L'office De La Loi
Thèse : L'office De La Loi. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 2 Novembre 2013 • Thèse • 321 Mots (2 Pages) • 953 Vues
D'ailleurs, comment enchaîner l'action du temps? Comment s'opposer au cours des
événements, ou à la pente insensible des moeurs? Comment connaître et calculer d'avance ce
que l'expérience seule peut nous révéler? La prévoyance peut-elle jamais s'étendre à des
objets que la pensée ne peut atteindre?
Un code, quelque complet qu'il puisse paraître, n'est pas plutôt achevé, que mille questions
inattendues viennent s'offrir au magistrat. Car les lois, une fois rédigées, demeurent telles
qu'elles ont été écrites. Les hommes, au contraire, ne se reposent jamais ; ils agissent
toujours : et ce mouvement, qui ne s'arrête pas, et dont les effets sont diversement modifiés
par les circonstances, produit, à chaque instant, quelque combinaison nouvelle, quelque
nouveau fait, quelque résultat nouveau.
Une foule de choses sont donc nécessairement abandonnées à l'empire de l'usage, à la
discussion des hommes instruits, à l'arbitrage des juges.
L'office de la loi est de fixer, par de grandes vues, les maximes générales du droit ; d'établir
des principes féconds en conséquences, et non de descendre dans le détail des questions qui
peuvent naître sur chaque matière.
C'est au magistrat et au jurisconsulte, pénétrés de l'esprit général des lois, à en diriger
l'application.
De là, chez toutes les nations policées, on voit toujours se former, à côté du sanctuaire des
lois, et sous la surveillance du législateur, un dépôt de maximes, de décisions et de doctrine
qui s'épure journellement par la pratique et par le choc des débats judiciaires, qui s'accroît
sans cesse de toutes les connaissances acquises, et qui a constamment été regardé comme le
vrai supplément de la législation.
On fait à ceux qui professent la jurisprudence le reproche d'avoir multiplié les subtilités, les
compilations et les commentaires. Ce reproche peut être fondé. Mais dans quel art, dans
quelle science ne s'est-on pas exposé à le mériter? Doit-on accuser une classe particulière
d'hommes de ce qui n'est qu'une maladie générale de l'esprit humain? Il est des temps où l'on
est condamné à l'ignorance, parce qu'on manque de livres ; il en est d'autres où il est difficile
de s'instruire, parce qu'on en a trop.
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