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La Électricité nucléaire

Note de Recherches : La Électricité nucléaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  22 Mai 2014  •  1 395 Mots (6 Pages)  •  809 Vues

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Électricité nucléaire, mon Amour.

Oh mon amour, mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour, de l'aube claire jusqu'à la fin du jour, je t'aime encore, tu sais...

Ainsi résonne la Chanson des vieux amants de Brel.

Mais moi, mon vieil Amour nucléaire, après cinquante ans de parfait amour, je ne t'aime plus.

Et ce n'est pas parce que tes jupons et tes corsets de béton sont troués, même s'il est vrai que te payer une nouvelle garde robe, à 5 ou 6 milliard l'EPR, c'est un peu cher... Car rien n'est trop beau pour celle qu'on aime.

Et ce n'est pas parce que tu as des lubies, des espérances chimériques, comme tes rêves de générateurs de 4ème génération ou de transmutations, qui m'ont coûté déjà des dizaines de milliards. Tu ne sais pas renoncer à tes illusions de jeunesse, mon Amour, cela fait partie de ton charme un peu fou !

Ce n'est pas non plus parce que je me méfie de tes nouveaux serviteurs, parfois plus soucieux de faire des économies que d'assurer ta sécurité. Pourvu que le gendarme ASN reste auprès de toi, espérons que ton carrosse de plomb et d'uranium tiendra la route !

Ce n'est pas non plus parce que ta jeune sœur, Électricité renouvelable, serait plus belle. Même avec tes rides, tu tiens la comparaison, face à ses éoliennes qui fleurissent comme les boutons sur le visage des adolescentes. Quant à ses longs rubans de panneaux solaires, qu'elle traîne après elle sur les flancs des montagnes et les dunes désertiques, ils n'ont rien à envier aux pylônes de tes lignes à haute tension.

Non, si mon amour s'en va, c'est parce que je vois enfin ta vraie nature, après des années d'aveuglement et de passion. J'aimais en toi la fée Électricité, la fille de la Matière et de l'Univers, mais je ne savais pas qu'à ton baptême les trois Parques, la Mort, la Maladie et la Guerre, avaient tenu le rôle de marraines.

Toi et moi, mon Amour, nous avons voyagé et nous sommes aimés à travers le Monde entier. Des confins de l'Asie aux déserts de l'Afrique, en passant par le Japon et l'Amérique, nous avons planté les racines et ensemencé de notre amour la planète entière. Nous avons fait des rêves merveilleux, de progrès humain, de conquêtes scientifiques et de pouvoir technologique. Le soir, sous des lampadaires plus nombreux que les étoiles, nous évoquions la paix, la sécurité et le confort que nos efforts conjugués répandraient sur les peuples humains. Mais je me suis retourné et j'ai vu grimacer les enfants que nous avons laissé grandir derrière nous.

En Afrique, les mines d'uranium souillent en catimini les rares eaux potables et terres habitables du Gabon et du Niger. En Mer du Nord, tous les sept ans, La Hague et Sellafield se rient d'avoir fait autant de mal que Tchernobyl sans que personne ne les remarque. En Irak, en Afghanistan, en Serbie, en Bosnie, au Kosovo, notre armement à l'uranium appauvri livre une guerre chimique secrète aux habitants, qui respirent et avalent l'immortelle poussière radioactive laissée par les explosions. En France, bientôt, le démantèlement des centrales mettra sur le marché du recyclage des tonnes de matériaux contaminés qui pourront se cacher dans les habitations et les objets les plus banals. Partout dans le monde, dissimulés dans des hangars ou enterrés sous des collines, des milliers de containers radioactifs attendent que la rouille ou quelque autre accident vienne libérer les poisons violents qu'ils renferment : ils ne sont pas pressés d'accomplir leur forfait, dans trois cents ans ou dans dix mille ans ils seront toujours vivants.

Mon Amour, nos enfants ne ressemblent pas aux fées, mais aux sorcières de ton baptême. Je me suis trompé, et j'en ai fini de croire en toi. Même quand tu me dis que tu vas me sauver du réchauffement climatique ! Je te connais assez bien pour savoir que tu es aussi gourmande en pétrole qu'en argent frais ! Avec tous ces camions blindés et ces croisières au long cours que tu affrètes pour tes déplacements personnels, et ces palaces de béton et de métal que tu te fais construire toujours plus épais et plus chers, tu aimes trop la dépense pour supporter

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