Histoire du tourisme au Maroc

1

Introduction :

Situé au nord-ouest de l’Afrique et à cheval sur la méditerranée et l’atlantique, le Maroc, carrefour de plusieurs civilisations, a été colonisé par la France entre 1912 et 1956, période qui a joué le rôle d’un puissant moteur pour le développement du tourisme (en faisant exception à Tanger qui a attiré et refugié au milieu du 19ème siècle plusieurs personnalités.) En 1960, le tourisme avec l’agriculture est mis au rang des priorités pour le pays qui crée des entités administratives et met en place plusieurs mesures juridiques favorisant les investissements dans le secteur (Hilali, 2007). Les efforts et les volontés perpétuent jusqu’en 2001 où le Roi Mohammed 6 annonce la vision 2010 (suivie actuellement par la vision 2020) qui prévoit attirer 10 millions de touristes annuellement. Objectif plus ou moins atteint puisque le pays accueille 9,34 millions de visiteurs en 2011 dans un contexte marqué par la crise économique mondiale de 2008 (ONMT, 2012).

Le tourisme au Maroc bien que ralenti par plusieurs conflits (première guerre mondiale, guerre du Rif entre 1921 et 1926, deuxième guerre mondiale et déclenchement des luttes armées pour l’indépendance en 1950) s’est développé avec l’arrivée des colons français en 1912 qui ont dès lors compris l’intérêt de ce secteur vu la richesse des ressources naturelles et culturelles ainsi qu’aux opportunités de développement socio-économique qu’il pourrait représenter (Hilali, 2007). Le tourisme a connu une forte évolution depuis le protectorat jusqu’à nos jours en passant par l’indépendance, elle a été appuyée par la réalisation d’équipements et d’infrastructures ainsi que par l’émanation d’arrêtés par les autorités administratives encourageant l’investissement dans ce secteur (Ibid., 2007).

Parallèlement, la mise en tourisme des espaces marocains ainsi que leur promotion ont connu une évolution depuis la période coloniale au temps présent, les imaginaires touristiques façonnent l’espace et en l’occurrence la culture des autochtones pour se conformer aux attentes des touristes dans un marché fortement concurrentiel, ils sont relatifs à l’espace en question ainsi qu’aux ressources culturelles et naturelles présentes au sein d’un territoire, ils ont d’abord été rédigés par des journalistes et des résidents français sous forme de récits de voyage et guides touristiques puis ont été complétés les années qui suivent par des tableaux de peintres célèbres notamment ceux de Matisse, des publications et affiches des compagnies de transport, de l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT) ainsi que des films, publications dans les journaux, etc.

Il sera ainsi question de dresser dans une première partie l’évolution du tourisme au Maroc à savoir son histoire, et sa vision actuelle pour ensuite analyser les différents discours et imaginaires touristiques associés aux différentes régions et villes touristiques au sein de ces périodes.

2

1. Histoire du tourisme au Maroc :

Le tourisme au Maroc débute avec Tanger qui était une ville internationale entre 1923 et 19561 et où l’ont fit construire le Grand hôtel de France, un hôtel de haut standing au milieu du 19ème siècle qui accueilli Matisse en 1913 (Hilali, 2007). La situation géographique de la ville du Détroit ainsi que le contexte politique, social et économique de l’Europe à cette époque invitait plusieurs personnalités et riches hommes d’affaires à séjourner et à s’enfuir des rudes conditions de vie et conflits qui sévissaient dans certains pays. A l’exception de Tanger, Le tourisme au Maroc ou le lancement d’une industrie touristique appuyée par la réalisation de circuits touristiques ne débute qu’après la première guerre mondiale. Le résident général le Maréchal Lyautey, acteur majeur de la modernisation du Maroc, des équipements et infrastructures ainsi que du lancement des premières stations touristiques notamment celles de Tanger, Marrakech, Agadir et Fès pose en 1918 la première pierre du célèbre hôtel La Mamounia à Marrakech, prestigieux établissement dans lequel avait séjourné Winston Churchill.

Au cours de l’indépendance, Les itinéraires touristiques étaient limités aux villes impériales à cause du manque de routes et équipements touristiques dans les zones rurales éloignées en plus de l’insécurité au sein de ces territoires qui regroupaient des tribus dont l’opposition et la résistance engendraient des attaques armées contre les administrations françaises mises en place (Ibid., 2007). Le premier circuit touristique en 1926 au départ d’Alger était constitué en majeure partie par des groupes de français hautement escortés et desservait les villes de Taza, Fès, Meknès, El Jadida, Azemmour et Marrakech (Ibid., 2007). Les autres régions du Maroc (les versants nord du Moyen et Haut Atlas) étaient visitées par des résidents européens et où l’ont fit construire des petits hôtels, des auberges et des réfuges pour les accueillir au cours de leur séjour où ils pratiquaient la chasse, la pêche et le ski à Oukaiemeden et à Ifrane.

a. L’héritage de la période coloniale : un produit surtout culturel

Après l’indépendance, le Maroc hérite de 230 hôtels et de 7300 chambres, le nombre est resté le même de 1956 à 1964 à cause de la réforme du gouvernement ainsi qu’au faible intérêt accordé à ce secteur puisque le pays doit faire face à plusieurs priorités d’ordre économique, culturel et social. Il hérite aussi des « cultures touristiques » érigées par les français qui vont influencer les politiques relatives à ce secteur des premières années de l’indépendance jusqu’à nos jours (Borgh; Minca, 2009, p.7). A partir de 1954, le littoral méditerranéen au sein duquel les aménagements et recettes touristiques fuyaient vers Tanger va connaître un réel essor en créant ex-nihilo des stations touristiques tout en étant attiré par le miracle espagnol qui connut en 1960 un boom touristique rapportant « à l’Espagne 500 millions de dollars, soit 50 % de la valeur de toutes les exportations de ce pays » (Hilali, 2007, p.51).

L'entrée officielle du Maroc sur le marché touristique mondial est habituellement fixée à la deuxième moitié des années 60, lorsque le Maroc à travers le plan de développement a inscrit le tourisme parmi les priorités. Mais l'apparition d'une demande touristique au Maroc remonte bien avant. Déjà sous la colonisation française, cette demande existait. Le tourisme était alors pour l'essentiel un tourisme itinérant et basé sur des

...