Finances islamiques
Analyse sectorielle : Finances islamiques. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Dajoe • 5 Mai 2013 • Analyse sectorielle • 1 733 Mots (7 Pages) • 604 Vues
Rencontre avec Beddy Ebnou: Finances islamiques
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mai012013
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Nous sommes allés à la rencontre de Beddy Ebnou afin de lui poser quelques questions sur la finance « islamique », sujet d’actualité à plusieurs titres. A un moment où la crise financière a mis à jour les failles d’un système financier international caractérisé (entre autres) par une déconnexion de plus en plus forte entre « l’économie réelle » et la « finance », la finance islamique, dont l’un des principes fondamentaux est justement d’être un socle pour l’économie réelle, semble être parée de nombreuses vertus « éthiques », dont celle de prohiber les profits tirés de transactions à caractère usuraire ou spéculatif. La finance « islamique » aurait-elle pu permettre d’éviter la crise ? Qu’est donc cette finance islamique dont nous entendons parler sans savoir avec précision ce dont il s’agit ? Est-ce une finance d’un genre nouveau ou peut-on la rattacher à la finance « conventionnelle » ? Est-elle une alternative crédible ? Quels sont les défis que les banques, les juristes et les financiers qui la pratiquent doivent relever ? Comment le client final peut-il être assuré qu’on lui propose bien un produit islamique ?
Vous trouverez ci-dessous les réponses délivrées par le professeur Beddy Ebnou.
Pour les lecteurs souhaitant approfondir le sujet, ils pourront écouter l’émission radiophonique « Islam et Spiritualités » de Marika El Haki du 25 Janvier 2013, traitant pendant près de deux heures de très nombreux aspects de la finance islamique et dans laquelle il est intervenu. L’audio est placé à la suite du texte.
Beddy Ebnou est directeur de l’ Advanced Studies Research Centre (Centre de Recherches et Etudes Avancées, ASRC – Bruxelles) et directeur de l’Institut des Etudes Epistémologiques, Europe (IESE – Bruxelles) . Il enseigne la finance internationale et la finance islamique à l’Université Paris-Dauphine ainsi qu’à l’Université de Cergy-Pontoise. Il est par ailleurs professeur invité à la Faculté des Sciences Islamique de Bruxelles.
Les Cahiers de l’Islam : Depuis quelques temps déjà, nous entendons parler de finance « islamique ». De quand peut-on exactement dater l’apparition de la finance islamique ?…
Beddy Ebnou : Si on veut parler uniquement de la pratique bancaire et para-bancaire de l’ère postcoloniale, la finance dite islamique remonte à la seconde moitié des années 1950, notamment au Pakistan. Certains voient dans la banque Gamar, fondée en province égyptienne en 1963, l’expérience contemporaine pionnière en la matière.
Les Cahiers de l’Islam : Le terme « islamique » est-il adéquat ? En quoi la finance islamique est-elle différente de la finance dite conventionnelle ?Beddy Ebnou : Commençons par la deuxième partie de la question. La finance dite islamique qualifie la pratique financière censée être conforme au droit musulman. Bien entendu toute pratique financière, dite conventionnelle ou dite islamique, est présumée régulée et notamment exo-régulée, même dans l’environnement le plus libéral, ne serait-ce que parce que toute pratique financière est censée être conforme au droit du pays où elle s’exerce. Ainsi par exemple une banque comme la HSBC, lorsqu’elle exerce en Grande-Bretagne, son activité est-elle évidemment censée être conforme au droit britannique, en France au droit français, aux Emirats au droit émirati, etc. C’est aussi la même chose pour les banques dites islamiques. La DIB n’est pas distincte à cet égard de la HSBC. Quelle différence alors existe-t-elle entre la pratique financière dite conventionnelle et celle dite islamique? Les banques pratiquant cette dernière se distinguent de ce point de vue par le fait que, en plus du fait d’être contraintes de se conformer au droit des Etats où elles exercent, elles s’auto-imposent une autre conformité, à savoir la conformité au droit musulman. Le droit musulman, le fiqh , fonctionne pour l’essentiel aujourd’hui comme un droit non étatique. Il s’agit alors pour les institutions financières dites islamiques d’être à la fois conformes au droit des Etats où elles exercent, c’est une contrainte externe, et il s’agit aussi pour elles de se conformer au droit musulman pour respecter les convictions d’investisseurs ou de clients qu’elles sont supposées cibler, c’est une contrainte interne. La finance islamique se distingue, en substance, par ce principe de double conformité ou de double contrainte : conformité en amont et conformité en aval ou contrainte externe et contrainte interne. Elle est donc censée être sur-régulée au moment où la finance conventionnelle est accusée d’être sous-régulée.
Revenons maintenant à la première partie de votre question : fallait-il l’appeler finance islamique ? Des appellations comme finance éthique ou FSR (Finance Socialement Responsable) auraient probablement le mérite de montrer les aspects universalisables, c’est-à-dire pouvant intéresser, en termes de principes ou de convictions morales, des segments de populations qui ne partageraient pas nécessairement la même religion ou la même culture d’origine tout en ayant sur ces questions économiques des principes éthiques communs. Cependant, dans ce domaine ce sont les banquiers qui détiennent manifestement le dernier mot. Pour l’instant, ils tiennent à l’appellation finance islamique envers et contre tous.
On peut aussi s’interroger sur la pertinence de l’épithète islamique en ce sens qu’il s’agit dans l’usage médiologique en vogue d’un terme à la fois très polysémique
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