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La Moto

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Par   •  6 Avril 2014  •  Commentaire de texte  •  528 Mots (3 Pages)  •  763 Vues

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La Moto

Les rayons du soleil matinal éclaboussent les toits. Dans les couloirs ombreux des avenues, le vrombissement des voitures et les vapeurs d'essence uniformisent le flot mouvant des autos et des piétons.

Des enfants galopent d'un trottoir à l'autre, pressés de retrouver leurs copains à l’école ! Ils glissent entre les voitures, insouciants des gros yeux jaunes qui s'illuminent un bref instant en signe de réprobation. Ils courent en riant vers l'abri des tilleuls en fleurs. Les vacances approchent !

Un hurlement plus aigu perce la monotonie habituelle ! Plein phare, une moto surgit !

Une masse sombre, extrêmement mouvante. Déjà, elle n'est plus là-bas, mais ici, puis plus loin, hors de vue.

Le centaure de cuir et de métal zigzague entre les masses compactes encombrant la chaussée, les évite, frôle les piétons. La machine hurle et ricane. On ressent l'ivresse du pilote, heureux d'être libre, de ne pas s'engluer. Sa folie résulte de la vitesse et d'un jeu incessant avec la mort.

Le motard est courbé sur sa monture rugissante. Il la serre à la broyer entre ses cuisses. De ses bras tendus, avec de tendres coups de reins, il la fait osciller et glisser entre les obstacles qu'il a à peine le temps d'entrevoir.

Soudain ! Un éblouissement ! L’alternance des façades sombres et ensoleillées, les voitures, les piétons, tout s'estompe en une masse grise, plane, infinie !

Plus rien n'accroche son regard.

À perte de vue, un gigantesque plateau lisse, une piste sèche, à peine rugueuse. Un rêve !

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Un poignet nerveux torture l'accélérateur.

Le moteur rugit, s'emballe ! La moto bondit, avale les distances.

L'air fouette et griffe, siffle. Le motard se grise. Il fonce, droit devant lui, poussant sa monture à l’extrême limite de ses possibilités.

Puis, saturé de vitesse, il ralentit.

Son torse ondule... La machine suit, patiente, obéissante. Elle dessine de grands arcs de cercle, d’éphémères boucles, esquisse de gigantesques fleurs, trace des corolles.

Maître de sa machine, il serre les boucles, ferme les virages. À toute vitesse, il trace d'impossibles trajets entre d'infinies lignes droites.

Tout à la découverte de ses possibilités nouvelles, il n'a pas vu le temps passer.

Son estomac le tiraille, la jauge frôle la zone rouge. L'homme et la monture doivent se reposer, se restaurer.

Mais où ?

À perte de vue, l'univers est lisse.

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