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Histoire de la pensée économique

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Par   •  5 Mai 2022  •  Cours  •  1 680 Mots (7 Pages)  •  315 Vues

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Charles BETTON – TD7

HISTOIRE DE LA PENSEE ECONOMIQUE

Einstein disait « Trois grandes forces dominent le monde : la stupidité, la peur et la cupidité ». Si l’on s’intéresse au dernier des trois adjectifs, la cupidité, il est assez facile de dire qu’il s’agit d’une idée centrale de nos sociétés modernes. En effet, l’argent est sacralisé et cela pousse nos sociétés à développer des attitudes excessives en matière de détention d’argent. L’argent pour l’argent en quelque sorte. Néanmoins, cette question n’est pas aussi récente qu’on ne peut le penser. Effectivement, dès Aristote, cette question a fait l’objet d’une analyse précise, notamment autour de la question de l’usure. On peut définir l’usure de plusieurs manières mais retenons que cela désigne les intérêts de tous les prêts qui sont effectués. L’usure attire donc déjà à cette époque la convoitise de nombreux commerçants, qui souhaitent s’enrichir. Cette question, d’abord abordé par Aristote, n’a cessé d’attiser les passions au cours des siècles et la pensée économique s’est largement emparée de ce débat. C’est pourquoi, nous nous interrogerons sur la question de l’usure depuis Aristote jusqu’à Bentham. Pour ce faire, nous verrons qu’à première vue l’usure est largement condamné, méprisé, voire interdite, avant d’observer dans un second temps le changement de paradigme concernant l’usure et l’émergence de nouvelle pensée, positives, concernant l’usure.

Avant d’aborder concrètement la pensée développée par Aristote concernant l’usure, il est important d’effectuer un travail de contextualisation. Contextualiser notre propos permet évidemment de mieux comprendre les motivations des auteurs. Aristote est un auteur de la Grèce Antique, ayant vécu dans les années 300 av. J-C. Avec un autre auteur, Xénophon, il est considéré comme l’un des premiers économistes, puisqu’ils ont tous deux rédigés des traités en ce sens. L’économie est donc un terme grec. Notons néanmoins que la discipline économique n’est pas née en même temps que sa théorisation, elle existe depuis des années déjà, notamment en Babylone et en Égypte. Aristote n’est pas qu’un économiste, il est d’ailleurs beaucoup plus connu pour ses travaux dans d’autres disciplines comme la Philosophie. Il s’agit donc d’un penseur influencé par de nombreuses matières et qui ne font pas de lui un spécialiste en économie. L’un de ses principes fondamentaux néanmoins reste la question de la vertu. Aristote développe largement la notion de vertu car elle est, selon lui, ce qu’un homme doit réussir à être : un homme vertueux. Dans ce cadre, c’est en répétant un ensemble d’actions vertueuses que l’on devient vertueux.

La vertu est donc un sentiment qui va le guider dans sa théorisation de l’économie. L’économie désigne par définition l’art de gérer un patrimoine privé, d’optimiser la gestion de la maison et c’est l’abondance des biens qui fait la richesse, et non la valeur du bien. A partir de cette définition et de la question de la vertu, Aristote va donc largement condamner l’usure. En effet, l’idée de prêter une somme d’argent dans le simple but de récupérer une somme d’argent supérieure plus tard est absolument inadmissible selon lui. Pire encore que le commerce, qu’il qualifie d’honteux car uniquement guidé par la cupidité. On voit donc ici que la morale influence largement la pensée d’Aristote et il va d’ailleurs prolonger sa théorie sur l’usure en théorisant la chrématistique.

La chrématistique est le nom donné autrefois à l’économie politique, considérée comme la science de la production des richesses. Aristote présentera deux formes de chrématistique, il considéré la première comme naturelle et nécessaire, c’est la bonne chrématistique, alors que la seconde, la mauvaise, serait contre nature et perfide. Aristote utilise parfois le même mot pour désigner l’art d’acquisition naturel, partie intégrante de l’administration domestique, et l’art d’acquérir des richesses pour elles-mêmes, contre-nature et extérieur à l’économie. C’est pourquoi certains traducteurs choisissent de rendre le premier par “économie” et l’autre par “chrématistique”, associant à ce dernier terme le sens péjoratif qu'attribue Aristote à l’activité́ commerciale. Mais chrématistique peut être traduit comme l’art d’acquisition en général, et de distinguer entre bonne et mauvaise chrématistiques, art d’acquisition nécessaire à la subsistance familiale et art commercial ayant pour fin l’enrichissement. Ce choix ne modifie en rien le sens de la condamnation générale des activités commerciales par Aristote. Aristote présente ainsi la monnaie comme une conséquence du troc mais l’introduction de la monnaie donne naissance, en retour, à une forme corrompue de la chrématistique originelle. La mauvaise chrématistique est, à contrario de la bonne, un art “contre nature” : il s’agit de l’activité́ commerciale qui consiste non à accumuler des richesses en vue d’une fin extérieure, mais pour elles-mêmes. Aristote les condamne à double titre. D’abord, il y a confusion entre moyens et fins dans la mesure où la monnaie devient ici le principe et le terme de l’échange. Cette activité n’a pas de fin déterminée, puisqu’il n'y a, par définition, pas de fin à l’accumulation de richesses : on peut et on veut en acquérir toujours plus. La morale apparait au niveau central de la chrématistique, de l’utilisation des biens, l’économie est donc ancrée dans une réflexion morale. Aristote est donc inscrit dans une pensée holiste visant l’harmonie sociale en plaçant les objectifs sociaux au centre de la réflexion et non pas l’individu.  

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