Marcel Mauss "Essai sur le don"
Résumé : Marcel Mauss "Essai sur le don". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jean-Michel Yvonnet • 7 Juillet 2020 • Résumé • 1 778 Mots (8 Pages) • 2 290 Vues
Essai sur le Don de Marcel Mauss :
Marcel Mauss dans Essai sur le don, nous amène à une analyse du système de don, au sein des sociétés dites traditionnelles. Il mettra ainsi en avant le lien entre les individus que créé le don, ne manquant pas de souligner la capacité du don à créer un corps social au travers de cette triple obligation, qui est celle de donner, recevoir et rendre. Puisque comme le dit si justement Alain Caillé dans Anthropologie du don[1], c’est le lien établi par cette pratique qui prime sur le don lui-même. M. Mauss au travers de ses écrits a pour principale ambition de livrer une analyse complète du don dans les sociétés traditionnelles. Il nous propose ainsi de découvrir un autre modèle économique que celui habituellement pratiqué chez nous. Nous allons à présent voir comment Marcel Mauss analyse le système de « don » au travers des sociétés traditionnelles et de leur pratiques, mais également en nous appuyant sur les écrits d’Alain Caillé, Anthropologie du don.
M. Mauss nous introduit dans ses écrits en questionnant la pratique du don au sein des sociétés « primitives » et « archaïques », mettant ainsi l’accent sur le paradoxe que représente le don, puisqu’il nous le dit le don est en apparence « libre et gratuit » (page 7), mais en même temps « contraint et intéressé » (page 7). Mauss pause ici une problématique sur la notion de don et nous demande quelle force peut pousser un individu ayant reçu un présent à l’accepter, puis dans un second temps à rendre un cadeau d’une valeur égale. Cette force qui pousse les individus dans ces sociétés à répondre à la triple obligation, n’est pas une force juridique, qui serait inscrit dans leur lois, mais bien une force morale et qui répond à un système de croyance. Ainsi nous pouvons citer comme exemple de ces croyances celle de « L’esprit de la chose donnée » (page 14) chez les Maoris, sujet que nous traiterons plus tard. Pour l’heure nous allons nous pencher sur la pratique du « Potlatch ». Le potlatch est une cérémonie notamment observé chez les tribus du nord-ouest américain, basé sur la triple obligation (donner, recevoir et rendre). Il s’agit ainsi d’une prestation qui concerne l’ensemble du groupe, elle n’est donc pas individuelle. Au cours du potlatch deux tribus vont ainsi se réunir, dans le but de se faire don de biens divers et variés. Le but concret résidant dans ces dons est d’établir une hiérarchie entre les tribus au travers du don. Ils n’hésiteront pas pour ce faire, à détruire des biens de valeur leur appartenant, « On va d’autre part jusqu’à la destruction purement somptuaire des richesses accumulées pour éclipser le chef rival… » (page 10). Ainsi par la destruction de leurs propres biens, ils démontrent à leurs opposants qu’ils ont tellement de richesses, qu’ils peuvent aisément se dispenser de leur bien, si ce n’est par le don, ce sera par la destruction. Ainsi le potlatch repose davantage sur une confrontation, où le don est une arme puissante, ayant pour vocation de dominer l’autre et de créer une hiérarchie qui pourra être rétabli au prochain potlatch, c’est en définitif un moyen pacifique de se faire la guerre autant qu’une quête de prestige.
Passons à présent aux biens utérins et masculins chez les samoans en Polynésie. Les biens utérins (tonga) et les biens masculins (oloa), sont des objets que l’on donne à l’occasion de fêtes, naissances, mariages, rites funéraires… etc. Les biens utérins se distinguent de ceux masculins par leurs représentations symboliques, nattes de mariage, talismans…etc. Comme le dit si bien Serge Tcherkézoff dans son article, La valeur immatérielle des nattes fines de Samoa : une monnaie au sens maussien[2], c’est le symbolisme lié à l’histoire familiale qui donne sa valeur au bien. Là où le oloa est davantage un bien dont la valeur repose sur son utilité, c’est un « instrument » (page 14). Mauss utilise le récit de Turner, afin de nous présenter la pratique des échanges de biens utérins et masculins. Ainsi à la suite d’une naissance, le père du nouveau-né donne l’enfant à sa sœur, l’enfant est alors vu comme étant un bien utérin. Il va ainsi en découler un système d’échange-don, entre les membres de cette famille. D’un côté on donne des biens utérins, de l’autre des biens masculins. A l’inverse du potlatch, les liens que créés les échanges ne sont pas fondés sur un rapport de rivalité (agnostique).
M. Mauss dans « L’esprit de la chose donnée », cité un peu plus tôt, nous présente le concept maorie, d’« hau » (esprit), contenu dans le « taonga », un bien voué à être donné ou échangé. Ainsi, il nous explique que tous les taongas, contiennent un hau, « … la chose reçue n'est pas inerte. » (Page 16). Le hau a pour vocation de revenir à son point d’origine, pour ce faire il faudra que le taonga passe de main en main. Les propriétaires momentanés du taonga devrons donc le donner à une tiers personne, qui devra elle-même le remettre à une autre personne et ainsi de suite. Le fait de conserver un taonga représente un risque pour son propriétaire, il pourrait lui arriver du mal, voir la mort, il est donc essentiel de ne pas le garder pour soi et de continuer à le faire circuler. Il y a un effet cumulatif dans le fait de s’échanger un taonga, puisque le hau récupère en quelques sorte, une partie de chacun de ses propriétaires « Même abandonnée par le donateur, elle est encore quelque chose de lui. » (Page 16). Ainsi que le taonga soit donné, volé ou bien perdu, le hau reste connecté à ses anciens propriétaires, « … le hau poursuit tout détenteur. ». (Page 16)
...