Loi sur la comptabilité et le droit fiscal : deux amants inséparables ?
Analyse sectorielle : Loi sur la comptabilité et le droit fiscal : deux amants inséparables ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ghoufrane • 12 Septembre 2014 • Analyse sectorielle • 4 098 Mots (17 Pages) • 615 Vues
Droit comptable et droit fiscal:
deux amants inseparables?
Michel De Wolf,
Professeur a l'U.C.L.,
Membre du conseil de l'I.R.E., DE WOLF, GILSON, THIEREN & Co -
association de nSviseurs d' entreprises
Introduction
La promulgation dans l' ordre juridique beIge d'un droit comptable digne de ce
nom s' est accompagnee, dans la seconde moitie des annees septante, des plus
belles declarations de principe sur les rapports que le nouveau-ne aurait a entretenir
avec la fiscalite.
Etaient proclamees:
- la neutralite du droit comptable par rapport au droit fiscal:
"Le Gouvernement [ ... ] n'entend pas modifier indirectement, par l'effet des
dispositions a arreter, la portee de la legislation fiscale actuelle. 11 veillera a
cette neutralite fiscale et prendra, le cas echeant, les initiatives necessaires sur
le plan legislatif, reglementaire ou administratif en vue de 1'assurer" (1);
- la primaute du droit comptable sur le droit fiscal:
"[L]es regles en matiere d'evaluations, d'amortissements, de reductions de
valeur et de provisions pour risques deposees dans le present arrete seront
acceptees par I' administration fiscale pour la determination de I' assiette taxable,
sauf dans la mesure ou il y serait deroge explicitement par la legislation fiscale"
(2).
En outre, on aurait pu attendre que, tirant les consequences de la modernisation
de l'outil comptable, le fisc acceptat dorenavant les donnees d'une comptabilite
reguliere comme suffisamment demonstratives du montant, voire de la qualification,
des revenus et des charges des entreprises. Cette faveur aurait constitue,
sur le plan fiscal, la transposition du nouvel article 20 du Code de commerce en
matiere de preuve entre commerc;ants (3).
(1) Expose des motifs de la loi du 17 juillet 1975 relative a la comptabilite et aux comptes
annuels des entreprises, Doe. parI. Senat 1974-1975 , n° 436/1, 4.
(2) Rapport au Roi precedant l' arrete royal du 8 octobre 1976 relatif aux comptes annuels
des entreprises, M.B. 190ctobre 1976.
(3) "La comptabilite regulierement tenue peut etre admise par le juge pour faire preuve
entre commerc;ants pour faits de commerce." La loi vi se l'utilisation par un commerc;ant
de sa propre comptabilite contre un autre commerc;ant, relativement a un engagement
commercial de ce dernier.
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DROIT COMPTABLE ET DROIT FISCAL: DEUX AMANTS INSEPARABLES?
Un quart de siecle plus tard, force est de constater que tous ces augures ont ete a
plus d'une reprise dementis par les faits.
La neutralite du droit comptable
En 1975, le Gouvernement s' etait donc engage a prendre les mesures appropriees
pour que les obligations comptables supplementaires qui seraient imposees aux
contribuables n' entrainent pour eux aucun alourdissement correlatif de leurs charges
fiscales.
Cette promesse deboucha sur plusieurs mesures concretes.
Ainsi, la regIe comptable imposant d' acter les amortissements systematiquement,
independamment du resultat, etait susceptible d'aggraver les pertes et, partant,
de rendre plus aleatoire leur complete recuperation dans le delai fiscal de I' epoque,
a savoir cinq ans. La loi du 8 aout 1980 a des lors permis la deduction, sans
limitation dans le temps, des pertes professionnelles, dans la mesure ou elles
n' excedent pas le montant des amortissements admis au point de vue fiscal a titre
de charges professionnelles et pour autant qu' elles n' aient pas pu etre deduites au
cours de la periode normale de cinq ans.
Comme applications du principe de neutralite, on peut egalement citer 1'inclusion
de diverses options dans le droit comptable, de maniere a sauvegarder les interets
fiscaux des entreprises. Dans cette perspective, l' article 28 § 2 de l' arrete royal
du 8 octobre 1976 relatif aux comptes annuels des entreprises (ci -apres, l' arrete
comptable) admet, moyennant le respect des formalites stipulees, que les
immobilisations puis sent faire I' objet, conformement aux dispositions fiscales
en la matiere, d'un plan d'amortissement accelere, c'est-a-dire depassant ce qui
est economiquement justifie. De meme, l'article 44 a permis de porter directement
au passif du bilan, parmi les plus-values de reevaluation, certaines reprises
de reductions de valeur qui, autrement, auraient ete taxables. Apres avoir exprime
sa preference pour les couts de revient semi-complets, I' article 22laisse la faculte
de
...