Le tourisme culturel, Venise entre valorisation touristique et protection du patrimoine

THEME 2 : IDENTIFIER, PROTEGER ET VALORISER LE PATRIMOINE : ENJEUX GEOPOLITIQUES

AXE 2 : PATRIMOINE, LA PRESERVATION ENTRE TENSIONS ET CONCURRENCES.

JALON 3 : LE TOURISME CULTUREL, VENISE ENTRE VALORISATION TOURISTIQUE ET PROTECTION DU PATRIMOINE.

Venise est une « ville amphibie », construite à partir du VIe siècle sur 120 petites îles de la lagune, par des populations cherchant à se protéger des invasions barbares. Localisation du site, doc.2 p.329. La lagune est un espace d’eau salée, séparé de la mer Adriatique par le cordon littoral sableux du Lido. La ville est donc construite au ras de l’eau, et menacée par la montée des eaux à chaque grande marée, ou à chaque tempête.

Cette cité, dirigée pendant des siècles par un Conseil des 400 grandes familles patriciennes sous la direction d’un Doge, duc élu à vie, a été une grande puissance navale et commerciale durant tout le Moyen-âge, puis à l’époque moderne. La République de Venise, dite « la Sérénissime », n’a disparu qu’en 1797 du fait des guerres révolutionnaires et du passage de Bonaparte.

Sa puissance de plusieurs siècles explique la richesse de son patrimoine, chaque grande famille possédant un palais sur le Grand Canal, qui est l’artère principale de la Cité. On compte au total 450 ponts et plus de 100 églises dans la ville.

• Plan, doc. 1 p.330 : Plan de Venise, localisation du patrimoine touristique + doc.2 p.330, liste des principaux monuments (+ photo 1 p.329).
• Rapide présentation vidéo de Venise en 2’29, en musique, mais malheureusement presque sans texte comme la plupart des vidéos que l’on trouve en ligne :

https://www.youtube.com/watch?v=502HJ3P3MmQ

I) Le patrimoine de Venise, victime de son attractivité.

        A) Venise victime du « débordement touristique ».

Définition de « Débordement touristique », « surtourisme » ou « overtourisme » : Se dit d’un site souffrant d’une fréquentation touristique excessive, qui se traduit par une forte dégradation du cadre, et une asphyxie de l’espace.

Doc 3.p.329, croissance du flux touristique à Venise : 2M de touristes par an en 1968, 30M en 2018, croissance explosive depuis les années 1980. Venise reçoit actuellement 30M de touristes par an, alors que sa population comte à peine 270 000 habitants (pour 1 habitant, il y a 111 touristes !) La ville est donc menacée par le surtourisme, la pression touristique exerçant une pression disproportionnée sur la lagune, qui est un éco-milieu fragile, l’intégrité de cette cité mondialement célèbre étant menacée.

Or, la ville de Venise est reconnue comme un patrimoine architectural hors du commun, Chronologie p.328:

• Loi italienne de 1973 déclarant que les problèmes de Venise sont « d’intérêt national prioritaire »
• Seconde loi italienne spéciale en 1984, avec la création d’un « Comité de Coordination » directement dirigé par le président du Conseil italien (le chef de l’exécutif national) ;
• 1987 : Classement de Venise au patrimoine mondial de l’UNESCO ;
• 1994 : adoption d’un plan programme de sauvegarde de Venise sur 30 ans ;
• 2001 : Lancement du projet « Moïse » visant à sauver Venise des eaux… mais toujours pas opérationnel en 2020.

Les retombées de ce tourisme de masse sont par ailleurs importantes, apportant 500 millions d’euros par an à la ville.

        B) La « disneylandisation » menace la cité.

Définition de « Disneylandisation » : Transformation d’un paysage sous la pression d’une demande touristique qui le réduit à l’état de parc d’attraction (concept inventé par la géographe française Sylvie Brunel).

Le classement de Venise au patrimoine mondial de l’UNESCO s’est fait en particulier sur le caractère authentique du site, c’est-à-dire justement sur ce qui est menacé par la marée touristique. La raison est que c’est justement cette recherche d’« authenticité » qui est vendue aux touristes comme une marchandise. Les Italiens ont inventé le concept de « venicelandisation », déclinaison locale du terme de disneylandisation.

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