La non-participation électorale est elle un choix?
Dissertation : La non-participation électorale est elle un choix?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar witabix • 31 Mars 2022 • Dissertation • 5 431 Mots (22 Pages) • 440 Vues
LA NON PARTICIPATION ÉLECTORALE
Si elle a pendant longtemps été mise de côté, depuis plusieurs années maintenant, d’élection en élection l’abstention grandissante préoccupe. La non-participation électorale (ou l’abstentionnisme) peut être définie comme le fait de ne pas se déplacer pour aller voter malgré une inscription sur les listes électorales. Si elle relève d’un choix individuel, l’abstention peut également s’expliquer pour des motifs sociologiques (Vie publique).
Pour certains, elle est le signe d’une crise de la représentation et de l’affaiblissement du régime démocratique, pour d’autres elle est le résultat d’une indécision et d’un manque d’identification vis-à-vis de l’offre électorale.
L’abstention prend peu à peu une place très importante à chaque élection, pour autant, les sondages le montrent, le vote garde une place très importante dans les esprits : en 2006, 92% des français considéraient le vote comme « un devoir qu’il faut accomplir parce que c’est important ».
C’est pourquoi dans les démocraties représentatives occidentales, et depuis l’avènement du suffrage universel dans celles-ci, l’observation de la non-participation électorale dans tous types de scrutins soulève de nombreux questionnements : pourquoi s’abstient-on ? Quelles catégories s’abstiennent ? Pour quelles raisons ? Particulièrement lors de quelles élections ? La non-participation électorale est-elle un choix ?
Dans un premier temps, il s’agit d’étudier la non-participation électorale comme un phénomène socialement situé, influencé par les caractéristiques sociales (I). Et dans un second temps nous nous intéresserons à l’abstention comme un choix politique individuel (II).
I.- La non participation : un phénomène socialement situé influencé par les caractéristiques sociales
Si la hausse de l’abstention concerne tous les groupes sociaux et toutes les classes d'âge, il faut remarquer que tous ne s'abstiennent pas dans les mêmes proportions. Les femmes, les jeunes électeurs, les individus de faible niveau socio-économique ou culturel, les habitants de zones isolées ou populaires sont plus touchés par l'abstention que les autres catégories sociales
A.- Les facteurs socio-économiques et la compétence politique
1.- L'incompétence politique est un facteur d’abstention
Nous constatons que l’abstentionnisme touche plus fortement certaines catégories sociales, notamment les catégories populaires. Pour expliquer cela, Daniel Gaxie explique dans son ouvrage appelé “Le cens caché” publié en 1978, comment les catégories sociales les plus défavorisées sont exclues de la participation électorale, non pas de manière formelle comme c'était le cas au XVIIIe et XIXe siècle avant l’instauration du suffrage universel, mais de manière factuelle par l'auto-exclusion électorale des catégories les moins dotées en capital culturel et en compétence politique.
En effet, ces catégories avec moins de ressources économiques sont souvent (+ suceptibles a, mais il faut quand même nuancer car les catégories - dotés en K economiques peuvent etre dotés de K culturel…) celles qui sont les moins dotées en capital culturel, ce qui influe fortement sur le niveau de diplôme et le niveau d’instruction que reçoivent les individus. On voit que la durée de scolarisation est un des principaux déterminants de la compétence politique. Ainsi avec un diplôme plus faible (un niveau d'éducation plus faible), les individus ont du mal à constituer des connaissances et savoirs sur le monde politique et ses acteurs, tout comme des outils cognitifs qui lui permettent de le comprendre pour ainsi développer un intérêt et engagement politique. Les inégalités économiques et culturelles que conduisent aux inégalités de politisation font que lors des périodes d'élection et à l'heure de voter il y a des “agents sociaux inégalement préparés” (“Le cens caché”) et ceci se traduit par une faible participation électorale et donc un fort taux d’abstention chez ces catégories. Gaxie montre donc que l’abstention et la compétence politique sont intimement liées, et surtout cette répartition inégale de la compétence politique tend à se reproduire, ce qui suscite une abstention systématique et un écartement du jeu politique durable.
De même, ces compétences politiques peuvent jouer un rôle très important lorsque le système électoral devient de plus en plus complexe. Les électeurs ont besoin des outils pour pouvoir assimiler le système électoral, comprendre les différents scrutins, interpréter les enjeux, repérer les candidats, les partis et comprendre leur programmes, propositions et politiques tout en les situant dans un axe politique pour pouvoir les comparer. La compétence politique est indispensable pour faire un choix informé et conscient.
En outre, le temps investi à faire ce choix peut aussi être un problème pour les catégories populaires qui occupent des professions qui consomment beaucoup de temps et d'énergie. Ces individus, ayant d’autres priorités, n’ont plus le temps pour s’investir dans la politique et donc, faute de faire un choix réfléchi, les citoyens s’auto-excluent de la participation électorale et préfèrent s’abstenir.
Ainsi des élections plus complexes peuvent inciter à l'abstention. On peut prendre l’exemple des États Unis qui ont un des systèmes électoraux les plus compliqués, avec un suffrage indirect qui se superpose avec des systèmes fédéraux et différents entre chaque État. Cette complexité se révèle directement dans le bulletin de vote qui inclut non seulement l'élection présidentielle mais aussi une multitude d’autres scrutins : un seul bulletin peut inclure l'élection du président, l'élection d’un sénateur et d’un représentant au Congrès au niveau fédéral, puis un sénateur et un représentant dans l’État et même l'élection d’un juge. Le bulletin étant trop confus, il désincite les gens à voter. La complexification du vote et des élections peut être une des raisons d’une abstention très forte qui peut même atteindre les 50% aux Etats-Unis, considérés comme une "démocratie d’abstention”.
2) Un sentiment d'incompétence qui entraîne le désintérêt, l'indifférence et la distance vis-à-vis de la politique et du vote.
Cette incompétence politique va de pair avec un sentiment de se sentir incompétant. Gaxie affirme aussi qu’il y a un autre effet lié à l'appartenance sociale : c’est celui de la "compétence statutaire", c’est-à-dire que selon leurs propriétés sociales les individus ont une perception de leur compétence politique et donc se sentent subjectivement plus ou moins légitimes à s'intéresser à la politique et à participer au jeu politique. Ce sont alors les classes supérieures qui jouissent de cette légitimité politique, qui leur permet d’exprimer leurs idées politiques, participer aux débats et renforcer de cette manière leur politisation et leur engagement, elles participent donc plus activement dans le jeu politique et acquièrent finalement l’autorité politique. De façon qu’on peut observer une surreprésentation des catégories supérieures les plus instruites au pouvoir et donc symétriquement une sous-représentation des catégories populaires. Pour illustrer cela, on peut s’intéresser à la composition sociale de l’Assemblée Nationale depuis 2017 : 75% des députés sont des cadres et ocuppent professions intellectuelles supérieures tandis que les catégories populaires (ouvriers et employés), qui représentent effectivement la moitié de la population, n’ont que 10 députés soit 1,7%.
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