Les Droits De L'homme Sont-ils Universels ?
Note de Recherches : Les Droits De L'homme Sont-ils Universels ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Smartiz • 17 Février 2014 • 1 869 Mots (8 Pages) • 5 095 Vues
Les droits de l’homme se veulent universels, pour cela, ils s’appuient sur un fondement naturel et rationnel qui transcende toutes les considérations culturelles particulières : quels que soient leur lieu de naissance, leur sexe ou leur religion, tous les êtres humains ont droit au respect de leur intégrité physique, d’exprimer librement leurs convictions, de vivre décemment, de travailler, d’être éduqué et soigné. Témoin de l’élaboration et de l’adoption de la Déclaration universelle de 1948, Stéphane Hessel a souligné que cette déclaration était d’abord celle des vainqueurs de la guerre, et qu’il y avait eu débat sur le mot « universel » :
« Ne valait-il pas mieux parler de Déclaration “internationale” plutôt qu’“universelle”, ce qui paraîtrait prétentieux ou en tout cas inexact ? Mais [les Français] Henri Laugier et Cassin pensaient que les “vaincus” reprendraient un jour leur place dans les Nations unies, et que la Déclaration leur serait donc applicable. »
Souvent opposé à cette Déclaration, à laquelle il reprochait d'être celle d'un monde occidental et blanc, Hessel rappela le débat avec les pays communistes conduits par l’URSS, qui mettaient l’accent sur les droits économiques et sociaux plutôt que sur les droits civils et politiques :
« On redoutait un vote négatif des pays communistes, mais aussi des arabes -notamment l’Arabie saoudite, représentée par un Jordanien très énergique- qui avaient du mal à accepter l’égalité des droits entre l’homme et la femme figurant dans la Déclaration. »
Le texte a été adopté par 48 Etats sur 56, l’Afrique du Sud (sous domination blanche à l’époque), l’Arabie saoudite, la Pologne, la Tchécoslovaquie, l’URSS et la Yougoslavie s’abstenant, tandis que le Honduras et le Yemen ne prenaient pas part au vote.
De telles dissidences conduisent alors de se demander s'il existe une réelle universalité des droits de l'Homme. Les droits de l'homme concèdent une application non uniforme entre les différents pays du monde (I), ce qui conduit à une remise en cause de l'universalisme, lequel n'est pas définitivement abandonné (II).
I. Une application des droits de l'Homme non uniforme entre Etats.
L'application des droits de l'Homme est mise en échec à travers deux phénomènes. D'abord, la difficile mise en application des droits de l'Homme peut s'expliquer par le relativisme culturel (A) empêchant alors la bonne application de certaines prérogatives au sein des territoires nationaux. Mais c'est également le reproche d'une vision trop occidentale des droits de l'Homme et les excès constatés (B) qui représente un obstacle non négligeable.
A. Le relativisme culturel, un obstacle à l'application des Droits de l'Homme
La visée universaliste des droits de l'homme est née au XVIIIe siècle dans la mouvance des Lumières européennes. Certains pays expriment depuis une vingtaine d’années de sérieuses réserves sur le caractère universel des droits humains. Il s’agit surtout de pays d’Asie et d’Afrique, victimes de la colonisation, qui assimilent l’universalité des droits de l’homme à une posture colonialiste : après avoir imposé sa domination politique et économique, l’Occident entend imposer ses valeurs au reste du monde. Ces États s’appuient sur la notion de diversité culturelle pour défendre l’idée d’un relativisme des droits humains. Ceux-ci varient en fonction de la tradition ou de la culture de chaque pays.
Un tel raisonnement s'il peut être entendu, sert également à de multiples reprises de prétexte afin de faire perdurer des pratiques de domination des traditions sur l’individu : domination de la femme sous mille formes (excision, mise à mort en cas d’adultère, mise sous tutelle par le père ou le mari), travail précoce des enfants, interdiction de changer de religion, etc.
Les accusateurs de l’universalité des droits humains ont compris que l’émancipation de l’individu à l’égard du groupe permet l’application de ces droits. Les droits de l'homme sont des droits à portée individualiste. Or quel individu n’aspire-t-il au respect de son intégrité physique et morale ? L’intérêt du collectif n’est pas toujours celui de l’individu et c’est ici que se joue un choix de civilisation fondamental.
B. L'excessive vision occidentale des droits de l'Homme
Il est reproché aux droits de l'Homme de n'être que le reflet d'une pensée occidentale. Ce reproche est renforcé par la difficile application des textes signés mais également par l’hypocrisie dénoncée aux Etats signataires, même si la sincérité de leurs auteurs n’est pas en doute.
La guerre froide limita la portée de la démarche engagée à l’ONU avec la vonlonté de mettre en œuvre un nouveau texte international, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948. Outre la Déclaration, il devait y avoir des pactes pour en préciser la mise en œuvre, et une Cour internationale pour les droits de l’homme afin que les Etats rendent des comptes sur leurs actions.
Il faudra attendre vingt ans pour obtenir la signature des deux pactes -celui sur les droits économiques et sociaux, et celui sur les droits civils et politiques- dont la portée reste aujourd’hui limitée ; et la Cour pour les droits de l’homme s’est transformée en simple Commission sans grand pouvoir. L’élan de l’immédiat après-guerre, porté par le « plus jamais ça » de ceux qui avaient vécu l’horreur et la barbarie, avait cédé la place aux enjeux de puissances.
De plus, il est parfaitement légitime de reprocher aux gouvernements occidentaux de ne pas toujours mettre en pratique ce qu’ils prônent ! La légitimité des droits humains serait infiniment plus forte si les démocraties étaient exemplaires. Or, pour ne prendre qu’un seul exemple, la manière dont l’armée américaine a traité les prisonniers irakiens ou ceux de Guantanamo (torture, absence de jugements, viols, humiliations) a fait perdre tout crédit moral à l’Occident aux yeux de nombreuses populations à qui nous donnons des leçons sur les droits de l’homme. Il nous est reproché, et à juste titre, que c’est au nom de la défense de valeurs
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