« Faire grève hors du salariat et à distance ? Les pratiques protestataires des chauffeurs de VTC » Sarah Abdelnour, Sophie Bernard Mouvements, 2020/3 (n° 103)
Fiche de lecture : « Faire grève hors du salariat et à distance ? Les pratiques protestataires des chauffeurs de VTC » Sarah Abdelnour, Sophie Bernard Mouvements, 2020/3 (n° 103). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar amandine.xng • 8 Mai 2023 • Fiche de lecture • 2 142 Mots (9 Pages) • 375 Vues
« Faire grève hors du salariat et à distance ?
Les pratiques protestataires des chauffeurs de VTC »
Sarah Abdelnour, Sophie Bernard
Mouvements, 2020/3 (n° 103)
Mots clés :
- Uber
- Chauffeurs
- VTC
- Grève
Mots de vocabulaire :
- Travailleur indépendant : « tous les travailleurs qui échappent à la condition salariale et qui exercent leur activité professionnelle sans être soumis à une autorité par contrat de travail. » Travailleurs indépendants, Céline Bessière, Sibylle Gollac
- Ubérisation : « remise en cause du modèle économique d’une entreprise ou d’un secteur d’activité par l’arrivée d’un nouvel acteur proposant les mêmes services à des prix moindres, effectués par des indépendants plutôt que des salariés, le plus souvent via des plates-formes de réservation sur Internet. » Le Petit Larousse 2017
- Paupérisation : La paupérisation est l'appauvrissement continu d'un groupe humain, d'une classe, d’une population. Il peut en résulter un sentiment d'exclusion et d'humiliation. Un taux de chômage élevé et la précarité économique conduisent à la paupérisation. Mais elle peut aussi toucher des travailleurs dont la rémunération est insuffisante pour permettre un niveau de vie décent, du fait par exemple de l'augmentation du prix des loyers. La Toupie
- Précarité : Le terme précarité revêt différentes significations : degré de pauvreté, risque de devenir pauvre, instabilité socio-économique, incertitude existentielle. Précarité, Martine Grainger
Citations intéressantes :
- « Souvent conçues comme un moyen d’élargir la participation au mouvement, les mobilisations en ligne sont également révélatrices d’inégalités sociales qu’elles tendent même parfois à renforcer. Le (més-)usage des réseaux sociaux par les chauffeurs met ainsi en exergue celles qui traversent la profession. Ce sont les moins intégrés dans le collectif, et vraisemblablement les plus précaires, qui ne les utilisent pas et se trouvent dès lors exclus du mouvement. » P.22
- « Un chauffeur mobilisé estime même que, grâce aux réseaux sociaux, « on n’a pas besoin de centrale, on est en direct ». Les représentants des chauffeurs sont ainsi ceux qui y postent régulièrement des messages. » P.22
- « Leur statut d’indépendant leur permet d’une certaine manière de faire grève individuellement, afin de dégager du temps pour le travail militant. Mais cela les met dans une situation difficile à tenir sur le long terme. » P.19
Sarah Abdelnour est sociologue, agrégée de sciences économiques et sociales et membre du Centre Maurice Halbwachs (CNRS-ENS-EHESS). Après une recherche sur les grèves des salariés des supermarchés de la culture, elle a réalisé une thèse sur le régime de l'"auto-entrepreneur" soutenue en 2012. Sociologue à l'Université Paris-Dauphine, elle a travaillé sur les mobilisations de salariés précaires de la Fnac et sur la conception politique et les usages sociaux du régime de l’auto-entrepreneur.
Sophie Bernard est sociologue. Titulaire d'un doctorat de l'Université Paris Nanterre (1998-2005), elle est chercheure à l'Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales (IRISSO) depuis 2006, membre Junior de l'Institut Universitaire de France depuis 2015 et professeure de sociologie à l'Université Paris Dauphine depuis 2017. Sophie Bernard mène depuis longtemps des recherches sur le travail dans le secteur des services, et notamment dans la grande distribution.
Plan détaillé et rédaction :
Introduction : (il faut présenter l’article/l’extrait dans son contexte)
Dans cet article l’autrice mène une enquête sur les travailleurs indépendant, plus précisément les chauffeurs de VTC de chez Uber.
Elle va essayer de comprendre de quelle façon les travailleurs indépendant / chauffeurs de VTC font grève et quelles sont leurs motivations.
I – Entre la déconnexion massive et perturbation des plateformes
II – Interpeller les pouvoirs publics : une demande de régulation
III – Tenir et maintenir la mobilisation : créer du collectif, physique et numérique
- Entre la déconnexion massive et perturbation des plateformes
Ici, cette partie explique la première démarche que les chauffeurs ont mis en place pour ce faire entendre.
Les chauffeurs VTC. Voyant la dégradation de leur situation comme la baisse le prix des courses de 20 % sur le service UberX, et où la plateforme passe sa commission de 20 % à 25 %, pas seulement. Il y a aussi les primes qui disparaissent, le coût du carburant, l’arrêt des aides publiques comme l’Accre les poussent à revendiquer. Les chauffeurs VTC utilisent donc plusieurs méthodes pour se faire entendre, mais qui ne fonctionnent pas pour autant. Dans cette partie c’est la déconnexion massive.
La déconnexion massive c’est dans le concept où les chauffeurs VTC d’Uber se déconnectent du plateforme à durée indéterminé jusqu’à ce que leurs revendications puissent aboutir. « Et la solution qui est alors régulièrement préconisée consiste en une action concertée : la déconnexion massive des chauffeurs. En effet, la suspension du service proposé par les plateformes supposerait qu’un grand nombre de chauffeurs se déconnectent simultanément, et que les clients ne trouvent ainsi plus de véhicules disponibles ou du moins pas assez, ce qui mettrait les plateformes en difficulté. » p.8
Toutefois cette méthode s’avère plus compliqué que prévu. Plus compliqué dans le sens où au vu des degrés de précarité des travailleurs il y en a qui ne pourront pas arrêter de travailler car s’ils arrêtent, ils n’auront pas de revenu, ils n’ont pas de protection salariale. Ce qui provoque alors une sorte de concurrence au lieu de la solidarité. « Ils font d’une part face aux obstacles classiques des travailleurs précaires : l’atomisation du travail, la précarité des revenus et des statuts, la faible ancienneté professionnelle, ou encore la faible implantation syndicale. Une série de difficultés sont d’autre part plus spécifique et tiennent au fait que les chauffeurs sont des travailleurs indépendants. La particularité de ce statut peut ainsi les amener à se penser davantage comme concurrents que comme solidaires. Elle implique aussi qu’ils ne disposent ni de structures de représentation ni de protection en cas de cessation de l’activité. » p.8
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