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La Violence légitime

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Par   •  11 Novembre 2012  •  1 596 Mots (7 Pages)  •  1 374 Vues

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1.3- Weber : le monopole de la violence légitime

Les concepts d’État et de violence légitime ont été et définis par Max Weber. Il a pensé l’État comme détenteur du monopole de la violence légitime. Nous allons à la fois expliciter et préciser cette définition et ses conséquences, pour penser l’État français en guerre d’Algérie.

Les ouvrages de Max Weber, Économie et société 169 et Le savant et le politique 170 , ont exercé une grande influence sur la théorie de l’État. Cependant, Weber ne fait pas une théorie de l’État ; il le précise lui-même dans l’ouvrage Le savant et le politique. Il définit les notions de légitimité et de domination.

« Comme tous les groupements politiques qui l’ont précédé historiquement, l’État consiste en un rapport de domination de l’homme sur l ‘homme fondé sur le moyen de la violence légitime (c’est-à-dire sur la violence qui est considérée comme légitime). L’État ne peut donc exister qu’à la condition que les hommes dominés se soumettent à l’autorité revendiquée chaque fois par les dominateurs. (…) Il y a trois raisons internes qui justifient la domination, et par conséquent il existe trois fondements de la légitimité. Tout d’abord, l’autorité des coutumes sanctifiées par leur validité immémoriale et par l’habitude enracinée en l’homme de les respecter. Tel est le pouvoir traditionnel que le patriarche ou le seigneur terrien exerçait autrefois. En second lieu, l’autorité fondée sur la grâce personnelle et extraordinaire d’un individu (charisme) ; elle se caractérise par le dévouement tout personnel des sujets à la cause d’un homme et par leur confiance en sa seule personne en tant qu’elle se singularise par des qualités prodigieuses, par l’héroïsme ou d’autres particularités exemplaires qui font leur chef. C’est là le pouvoir “charismatique” que le prophète exerçait, ou – dans le domaine politique – le chef de guerre élu, le souverain plébiscité, le grand démagogue ou le chef d’un parti politique. Il y a enfin l’autorité qui s’impose en vertu de la “légalité”, en vertu de la croyance en la validité d’un statut légal et d’une “compétence” positive fondée sur des règles établies rationnellement, en d’autres termes l’autorité fondée sur l’obéissance qui s’acquitte des obligations conformes au statut établi 171 . »

La notion de domination est associée, chez Weber, à celle de sens et de légitimité. Weber avance une sociologie compréhensive, c’est-à-dire une sociologie qui s’intéresse au sens que les acteurs donnent à leurs actions. La légitimité est le sens acceptable que revêt une relation sociale aux yeux de ceux qui y participent. Concernant ces trois types de domination, nous pouvons évoquer la figure du général de Gaulle. Lors de son retour au pouvoir en 1958, il est le chef de guerre, celui qui peut « sauver la France ». De Gaulle bénéficie du pouvoir charismatique dont parle Weber. Il est l’homme du 18 juin, celui qui a sauvé la France et il est du côté des « justes », c’est-à-dire les résistants. C’est bien le peuple souverain que de Gaulle a incarné pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans les représentations collectives d’après guerre, il est l’homme par lequel la souveraineté du peuple a subsisté pendant l’occupation allemande. Pour le peuple français, il a la légitimité résultant de son charisme de chef de guerre et de sauveur de la nation et celle des institutions, puisqu’il est investi par l’Assemblée nationale.

C’est dans l’ouvrage Économie et société, au chapitre consacré aux concepts fondamentaux de la sociologie, que Weber propose sa définition de l’État : « Nous entendons par État une entreprise politique de caractère institutionnel lorsque et tant que sa direction administrative revendique avec succès, dans l’application des règlements, le monopole de la contrainte physique légitime 172 . » De cette formulation complexe, qui associe plusieurs notions, se dégage celle qui est fondamentale : la monopolisation de la violence légitime par l’État. Pour Weber, le recours à la contrainte physique n’est pas l’unique moyen d’action des gouvernants ni même le moyen habituel ou normal qu’ils utilisent pour imposer leur volonté : « “Tout État est fondé sur la force”, disait un jour Trotski à Brest-Litovsk. En effet, cela est vrai. S’il n’existait que des structures sociales d’où toute violence serait absente, le concept d’État aurait alors disparu et il ne subsisterait que ce que l’on appelle, au sens propre du terme, l’anarchie. La violence n’est évidemment pas l’unique moyen normal de l’État – cela ne fait aucun doute – mais elle est son moyen spécifique 173 . » Néanmoins, dans une société organisée en État, aucune autre instance n’a le droit d’user de la violence sans y être autorisée par lui. Ainsi la violence légitime serait celle qui est utilisée conformément à la loi et au droit. Dès lors, toute autre forme de violence présente dans la société est considérée comme illégitime.

Confronté à une guerre de décolonisation, telle que la guerre d’Algérie, l’État

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