Vie Privée Et Vie Publique

Vie privée, vie publique

I. Vers une protection grandissante de la vie privée contre l'intrusion de la vie publique

A. La création d'un droit à la vie privée en opposition à la vie publique

B. Les condamnations prévues en cas de violation de ce droit

II. Néanmoins certaines limites s'opposent à la dichotomie vie privée/vie publique

A. Ambiguïtés des définitions et interférences entre les deux sphères

B. La protection de la vie privée restreinte dans de nombreux domaines

« Il se faut réserver une arrière-boutique toute nôtre, toute franche, en laquelle nous établissons notre vraie liberté et principale retraite et solitude », écrivait Montaigne dans ses Essais. C’est ainsi que le célèbre humaniste de la Renaissance définissait ce que l’on appellerait aujourd’hui la vie privée : un espace intime qui nous est propre, une sphère dont chacun est en droit de définir les limites, dont chacun est en droit de protéger des intrusions d’autrui. Ce concept est en réalité apparu par opposition à une autre sphère constitutive de l’être humain ; la vie privée, c’est en fait ce qu’il reste quand la vie publique s’est retirée. La vie publique correspond dès lors à tout ce qui revêt un caractère officiel – et non personnel –, à tout ce qui concerne la personne comme étant un individu social. Dans les faits, relèvent de la vie publique les comportements attestant une participation à des manifestationspubliques.

Cette dichotomie entre vie publique et vie privée a depuis toujours été communément acceptée, y compris par le droit. Il semble aller de soit que les deux notions s’opposent et définissent les deux sphères constitutives de tout individu. Face à ce constat il devient pertinent de considérer l’ordre juridique comme un organe protecteur de l’indépendance de ces deux « vies». L’actuelle montée en puissance des nouvelles technologies et des médias de masse entraîne une constante intrusion de la vie privée par la vie publique, notamment pour les personnes de grande notoriété qui voient sans cesse leur intimité exposée au grand jour. Ainsi le droit a permis, grâce à différents outils, la protection de la vie privée des individus.

Toutefois il s’avère approprié d’éprouver l’étanchéité de la frontière entre vie privée et vie publique. En réalité il s’agit de ne pas les considérer comme deux sphères totalement antagoniques ; l’intérêt réside bien plus dans l’étude des interférences et relations existant entre ces deux espaces. De quelle manière l’un de ces deux espaces interfère sur l’autre ? Quelle est la réponse du droit dans la recherche d’un équilibre entre vie privée et vie publique ?

Si la définition des deux sphères distinctes peut s’avérer dans un premier temps assez évidente, il s’avère en réalité que la situation est bien plus complexe. Certes, le droit a tendance à protéger la vie privée ; cependant une étude plus approfondie de la question dévoile les ambiguïtés et les limites posées par la protection de cette sphère intime de la vie.

[...] Vers une protection grandissante de la vie privée contre l’intrusion de la vie publique A. La création d’un droit à la vie privée en opposition à la vie publique Le besoin humain de protection d’une sphère d’intimité contre les immixtions d’autrui s’est progressivement transformé en un droit juridique. Ainsi de nombreux textes définissent la protection à la vie privée comme un droit fondamental. Depuis 1970, le Code Civil dispose que chacun a droit au respect de sa vie privée (art. [...]

[...] Néanmoins certaines limites s’opposent à la dichotomie vie privée/vie publique A. Ambiguïtés des définitions et interférences entre les deux sphères Si l’on étudie plus en profondeur les notions de vie privée et vie publique comme deux sphères de la vie quotidienne il s’avère que la frontière qui semblait les déterminer est finalement peu étanche. Un ensemble de relations et d’interférences entre les deux facettes de notre vie complexifient le raisonnement dichotomique du droit. Premièrement l’on se rend vite compte que la notion de vie privée ne peut être définie de manière objective. [...]

[...] Il n’y a dès lors aucune raison d’exclure de ce droit les personnalités politiques ou les stars, bien

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