Organes artificiels : prudence

Organes artificiels : prudence

et aussi - 01/11/1996 dans mensuel n°292 à la page 18 (255 mots) | Gratuit

Daniel Loisance, chirurgien cardiaque à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, est l'un des animateurs de la Société européenne des organes artificiels qui vient de se réunir à Varsovie.

Le développement des organes artificiels présente-t-il des risques ?

La forte demande de la population est fondée sur une confiance peut-être excessive dans les biomatériaux. La prudence n'est pas toujours de mise. Par exemple, on traite les rides par injection de collagène : on peut craindre le développement d'une stimulation immunologique. On place un ligament artificiel sur un sportif de 20 ans, au risque de susciter une arthrose à 40 ans.

Sur quoi ont porté récemment les progrès ?

On a compris que les caractéristiques physiques poids, encombrement des organes artificiels sont marginales. Le problème essentiel c'est la réaction immunologique qu'ils induisent. L'étude n'est plus menée au seul niveau cellulaire, mais aussi au niveau moléculaire, afin de repérer les récepteurs impliqués. On étudie aussi les possibilités du génie génétique pour améliorer l'acceptation des implants.

Quels matériaux sont les plus appropriés ?

Les céramiques semblent mieux acceptées que les plastiques. Ceux-ci ont pour avantage leur souplesse. Mais on peut imaginer de fabriquer des plastiques sans composants déclenchant des réactions. On utilise aussi du carbone sur des fibres de polyester. Mais si le carbone est très solide, il est friable. On le retrouve partout dans le corps. En réalité, l'intérêt pour tel ou tel biomatériau est variable. Les modes correspondent à des cycles de recherche : silicone, polyuréthane, carbone. Aujourd'hui, la mode est aux biodégradables. Mais les effets secondaires de leur dégradation sont mal connus.

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