Les Classes Sociales

Introduction

« Oubliées », « écrasées » selon certains, les classes moyennes font régulièrement la une des médias et demeurent au coeur des débats actuels. Mais qu'entend-on par classe moyenne ? Il apparaît difficile d'apporter une réponse à ce questionnement puisqu'il n'existe pas de réel consensus sur ce qui la définit, ni sur ce qu'il faut pour en faire partie. Comme pour la pauvreté, il n’existe pas de définition objective des classes moyennes. Dans l'imaginaire collectif, elles représentent cet « entre-deux » situé quelque part entre le « haut » et le « bas » de la société (pour reprendre l'expression d'Henri Mendras) mais qui demeure « toujours assez riches pour payer les augmentations d’impôts et jamais assez pauvres pour bénéficier des allocations » tel que l'exprimait Nicolas Sarkozy en 2005, alors président de l'UMP.

Si cette position parait, de prime abord, ingrate, de plus en plus d’individus tendent pourtant à s’y identifier et se considérer comme faisant partie de ce vaste grand ensemble que représentent les classes moyennes. Si une majorité d’entre nous s’y rattache, en quoi pouvons-nous affirmer que les classes moyennes sont représentatives des transformations de la société française ?

Après un bref rappel des grandes théories de classement de la société, nous tenterons de déterminer les contours des classes moyennes à travers l’étude des différentes approches de ce concept qui demeure flou. Considéré comme le coeur de la société depuis plusieurs décennies, il apparait judicieux d’analyser

Néanmoins, nous pouvons nous interroger sur l’avenir de cette classe à travers le questionnement récurrent de la moyennisation : tenderait-on vers une société sans

classes ? En poussant la réflexion plus loin, pouvons-nous seulement encore utiliser la notion de classe sociale telle que nous la connaissons pour comprendre la stratification sociale ?

la naissance de cette notion de ”classe moyenne” et l'évolution de

cette dernière dans la société afin de mettre en évidence leur rôle et leur importance au sein des

transformations sociales.

I- Bref rappel des théories sur les classes sociales, et tentative de définition de “classe moyenne”

A- Rappel des différentes définitions de la notion de “classe sociale”

Notion sociologique de classe sociale qui apparaît avec l’industrialisation.

Dans sociétés modernes, certains auteurs ont cherché à regrouper les individus en groupes homogènes selon différents critères : leur statut social, leur mode de vie, leurs intérêts ...

Notion de classe sociale n’a pas de réelle existence légale : ne sont pas institutionnalisées dans société tels que l’étaient les ordres sous Ancien Régime.

Au sens large, classes sociales = groupes sociaux plus ou moins homogènes qui doivent leur existence à leur place dans la division du W et qui se différencient par leurs conditions matérielles d’existence, de style de vie et de certaine reproduction de leur position entre générations.

Sociologues ont recours à notion de classes sociales pour rendre compte des différences de position et de destinée des individus dans société.

Deux grandes conceptions de “classe sociale” :

-Karl Marx 1818-1883 (conception réaliste) : société se polarise nécessairement autour de deux classes opposées prolétariat/bourgeoisie = vision antagoniste de la société.

Classes sociales définies par rapport à la position occupée par les individus dans processus de fabrication. Position caractérisée essentiellement par possession de moyens de production.

Dans mode de production capitaliste, classe bourgeoise est propriétaire de moyens de production et prolétariat ne dispose que de sa force de travail = rapports de domination.

Membres d’une classe développent une conscience de classe avec un sentiment d’appartenance à un groupe ayant les mêmes intérêts, puisqu’ils sont placés dans mêmes conditions matérielles. Conscience de classe débouche sur la lutte des classes.

Pour Marx, classes sociales ne sont pas seulement un outil de description sociologique, elles ont également une très grande portée historique : “l’histoire de toute société est l’histoire de la lutte des classes”. Lutte des classes conduirait à dictature du prolétariat, étape essentielle pour mise en place d’une société sans classes.

-Weber 1864-1920 (conception nominaliste) :

Contrairement à Marx, Weber n’est pas poussé par idéal idéologique et politique : ne conclut pas à une domination d’un groupe sur un autre + il n’y a pas forcément de conscience collective.

Classes sociales sont juste une manière pour lui d’éclairer la réalité telle qu’il la conçoit : sont donc un outil pour comprendre la réalité = conception nominaliste, c’est-à-dire qu’il ne conclut pas à l'existence “réel” des classes sociales.

Classes sociales sont pour lui une seule partie de stratification sociale. Distingue 3 sphères d’activités sociales :

- la classe : repose sur l’ordre économique = chance pour un individu d'accéder au patrimoine (richesses dites acquises) et aux biens de consommations.

Pour lui, parler de “classe” c’est uniquement parler des ressources éco.

- le statut : repose sur l’ordre social, cad le prestige de la place dans la société,

- Le parti : repose sur l’ordre politique, cad proximité avec le pouvoir.

Mais pour lui, ces 3 ordres ne sont pas liés corrélativement : un individu peut très bien adhérer à un parti et donc avoir une reconnaissance dans l’ordre politique sans pour autant avoir des ressources économiques élevées.

Weber parle de groupes de statut : ensemble d’individu positionné sur le même plan en terme de prestige indépendamment de leurs ressources économiques.

B- Tentative de définition des termes “classes moyennes”

Classe moyenne : expression qui ne peut être associée d'emblée à un groupe sociale précis contrairement à bourgeoisie et à classe ouvrière.

Tout le monde est en mesure de sentir intuitivement ce que peut recouvrir cette notion. Toutefois, il n’y a pas de définition

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