Changer De Job, C'est Rentable

C'EST une bague en cristal incluant une feuille d'or et une perle de Tahiti, comme une promesse d'avenir. Sa créatrice, Marie Cluzel, a été récompensée par le 1er prix France du Tahitian Pearl Trophy en 2005. Un bel encouragement pour cette jeune femme de 31 ans, diplômée de l'ESC Toulouse, qui arrêta un beau jour son parcours en marketing chez Coca-Cola pour préparer un CAP Art du Bijou et du Joyau. « J'ai pris un congé individuel de formation, qui n'a pas été financé, et je suis redevenue étudiante pendant deux ans. Je n'ai pas eu que des gens compréhensifs autour de moi... se souvient-elle. Pourtant, j'avais l'impression d'avoir fait le tour de ma fonction, je n'avais pas envie d'évoluer dans le secteur alimentaire et surtout j'avais toujours voulu faire des études d'arts appliqués. » Au¬jourd'hui, Marie Cluzel travaille chez Baccarat, au carrefour de la création, du développement et du marketing. « Je savais que mes compétences se rejoindraient intelligemment », sourit-elle.

Une bonne idée ne suffit pas pour réussir

Régulièrement, à la fa¬veur d'un plan de reclassement, d'un bilan de compétences ou d'un ras-le-bol généralisé, des cadres décident de se reconvertir. Où en suis-je ? Qu'ai-je envie de ¬faire ? En ai-je les moyens ? Comment faire pour les trouver ? sont autant de questions qu'ils doivent se poser. « Il faut se demander si l'envie de changer correspond à un problème ponctuel ou à un réel besoin de passer à autre chose, présente Jean-Marc Perrin, consultant-coach en outplacement chez Leroy Consultants/BPI group.Dans le second cas, j'identifie avec le cadre ses compétences et ses motivations en suivant le fil rouge de sa carrière. »

Pierre-Antoine Corret a été accompagné par Leroy Consultants. Après vingt années passées dans le marketing industriel, cet ingénieur a délibérément quitté Giat Industries à la faveur d'un énième plan social, pour se prouver qu'il pouvait encore influer sur son avenir. Il s'apprête à ouvrir rue Saint-Paul, à Paris, un show¬room de décoration et de mobilier de grands designers brésiliens contemporains. Ses deux associés, avec lesquels il fonde également une SARL de commercialisation d'accessoires de mode et de décoration produits par des communautés d'insertion sociale au Brésil, ont le mê¬me type de parcours. « Je suis une personne de défis. À 55 ans, trouver un job intéressant avec un potentiel de croissance passe par la création d'entreprise », explique Angela Leburgue, ingénieur, ex-cadre dans l'industrie chimique.

Rapprocher ses désirs des réalités du marché exige un long travail de réflexion. Une bonne idée ne suffit pas pour réussir. Il faut la transformer en un projet concret et cohérent. « Beaucoup de cadres aimeraient se lancer dans le conseil, constate Gilles Lacour, codirecteur du département Management de carrières chez Altedia. Pourtant, certains n'ont aucune idée de leur clientèle et avouent qu'ils n'aiment pas faire du commercial ! »

Que l'on soit en poste ou pas, il faut prévoir un planning de gestion du temps.« J'ai travaillé sur un premier projet, qui n'a pas abouti, pendant un an. Le second a pris 15 mois, précise Pierre-Antoine Corret.

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