduit la notion de liberté d’expression des pensées et des opinions permettant à chacun de pouvoir s’exprimer sur le sujet qu’il souhaite. Lors de la Révolution française, un phénomène similaire au journalisme participatif s'était constitué, avec notamment les « journalistes-écrivains-patriotes ». Cent ans plus tard, le 29 juillet 1881, une loi sur la liberté de la presse était ratifiée encadrant ainsi les droits des journalistes.

James Bryce (juriste, historien et homme politique) explique que « toutes les démocraties occidentales sont amenées à passer par des phases ». Pour lui, ces phases sont au nombre de quatre. Premièrement, tous les sujets obéissent, l’opinion publique est ainsi passive. Ensuite, il explique que la société prend conscience que ses gouvernants pratiquent la manipulation, c’est donc le temps révolutionnaire. Par la suite il y a le temps des élections ; et enfin il y a la phase de détermination qui signifie que la majorité des citoyens sont déterminés à reconstituer un pays sans le faire passer par le processus d'élection.4

« Internet contrairement à la radio ou la télévision, met en situation d’égalité l’émetteur et le récepteur, c’est donc à première vue l’outil idéal pour une démocratie participative où le citoyen pourrait intervenir très régulièrement dans le débat public »5 explique Patrice Flichy, professeur de sociologie. Pour V. Le Hay (docteure en sociologie), T. Vedel (chercheur au CNRS), et F. Chanvril (statisticienne), Internet est devenu le « nouveau média d'opinion » par sa multitude d'espaces et de formes d'expressions.6 En effet, de nombreux outils permettent aux internautes de pouvoir communiquer et échanger leurs idées, opinions ou mécontentements, et ainsi favoriser la liberté d’expression de tous. Sur la Toile, les internautes ne communiquent pas tous de la même façon. L’institut Forrester Research a défini six catégories d’utilisateurs en 2007 :

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