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L’école républicaine, une fonction d’intégration affichée

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Par   •  3 Avril 2014  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 418 Mots (6 Pages)  •  759 Vues

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I. L’école républicaine, une fonction d’intégration affichée

1. L’intégration citoyenne

La IIIe République, à la fin du XIXe siècle, a affirmé avec force le caractère indispensable, au coeur

du contrat républicain, d’une école obligatoire, gratuite et laïque. Ce faisant, elle assignait à cette

institution des objectifs à la fois culturels, sociaux et politiques qui convergeaient vers l’intégration

des futurs citoyens à la communauté nationale. Les célèbres « hussards noirs de la République »,

les instituteurs, avaient en effet pour mission d’instruire les jeunes, notamment en unifiant linguistiquement

le pays et, à travers cette première mission, de favoriser l’intégration politique des

générations montantes autour des valeurs du pacte républicain. S’ajoutaient à ces objectifs à la

fois le souci d’élever le niveau d’instruction de la population dans une optique productive, mais

aussi celui de diffuser l’éthique méritocratique qui, au-delà des avantages ou des handicaps liés

au milieu social d’origine, devait assurer une véritable égalité des chances et favoriser la fluidité

sociale et le brassage du corps social.

2. Un facteur de la cohésion sociale

Cette culture fondatrice de l’école républicaine s’est transmise à travers le temps et les péripéties

politiques, et elle est, aujourd’hui encore, au fondement du discours officiel sur les missions

de l’école, en même temps que sont venues s’y ajouter des préoccupations plus pragmatiques

sur l’adaptation des générations montantes aux besoins de l’activité économique et du marché du

travail. D’ailleurs, ces nouveaux objectifs ne sont a priori pas contradictoires avec les objectifs politiques

d’intégration puisqu’il est évident que l’insertion professionnelle sur le marché du travail

est un des vecteurs primordiaux de l’intégration sociale des individus et, au-delà, de la solidarité

organique et de la cohésion sociale. Cependant, l’examen des programmes d’instruction civique,

dès l’école primaire, ne laisse aucun doute sur la volonté des institutions politiques, à travers le ministère

de l’Éducation nationale, de continuer à faire de l’école le principal canal de transmission

des valeurs du « vivre ensemble » républicain : qu’il s’agisse des principes éthiques fondateurs,

des règles de la vie en communauté, de l’affirmation du primat de la loi ou des fondements de

Sujet 2 – Le corrigé

la vie démocratique, le messager est clairement désigné : le professeur des écoles porte sur ses

épaules cette lourde responsabilité collective.

3. Le diplôme comme reconnaissance de la compétence du mérite

Une autre fonction de l’école consiste à attribuer, au fil des années d’études, les diplômes qui

attestent des acquis et reconnaissent le mérite et sont donc, de ce fait, perçus par le corps social

comme des « sésames », des clés incontournables de l’insertion sur le marché du travail. Sur ce

point, on voit déjà poindre un élément d’ambiguïté.

Le diplôme, simple reconnaissance d’un niveau de compétence, est souvent analysé par celui qui

le reçoit comme une sorte de droit à l’emploi correspondant. Dans un marché du travail atone,

où 10 % environ de la population active est à la recherche d’un emploi, une telle illusion est à

l’origine de déceptions parfois sévères.

L’augmentation du nombre de diplômes attribués correspond au mouvement de massification de

l’école qui est intervenu à partir du milieu des années 1960 : en 1970, le baccalauréat a été attribué

à 167 000 candidats (20 % d’une génération), alors qu’en 2011 le nombre dépassait le demi-million

(soit 71 % de la génération). Cette évolution a également concerné l’enseignement supérieur avec

une diversification des filières de formation permettant l’accès aux diplômes d’études supérieures

pour une proportion croissante des enfants de milieux sociaux pour lesquels l’école était, jusqu’alors,

un monde étranger.

La progression a d’ailleurs été particulièrement sensible pour les filles, dont la réussite scolaire est

désormais supérieure à celle des garçons, ce qui devrait constituer un facteur d’intégration professionnelle

et sociale primordiale et d’égalisation des chances d’accès aux postes de responsabilité.

Ainsi, toutes les conditions semblent avoir été peu à peu réunies pour que l’école apporte sa pierre

à la construction d’une société rassemblée autour des valeurs partagées du mérite, de l’égalité des

chances et de l’épanouissement personnel, condition d’une cohésion sociale plus harmonieuse.

Mais la réalité des faits oblige à nuancer ce tableau exagérément optimiste.

II. La culture scolaire, un patrimoine toujours discriminant

1. Réussite scolaire et origine sociale

Les performances scolaires des enfants ne sont pas indépendantes de leur origine sociale et de

...

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