Progré Scientifique
Note de Recherches : Progré Scientifique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ranouch.123 • 28 Mai 2013 • 1 878 Mots (8 Pages) • 990 Vues
Pouvoirs de l’image ? Quels sont ses dangers ? Débat
« L’idée que les images auraient en elles-mêmes un pouvoir particulier qui entraînerait la conviction du spectateur ne date pas d’aujourd’hui et son origine est à chercher du côté des réflexions sur l’icône religieuse4. » Depuis cette époque, notre perception n’est plus de l’ordre du divin ni de la superstition, même si le fétichisme est loin d’avoir disparu.
Depuis l’avènement de la société de l’image, de nombreux sociologues et philosophes ont prédit tous les maux suite aux dangers divers auxquels nous soumet la domination de l’image. « Accusée de nous influencer, de nous manipuler, de détourner notre intérêt pour le monde vers des leurres, de participer à l’aliénation collective, de mener l’Occident à sa perte !5 ».
1. La séduction de l’image
L’image est séduisante pour plusieurs raisons :
• Le plaisir est immédiat, car notre pensée se relâche au contact de l’image, comme pour les rêves, elle fait appel à notre imaginaire. Il n’y a pas de distanciation automatique comme pour le langage où l’aspect symbolique des mots nous détache plus des choses.
• A priori, l’approche des images est facile : leur compréhension demande moins d’effort que de déchiffrer un texte, il ne faut pas nécessairement maîtriser les codes (l’alphabet par exemple) pour l’appréhender6.
• Contrairement au discours parlé ou écrit, on entre dans l’image par où l’on veut. Le sens de lecture n’est pas obligatoirement linéaire, même s’il existe. La posture mentale qu ‘elle nécessite est donc très différente7.
• L’image est le véhicule favori d’une culture de masse, dans l’idée qu‘elle cultive la satisfaction par opposition à une culture d’éducation qui est une culture d’apprentissage.
• Elle envoie des messages qui soulagent, font rêver, endorment la conscience et masquent la vérité.
• L’image joue sur l’affectif : on s’attache aux sujets/objets qu’elle nous montre. Le désir est très fort, car il n’y a pas de distanciation.
3 MELOT MICHEL, « L’image n’est plus ce qu‘elle était », in Documentaliste-Sciences de l’information 2005/6, vol.42 p.361-365.
4 MEYRAN REGIS, « La manipulation par l’image » in Sciences humaines Hors série n°43 « Le monde de l’image » déc. 2003-fév. 2004
5 TISSERON Serge, « Le bonheur dans l’image », Ed. Synthélabo, coll. Les empêcheurs de penser en rond, 1996, p.8.
6 « Il ne faut pas avoir peur des images » Entretien avec Daniel BOUGNOUX, in « Le monde de l’image » Sciences humaines n°43, Hors série déc 2003- fév 2004.
7 Idem.
L’image est-elle dangereuse ? p.3
Analyse UFAPEC 2010 n°7
Depuis Juvénal (poète satirique latin de la fin du 1er siècle), on peut penser que « du pain et des jeux » suffisent à nourrir le peuple. L’image semble être une nourriture à la hauteur de toutes les espérances.
2. La manipulation par l’image
Dans le fait que le sens critique s’exerce plus difficilement avec les images, la manipulation qu’elles entraînent se fait de façon plus naturelle, intentionnellement ou pas.
• Par nature, l’image est donc sujette à l’interprétation. Pour une communication idoine, la connaissance de codes identiques entre les parties étant indispensable, il est évident qu’une compréhension erronée ou incomplète est vite arrivée. Et avec la multiplicité des messages, la multiplicité des erreurs devient de la désinformation.
Dans le cas particulier de l’image d’information, ce sont souvent les journalistes eux-mêmes qui entretiennent l’ambiguïté « que l’image serait une ‘preuve’, alors qu’elle n’est jamais qu’un ‘témoignage visuel’, soumise comme tel à tous les aléas de la déformation, du point de vue, des raccourcis et même de l’intention de tromper8». Bye bye Belgium9, la fausse édition spéciale du journal télé diffusée le 13 décembre 2006 en est une illustration exemplaire : le débat qui s’en est suivi au sein même de la profession journalistique concernait en fait le «contrat implicite de véracité» entre le journaliste et son spectateur.
• La forme extrême de manipulation, la propagande, trouve en l’image son alliée privilégiée. En effet, c’est au début du XXe siècle, avec la massification des médias, que la propagande prend une ascension fulgurante. Mais « la manipulation des esprits est l’effet d’un système politique et pas seulement des images10 ».
« (...) condamner l’image en général comme facteur incapacitant de la pensée est tout simplement faux. C’est la répétition des mêmes images (ou des mêmes mots) qu’il faut incriminer dans le matraquage publicitaire ou les informations ressassantes ; l’abondance et la diversité des images constituent au contraire un enrichissement.11 »
Dès que les images se contredisent, le sens critique renaît constate Daniel Bougnoux.
3. Le mimétisme induit par l’image
Autre danger mis en avant de façon récurrente est « l’idée de la mimésis ; conduite d’imitation bien présente chez les enfants, dont les facultés imitatives sont évidentes.12 »
• De nombreuses études tendent à faire un lien entre la violence regardée en images (particulièrement à la télé) et les comportements violents. Cependant, « l’honnêteté scientifique consisterait à dire que l’on ne peut rien prouver d’après L. Bastide13. »
• En ce qui concerne ce phénomène d’imitation, il est étonnant de constater, que les études menées sur le sujet, concernent dans une grande majorité des cas, la violence ou le sexe.
8 TISSERON Serge, « Les bienfaits des images », Ed. Odile Jacob, Paris 2002, p.138.
9 émission spéciale de la RTBF, considéré par la chaîne comme un docufiction, et qualifié de canular par une partie de la presse, au début de laquelle le présentateur vedette du journal télévisé annonce la déclaration unilatérale d’indépendance de la Flandre.
10 MEYRAN REGIS, « la manipulation par l’image » in Sciences humaines Hors série n°43 « Le monde de l’image » déc. 2003-fév. 2004.
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