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Les faux semblants de l’adoption !

Commentaire d'oeuvre : Les faux semblants de l’adoption !. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  6 Avril 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 415 Mots (6 Pages)  •  598 Vues

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Les faux semblants de l’adoption !

Dans le droit fil de la volonté exprimée par le premier ministre, mais prenant la forme d’une initiative parlementaire, l’Assemblée Nationale a adopté le 12 avril une proposition de loi visant tout simplement à augmenter le nombre d’adoptions prononcées en France. Ces dispositions portées par les parents adoptifs – nombreux parmi nos gouvernants – sont apparemment difficilement contestables tellement l’intention est louable : venir en aide aux enfants délaissés et prendre en compte tous ceux qui ont la générosité de s’ouvrir à un enfant venu de France ou d’ailleurs.

Force est déjà de constater qu’au cours des ans les réformes se succèdent avec les mêmes mots et les mêmes objectifs : en finir avec « le parcours du combattant » des adoptants etc. Cette récurrence démontre bien que la question est plus complexe ou … autre.

De fait, les réalités sont régulièrement niées; la stratégie ouvertement suivie devient non seulement dangereuse, mais éthiquement préoccupante. On peut craindre que les personnes désireuses d’accueillir un enfant soient, au final, une nouvelle fois déçues et en souffrent, que des enfants qui n'étaient pas prêts pour l'adoption en pâtissent, mais encore que l’orientation affichée nous revienne en boomerang au plan international.

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Les données ne peuvent pas être négligées. Aujourd’hui, en France, environ 20.000 personnes souhaitent accueillir un enfant quand 1 000 enfants deviennent pupilles de l’Etat chaque année et donc adoptables ! D’entrée de jeu, on mesure une première distorsion quantitative majeure. On comptait 150 000 pupilles de l’Etat en 1900 dans une France de 26 millions d’habitants, 40 000 en 1960, 20 000 en 1980. Ils sont 3 500 aujourd’hui. On se réjouira que la maîtrise de la contraception, les dispositions pour favoriser l’accueil de l’enfant, l’aide aux mères seules aient contribué, entre autres facteurs, à faire que l’immensité des enfants venant au monde en France soient désirés et accueillis comme tels par leurs géniteurs. Qui oserait le regretter ?

Dans le même temps, on relève une distorsion « qualitative » tout aussi essentielle, Les candidats à l’adoption attendent généralement d’accueillir l’enfant qu’ils n’ont pu avoir naturellement : il doit avoir moins de 3 mois, être de même type ethnique qu’eux, et être en bonne santé. Reste qu’en France les enfants pupilles de l’Etat sont plus âgés, souvent de type non européen, fréquemment porteurs de handicaps et en outre parfois dotés de frère(e) ou de sœur(s) également adoptables.

Ces distorsions conduisent effectivement à ce que, chaque année, des enfants adoptables ne soient pas adoptés malgré les efforts des équipes des conseils généraux et des associations. Si nos élus peuvent relayer les espoirs et les impatiences des candidats à l’adoption – et même le revendiquer comme on l’a vu à l’Assemblée –, les représentants de la Nation se doivent d’abord de prendre en compte le droit essentiel, voire prioritaire, des pupilles de l’Etat à être adoptés ! Par-delà les bonnes paroles, rien n’y tend dans la réforme envisagée.

Plus grave, pour répondre aux attentes des candidats, subrepticement, une disposition permet de déclarer adoptables des enfants dont les parents sont en grande détresse alors qu’on se l’interdisait jusqu’ici. La messe est dite : l’Aide sociale à l’enfance avec ses 140 000 enfants accueillis a toujours été plus ou moins ouvertement perçue comme une réserve d’enfants adoptables. On va la mettre à contribution pour répondre aux attentes des adultes en attente d’enfants.

On en oublierait que du fait de la loi elle-même l’accueil d’un enfant à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) n’est pas une fin, mais un moyen proposé ou ordonné pour un temps donné. L’ASE doit tout faire pour ne pas rompre le lien parents-enfant, mais au contraire travailler à permettre à l’enfant de retrouver sa place auprès des siens. Car le premier droit de l'enfant, c'est d'avoir ses parents en capacité de l'élever. Malgré ce que certains se plaisent à dire elle y réussit en général plutôt bien ! Multiplier les déclarations judiciaires d’abandon comme le souhaitent certains parlementaires ne résoudra pas la distorsion qualitative : d’expérience les enfants déclarés judiciairement abandonnés sont âgés et peu préparés à l’adoption par leur parcours chaotique antérieur. C’est bien une autre méconnaissance - classique - des réalités sociologiques de l’action sociale que de vouloir y voir ou y faire voir une source d’adoptions !

On comprend que nos compatriotes en quête d’enfants

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