La Classe Moyenne Marocaine
Note de Recherches : La Classe Moyenne Marocaine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 17 Mai 2012 • 2 109 Mots (9 Pages) • 1 216 Vues
Royaume du Maroc
Conférence-débat sur les
classes moyennes au Maroc Rabat, le 6 mai 2009
Intervention de
Monsieur Ahmed LAHLIMI ALAMI, Haut – Commissaire au Plan
Les classes moyennes marocaines
caractéristiques, évolution et facteurs d’élargissement
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Contexte national de l’étude sur les classes moyennes marocaines
L’étude dont nous présentons, aujourd’hui, les résultats porte sur la définition des classes moyennes marocaines, l’analyse de leurs caractéristiques socio- économiques, de la nature de leur évolution et de ses facteurs.
Son élaboration fait suite au Discours Royal du 30 juillet 2008 dans lequel Sa Majesté le Roi a donné, à l’occasion de la Fête du Trône, Ses Hautes Instructions au Gouvernement «de veiller à ce que toutes les politiques publiques soient stratégiquement vouées à l’élargissement de la classe moyenne, pour qu’elle soit le socle de l’édifice social, la base de la stabilité, et un puissant catalyseur de la production et de la créativité ».
C’est de ces Hautes Directives que procèdent les efforts fournis par le Haut - Commissariat au Plan (HCP) pour conduire, dans les meilleurs délais, la réalisation, l’exploitation et l’analyse des données de l’enquête sur les « revenus et les niveaux de vie 2007 », avec l’espoir de contribuer, dans les limites de ses attributions, à la concrétisation de l’action nationale pour leur mise en œuvre.
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Quelques rappels de notions à propos de la classe moyenne
L’approche des structures sociales a été depuis le 19ème siècle, et pendant longtemps, dominée par la conception des classes sociales développée par l’analyse marxiste. Dans cette approche, les classes qui composent une société se définissent par leur position dans le système de production ainsi que par l’homogénéité de leur culture et la conscience de leurs intérêts.
La société capitaliste est analysée dans le cadre d’une vision binaire où s’opposent une bourgeoisie détentrice des moyens de production qui accapare la grande partie de la plus value créée dans l’activité économique et une classe ouvrière principale créatrice de cette plus value grâce à sa force de travail rémunérée dans des limites de sa reproduction sociale. Dans une telle vision, la paysannerie constitue une société à part où les propriétaires terriens sont appelés, en partie, à intégrer la classe bourgeoise et, en partie, voués, avec les paysans sans terre, au statut d’une réserve de force de travail à la disposition des besoins du système de production capitaliste.
D’une façon générale, les progrès du système de production et de la société capitalistes se réaliseraient dans un processus de lutte de classe qui oppose la bourgeoisie et la classe ouvrière et qui constituerait le moteur de la dynamique historique devant conduire à la disparition des classes. En attendant, la classe moyenne, dans le cadre de cette polarisation, n’obéissant à aucun des critères qui définissent une classe sociale, constitue un groupe social hétérogène, intermédiaire sans consistance conceptuelle. Elle est condamnée à adopter, de ce fait, un comportement opportuniste d’appoint à l’un ou l’autre selon les intérêts divergents de ses composantes et de la conjoncture des conflits sociaux et politiques.
Prenant à contre pied la conception marxiste, les travaux du sociologue allemand Max Weber ont apporté d’autres critères de définition des catégories sociales. Le style de vie et les modes de consommation, le prestige ou l’«honneur social» fondent, dans cette démarche, la hiérarchisation des formations sociales. Dès lors, la notion de statut s’ajoute, dans cette approche, à
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la structure sociale de classes. On peut dire schématiquement que la grille d’analyse marxiste a été quasiment dépassée dans les travaux sur les stratifications sociales parmi des auteurs anglo-saxons et l’est pratiquement parmi les économistes et sociologues contemporains.
Ces travaux tirent leur fondement et leur substance de l’émergence de nouvelles activités économiques avec la complexification croissante des structures socioprofessionnelles des sociétés post-industrielles et la montée de l’économie de la connaissance où le poids de nouvelles catégories sociales devient prépondérant dans les sphères économique, sociale, culturelle et politique.
C’est dans ce contexte que le concept de « classes moyennes » (au pluriel) a été valorisé et a donné lieu à des analyses plus élaborées permettant une meilleure connaissance des caractéristiques et des stratégies de ces classes dans leur diversité socioprofessionnelle, culturelle et politique. L’étude de leur pratique en rapport avec le marché de l’emploi, les modèles de consommation et les programmes électoraux, en particulier, a répondu aux besoins de divers centres d’intérêts et en particulier des opérateurs dans les domaines du marketing commercial et politique. Ceci a modifié l’image des classes moyennes qui sont, de plus en plus, perçues comme un facteur déterminant de la croissance économique, la stabilité sociale et le progrès culturel.
C’est ainsi que, désormais, les classes moyennes sont identifiées, beaucoup plus, sous l’angle des inégalités sociales et sont analysées selon une approche économique privilégiant les critères de répartition des revenus et des niveaux de vie. C’est à travers cette approche que s’opèrent la délimitation statistique des classes moyennes, l’analyse de leur poids et de leurs caractéristiques socio- économiques ainsi que la nature et les facteurs de leur évolution.
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Délimitation statistique des classes moyennes selon les pratiques internationales
Il convient, d’abord de dire, qu’en dehors de la Tunisie et la Chine, il n’y a pratiquement pas de définition officielle des classes moyennes. La pratique internationale recourt, en général, pour la délimitation de ces classes, à deux méthodes :
l’une dite d’auto-évaluation où l’on considère comme appartenant à une classe moyenne les ménages qui se déclarent eux-mêmes dans une position intermédiaire entre les pauvres et relativement pauvres, d’un côté, et les riches et relativement riches, de l’autre. C’est le critère dit
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