Droit, pouvoir et domination
Commentaire d'oeuvre : Droit, pouvoir et domination. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar vsk6 • 23 Novembre 2013 • Commentaire d'oeuvre • 9 667 Mots (39 Pages) • 979 Vues
Guy Rocher
sociologue, Université de Montréal
(1986)
“Droit, pouvoir et domination”
Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole,
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi
Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca
Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt
Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales"
Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html
Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque
Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi
Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm
Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de l’article de :
Guy Rocher, “Droit, pouvoir et domination”. Un article publié dans la revue Sociologie et sociétés, vol. 18, no 1, avril 1986, pp. 33-46. Montréal: PUM.
M. Guy Rocher (1924 - ) professeur de sociologie et chercheur au Centre de recherche en droit public de l'Université de Montréal.
[Autorisation formelle réitérée par M. Rocher le 15 mars 2004 de diffuser cet article et plusieurs autres.]
guy.rocher@umontreal.ca
Polices de caractères utilisée :
Pour le texte: Times, 12 points.
Pour les citations : Times 10 points.
Pour les notes de bas de page : Times, 10 points.
Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh.
Mise en page sur papier format
LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’)
Édition complétée le 13 avril 2004 à Chicoutimi, Québec.
Table des matières
Introduction
I. Le débat sur le pouvoir
a) Le pouvoir: une notion contestée
b) Les définitions volontaristes
c) Les définitions systémiques
d) Les définitions critiques
II. Droit, pouvoir et domination, selon Max Weber
a) Pouvoir et domination
b) Le droit, comme légitimité de la domination
c) Le droit et les structures de domination
III. Quelques réflexions sur une sociologie du droit et des pouvoirs
a) Le pouvoir dans la définition du droit
b) Le droit et les rapports de pouvoir et de domination
c) Le symbolisme dans le droit, le pouvoir et la domination
Conclusion
Résumé
Introduction
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Au cours du dernier quart de siècle, les sciences sociales, particulièrement la science politique et la sociologie, ont été le lieu d'une intense réflexion et de vifs débats sur le thème du pouvoir. Non pas que ce thème soit nouveau, bien sûr; il a occupé depuis l'Antiquité une place importante dans la pensée de bien des philosophes, et parmi les plus grands. Ce fut particulièrement le cas de ceux d'entre eux qui s'interrogèrent sur les conditions de la « bonne cité » ou de la « cité idéale », sur la société civile et l'État, sur les rapports au sein de la collectivité humaine. Évoquons les noms de Platon et d'Aristote, dans l'Anti-quité, de Cicéron et d'Augustin sous l'Empire romain, de Thomas d'Aquin et Abélard au Moyen Âge, Francis Bacon et Thomas Hobbes à la Renaissance. Et plus près de nous, à l'époque contemporaine, Hegel, Marx, Nietzsche, Bertrand Russell.
Mais pour tous ces philosophes, la notion même de pouvoir ne faisait guère problème. Ils employaient le terme dans le sens usuel que lui attribue depuis longtemps le langage courant, c'est-à-dire la capacité de contraindre, par la force ou autrement, et de régir ou dominer les autres. Ou encore, ils désignaient par ce terme tout simplement l'État ou les détenteurs du pouvoir politique. Or, c'est précisément cette notion qui a été reprise et remise en question récemment dans la science politique et la sociologie. Le besoin s'est fait sentir de préciser cette notion, jugée trop facilement équivoque ou trop pluridimensionnelle, compte tenu de l'usage accru qu'on en faisait, soit dans des écrits théoriques, soit dans des recherches empiriques.
La démarche de cette réflexion et les débats qui l'ont entourée sont du plus haut intérêt pour la sociologie du droit. À divers égards, le droit appartient à l'analyse du pouvoir ou des pouvoirs; inversement, l'exercice du pouvoir ou de pouvoirs passe souvent par le droit. On a d'ailleurs eu - et on a encore -beaucoup trop tendance à identifier droit et pouvoir politique, ce qui n'est pas nécessairement faux, mais qui demeure
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