La Decrochage Scolaire
Dissertations Gratuits : La Decrochage Scolaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar catherine • 5 Février 2013 • 1 865 Mots (8 Pages) • 1 259 Vues
I. L'absentéisme : l'émergence d'un problème
A. La mise en place de l'école pour tous
1. La mise au travail précoce
La loi Jules Ferry du 28 Mars 1882 définit l'obligation scolaire en France. Il s'agit de rendre l'école obligatoire pour tous les enfants de six à treize ans. L'application de cette loi s'est faite progressivement.
En effet, l'objectif est de soumettre tous les enfants à la socialisation scolaire, de lutter contre l'errance et le vagabondage. Sous la Troisième République et jusque dans les années 1950, ce sont surtout les enfants de paysans et d'ouvriers qui sont concernés par cette injonction scolaire et qui résistent à cette loi. Les parents gardent leurs enfants pour des raisons économiques. Ils veulent disposer de l'aide de leur enfants pour les travaux agricoles ou pour un salaire d'appoint chez les ouvriers. La tradition est que les enfants rendent service à leurs parents. En effet, selon une enquête faîte en 1877, environ 600 000 enfants sur 4,5 millions entre six et treize ans ne vont pas à l'école. On a remarqué que les enfants de la campagne sont moins présents à l'école pendant l'été. Il y a un écart de 25 % entre les effectifs d'été et ceux d'hiver. De 1886 à 1896, la scolarisation primaire ne progresse plus et les taux de scolarisation des garçons baissent de 10 % dans certains départements.1
Passer de l'école facultative à l'école obligatoire n'est pas simple pour les parents. Des mesures sont alors instaurées pour qu'ils intègrent progressivement l'obligation scolaire pour leurs enfants. Les grandes vacances sont alors instituées afin de permettre ainsi aux enfants d'aider leurs parents pendant les moissons sans être « hors la loi ». Les législateurs permettent à certains élèves d'interrompre leur scolarité avant l'âge légal. En effet, s'ils obtiennent leur certificat d'études avant treize ans, une dérogation les autorisent à quitter l'école et d'aller travailler. D'ailleurs, le seuil autorisé des quatre demi-journées d'absence date de la loi Jules Ferry de 1882. L'instituteur est tenu d'enregistrer et signaler toute absence2
Une circulaire insiste pour que ce dernier responsabilise les parents. Ainsi l'absence d'un élève ne peut plus être un fait insignifiant. Dans les zones urbaines, ce sont précisément les enfants des ouvriers qui sont pointés du doigt. On craint alors que ces populations réfractaires échappent à la socialisation et viennent alors grossir les rangs des vagabonds, des délinquants et des insoumis à la loi républicaine. A Paris, sur deux cent mille enfants scolarisables, quarante cinq mille ne vont pas l’école, ce qui représente 22,5 %.3 Entre la fin du XIX siècle et toute la première partie du XX siècle se pose alors la question d'amener à l'école tous les enfants et de les y maintenir jusqu'à 13 ans.
Jean Noël LUC, historien, précise que pour faire face à la non application de la loi Jules Ferry, une enquête parlementaire en 1909 va faire un état des lieux de la scolarisation. Elle révèle que 25 % des ruraux et 10 % des citadins ne respectent toujours pas la limites des absences autorisées.4 Des pressions sont alors exercées sur les parents. Les écoliers trouvés dans la rue ou dans les champs sont interpellés par les gendarmes. Les commissions scolaires, jugées alors trop inefficaces, sont remplacées par la justice de paix. Des mesures répressives se mettent en place progressivement. Le problème de la non fréquentation scolaire est résolu vers les années 1930, par la menace et parfois la diminution des allocations familiales ou allocations de chômage en cas de non respect de la loi.5
Le gouvernement du Front Populaire instaure la scolarité obligatoire jusqu'à quatorze ans. Ce dernier l'a alors assortie d'aides financières de l'État pour inciter de nombreux ouvriers et paysans à envoyer leurs enfants à l'école. En contre partie, une sanction est créée afin de dissuader les parents de faire travailler leurs enfants.
On a pu remarquer que les lois républicaines ont rendu l'école primaire obligatoire mais ne l'ont pas articulé à l'enseignement secondaire. C'est à dire que l'enseignement primaire propose une formation courte à vocation pratique pour l'ensemble de la population. Alors que l'enseignement secondaire est destiné à la reproduction des élites. En effet, payants jusque dans les années 1930, ces établissements accueillent les enfants de notables et de la bourgeoisie. Les études sont fondées sur une culture générale et sur les humanités gréco-latines. Quant à elles, les familles populaires confient leurs enfants aux instituteurs des écoles communales jusqu'au certificat d'études. Quand la situation financière de la famille le permet, certains parents poussent à poursuivre dans l'enseignement primaire supérieur, ou dans des cours complémentaires. D'autres vont dans des centres d'apprentissage, ou chez un patron pour les former.
Par conséquent, le choix des familles d'envoyer leurs enfants au cours complémentaire, au centre d'apprentissage, ou encore au lycée dépend donc du milieu social. Dans le début des années 1960, avec de bons résultats en CM2, 89 % des enfants de cadres supérieurs vont au lycée contre moins de 42 % des enfants d'ouvriers. Avec des résultats scolaires faibles, 52 % des enfants de familles bourgeoises entrent tout de même en sixième contre 2 % des enfants d'origine populaire. Cette pratique accentue les clivages sociaux et est dénoncée comme étant contraire aux principes de la République. En 1936, Jean Zay, ministre de l'Education Nationale, prolonge alors la scolarité obligatoire jusqu'à quatorze ans. En 1941, la réforme Carcopino transforme l'enseignement primaire supérieur en collège moderne en l'intégrant dans le secondaire. Après la seconde guerre mondiale l'économie française connaît une croissance soutenue jusqu'en 1975, et le chômage est pratiquement inexistant. En effet, durant la période des Trente Glorieuses, l'expansion du secteur tertiaire, et des progrès techniques et scientifiques nécessitent une main d'oeuvre qualifiée. Alors, pour répondre aux besoins de la modernisation de l'industrie il est nécessaire de qualifier
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