L'insertion sociale des sans abris
Mémoire : L'insertion sociale des sans abris. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar aquelcoun • 8 Novembre 2020 • Mémoire • 13 310 Mots (54 Pages) • 1 044 Vues
Université de Bordeaux
Collège Sciences de l’Homme
L’INSERTION SOCIALE
DES SANS-ABRI
Mémoire Licence
Mention Sciences de l’Éducation
2019
SOMMAIRE
INTRODUCTION
- LES PERSONNES SANS-ABRI
- L’ampleur de la pauvreté dès la fin du XXe siècle en France, jusqu’à nos jours.
- La pluralité des expériences de vie des sans domicile
- LES DIFFERENTES METHODES DE RECHERCHES ET LES DIFFERENTS POINTS DE VUE SELON LES AUTEURS A L’EGARD DES SANS-ABRI
- Des personnes désocialisées
- Des personnes socialisées
- LES DIFFERENTS MOYENS MIS EN PLACE POUR INSERER LES PLUS VULNERABLES
- Une aide multidimensionnelle
- L’insertion par le logement
- L’accès aux soins
- L’insertion professionnelle
- LES TEMOIGNAGES
- « L’Amour m’a sortie de la rue »
- L’incroyable histoire de Jean-Marie Roughol
- D’enfant immigré, placé en foyer, à un adulte séparé
- L’insertion professionnelle grâce à ATD quart Monde
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
INTRODUCTION
L'an dernier en France, au moins 615 sans domicile fixe seraient morts dans la rue, selon les derniers chiffres proposés par le collectif "Les morts de la rue" le 01 Avril 2019. Mon cette inquiétude face à cette situation remonte depuis mon arrivé pour mes études supérieures en 2016 à Bordeaux, ne m’attendant pas à voir autant de personnes sans abri dans les rues. Comment ne pas être consterné face à ce terrible constat ? Vis-à-vis de leur situation, je me suis donc intéressée à ce public, et aux moyens mis en œuvre pour leur permettre de se réinsérer dans la société. Lorsque je parle de personne « sans domicile fixe », je ne parle pas des Tsiganes ou de personnes nomades, mais des personnes qui vivent dans la pauvreté et qui n’ont pas de toit pour dormir par manque de moyen financier, mais qui peuvent être amenés à passer la nuit dans des centres d’hébergements par exemple. Je m’intéresse plutôt aux SDF de plus de vingt cinq ans et plus, c’est-à-dire à des SDF adultes. Dans le but de répondre à ma question de recherche, j’ai décidé d’écrire ma prestation sous le format synthèse. Afin d’approfondir ma thématique et de compléter ma démarche théorique, j’ai effectué une exploration de terrain.
En effet, j’ai eu un entretien avec une personne travaillant au secours catholique. Cette personne je l’avais déjà interrogé dans un cadre d'une autre étude. A ce moment-là, elle m'avait fait part de ses initiatives pour le secours catholique, alors je me suis permis de la recontacter à ce sujet, auquel elle a une nouvelle fois accepté. J’ai également effectué des observations des sans domicile fixe à divers endroits de Bordeaux, où j'ai pu observer leur attitude, leur style vestimentaire, et les interactions avec les passants. Enfin, j’ai surtout eu la chance d’explorer un CHRS à Agen (centre d’hébergement et de réinsertion sociale), auprès d’une conseillère en insertion sociale et professionnelle. Cette femme, que j’ai contacté à travers les réseaux sociaux, a pu me décrire le fonctionnement d’un centre d’hébergement et de réinsertion sociale, et d’autres structures dans lesquelles elle travaille également.
« Parmi les figures historiques du monde des marginaux, les mendiants et les vagabonds ont traversé les siècles sans jamais cesser d’inquiéter les autorités qui, au gré des perceptions sociales, ont oscillé en permanence entre assistance et répression. » (Kitts, 2008). Autrefois appelés, « les vagabonds », « les mendiants », on peut constater que ce phénomène de personnes vivant dans la rue, n’est pas nouveau. Afin d’évoquer l’historicité de ces personnes sans domicile, nous allons nous appuyer sur l’article de Antony Kitts « Mendicité, vagabondage et contrôle social du Moyen Age au XIXe siècle : état des recherches », paru en 2008. Le terme de mendicité est un mot latin, « mendicitas » et est attesté vers 1278, désignant un « état d’indigence extrême, état de celui qui demande l’aumône ». En ce qui concerne l’adjectif vagabond, il est attesté vers 1382, issu du latin vagabundus, « personne qui mène une vie errante ». Puis, en 1502, le vagabond désignera une personne sans domicile fixe.
Dans l’article de Frédéric Viguier « D’ailleurs et de nulle part : Mendiants vagabonds, clochards, SDF EN France depuis le Moyen-âge», de 2013, l’auteur retrace justement la vie des SDF depuis le début du Moyen-âge. L’auteur nous affirme que ces personnes sans domicile fixe sont malgré tout intégrées dans la société, car les plus riches, grâce à eux, obtenaient leur statut social par la charité. En revanche, avec les crises économiques, les épidémies et les accidents climatiques par exemple, la perception de la pauvreté va être modifiée à la fin du Moyen Âge. Il y va y avoir un accroissement de la pauvreté errante. « Au Moyen Âge le vagabondage était pour suivi sans être défini. Des mots comme « caymands », « mâraux », « oyseux », « ruffians », désignaient les errants, sans distinctions claires. » (Damon, 2012). Des formes de méfiance vont apparaître envers les mendiants itinérants à partir du XVe siècle. Leurs comportements dérangent de plus en plus la population française. Il faut attendre le début du XVIe siècle pour qu’une ordonnance de François Ier, en 1534, apporte un premier élément de caractérisation en parlant de « tous vagabonds, oisifs, gens sans aveu et autres qui n’ont aucun bien pour les entretenir et qui ne travaillent ne labourent pour gagner leur vie ». Ils sont perçus comme des voleurs, des mauvaises personnes, des personnes sales, méchantes. On bascule dans l’idée que, si ces personnes-là se retrouvent dans cette situation, c’est de leur faute. « À partir du XVIesiècle, cette stigmatisation s’impose durablement dans une société où leurs comportements remettent en cause des valeurs comme la sédentarité et le travail. » (Kitts, 2008). Petit à petit le pouvoir royal va interdire la mendicité, et cet acte sera puni par la loi, allant à des peines de trois mois à dix ans selon les circonstances aggravantes, puis envoyé dans des dépôts de mendicité. Deux structures marqueront les XVIIe et XVIIIe siècles : l’hôpital général créé en 1656, et les dépôts de mendicité créés en 1764. Ces dispositifs poursuivent un même objectif de réinsertion par le travail. En effet au XVIIe eu lieu le grand renfermement des pauvres dans des bâtiments. Très vite sont apparus des ateliers de charités où cette fois-ci l'objectif était plutôt de les guérir, de les convertir ou de les punir. A partir de 1810, le code pénal fixe une nouvelle définition : « Les vagabonds ou gens sans aveu sont ceux qui n’ont ni domicile certain, ni moyens de subsistance, et qui n’exercent habituellement ni métier, ni profession. ».
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