Les Adolescents Travailleurs De Lima Face à A Descolarisation

I- Les adolescents travailleurs de Lima : caractéristique (profil) et typologie de travail

a) Caractéristique (profil)

Les adolescents travailleurs de Lima sont pour la plupart âgés de 14 à 16 ans. Ils représentent 16,6% des adolescents travailleurs sur l’ensemble du pays selon le chiffre publié par l’INEI en 2008. Ce chiffre montre que le travail adolescent est un fait courant à Pérou, notamment dans sa capitale Lima.

Pour la plupart des cas, ces adolescents travailleurs exercent des activités allant du commerce ambulant ou du marché aux diverses activités relevant des « petits services » et des occupations domestiques.

La majorité de ces adolescents travailleurs habitent dans des quartiers populaires de Lima et vivent dans des conditions de grande précarité.

Selon l’auteur, parmi ces adolescents travailleurs, on dénombre autant d’élèves hors l’école que d’élèves scolarisés. Ce dernier étant possible du fait du rythme scolaire péruvien par « service ».

En effet, devant une situation de grande précarité familiale, sociale et/ou financière, ces adolescents se voient dans l’obligation d’apporter de l’aide à sa famille en participant au budget du ménage. D’où leur recours au travail afin de maintenir à flot l’économie familiale. De cette situation naît la question de l’auteur sur les effets éventuels de cette conciliation travail-école chez les adolescents sur leur scolarisation et l’importance de l’apport financier de ce travail à l’économie familiale.

b) Une typologie de travail adolescent

Selon l’auteur, le travail adolescent se définit selon le degré de participation des adolescents aux ressources du ménage et le sens donné à l’activité économique. Dans cette typologie, l’auteur prend en compte les réalités socio-économiques des adolescents et de leurs familles. Une typologie qui se définit en fonction de l’importance de l’apport financier du travail exercé par les adolescents sur le budget quotidien de leur famille et du sens donné à leur activité.

Tous ces critères amènent l’auteur à la catégorisation de ce travail adolescents. Il nous en propose 5 catégories:

- L’aide non rémunérée à la micro entreprise familiale

- La quête d’un argent de poche régulier

- Le travail hors du cadre familial comme apport au budget du ménage

- Le travail pour la survie de la famille

- Le travail comme projet de vie alternatif

De par cette typologie proposée par l’auteur, nous pouvons dire que dans les deux premières catégories, les adolescents travailleurs n’ont pas une ‘obligation financière’ envers leur famille. Leur choix d’exercer une activité économique leur est propre. Ce qui leur permet de subvenir à leur besoin quotidien, notamment les dépenses liées à leur scolarité. Dans ces cas de figure, les adolescents travaillent sans que le temps de travail n’entame celui du scolaire. Les adolescents appartenant à ces deux catégories ont alors une plus grande possibilité de concilier le travail et l’école. Et généralement, selon toujours les points de vue de l’auteur, les adolescents faisant partis de ces deux premières catégories ont une vision positive de l’école et la considère comme outil d’ascension sociale pour ne pas reproduire les conditions sociales de leurs parents qu’ils considèrent comme un « contre référence » si on utilise le terme de l’auteur. Contrairement aux adolescents des deux premières catégories, ceux qui appartiennent aux trois dernières catégories sont plus impliqués au maintien de l’équilibre financier de leur famille. De ce fait, leur famille demande aux adolescents travailleurs une plus grande participation financière. Ce qui leur demande un investissement financier et temporal plus important.

Dans ce sens, l’auteur nous laisse alors entendre que plus l’implication des adolescents au budget du ménage est importante, plus leur risque de déscolarisation est considérable. Toutefois, cette implication ne se suffit pas à elle-même pour les amener à s’éloigner du système scolaire, voire à être déscolarisé.

En effet, l’auteur nous explique que pour déterminer les causes de cette déscolarisation, plusieurs facteurs devront être pris en compte. Des facteurs qui ne sont « jamais » autonomes mais imbriqués entre eux. Des facteurs incluant le parcours de vie de ces adolescents, leur situation familiale, leur rapport à l’école,… .

II- La déscolarisation : un phénomène complexe, résultat de processus combinatoires

a) L’émergence du terme déscolarisation

C’est un terme nouveau qui ne figure pas dans le dictionnaire. C’est un concept assez récent dans le vocabulaire français qui date d’environ une dizaine d’année.

Il désigne une perte de scolarisation chez les adolescents. Autrement dit, ce terme signifie la sortie prématurée des adolescents du système éducatif.

La déscolarisation définit une situation où les adolescents ne sont pas, voire ne sont plus scolarisés.

Nombreuses sont les études menées pour cerner ce phénomène qui renvoie à diverses appellations.

Lange définit la déscolarisation comme une diminution des entrées des enfants en âge scolaire d’une part, et d’autre part comme l’augmentation des abandons en cours d’études.

Geay et Meunier quant à eux définissent la déscolarisation tant par la situation objective de l’élève (arrêt de fréquentation), que par sa désignation comme tel par l’institution scolaire.

Jacqueline Costa-Lascoux, lors de son intervention pendant la rencontre organisée par la Maison des enseignants de Grenoble parle de « démobilisation scolaire » pour désigner la déscolarisation.

Toutefois, les points de vue de ces auteurs qui ont étudié ce phénomène de déscolarisation se convergent en précisant que la déscolarisation est le produit de processus multifactoriels. C’est d’ailleurs l’analyse de ces nombreux facteurs qui permet de la comprendre.

b) Déscolarisation : un processus non un fait

La déscolarisation des adolescents travailleurs est un processus et non un fait.

Comme

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