Note Critique De L'ouvrage De Jean-François Chanlat « Sciences Sociales Et Management : Plaidoyer Pour Une Anthropologie générale »
Rapports de Stage : Note Critique De L'ouvrage De Jean-François Chanlat « Sciences Sociales Et Management : Plaidoyer Pour Une Anthropologie générale ». Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar trikitim • 14 Décembre 2012 • 3 279 Mots (14 Pages) • 1 995 Vues
Les idées clés
• La gestion telle qu’elle est pratiquée de nos jours est basée sur une logique rationaliste et technique qui vise les seuls objectifs d’efficacité et de retours financiers. La cause de ceci est historique : Des ingénieurs sont à l’origine de cette discipline, qui au départ visait l’efficacité de la production. Des considérations d’ordre plus humain y furent ensuite incorporées, mais toujours dans l’optique de rendre les ressources humaines plus efficaces. Cette logique s’est ainsi perpétuée jusqu’à nos jours.
• Cette conception de la gestion est réductionniste, car elle regarde les travailleurs comme des moyens de production et non comme des sujets. La logique de gestion basée sur la compréhension entre individus est écartée au profit de la seule logique rationaliste et technique.
• Face aux problèmes actuels de fragmentation sociale, d’appauvrissement, de précarité, de chômage et de périls écologiques dus en grande partie à cette logique, les insuffisances de cette conception réductionniste deviennent criantes.
• Dans la conception actuelle de la gestion, les considérations d’ordre humain et environnemental restent subordonnées aux impératifs d’efficacité et ne peuvent être proprement prises en compte. La conception actuelle de la gestion doit donc être élargie aux dimensions humaines centrales en envisageant le travailleur comme un sujet digne de rapports de compréhension, doté d’une affectivité et d’un vécu à prendre en ligne de compte, ainsi qu’en ré-incorporant les considérations d’éthique. Tout cela demande une communication accrue des gestionnaires avec les parties prenantes, ce qui renoue avec l’idéal démocratique de vise notre société.
• Afin de réaliser ce programme, Chanlat plaide pour plus grande ouverture disciplinaire des sciences sociales, qui serait non seulement source de progrès pour ces sciences, mais qui permettrait de parler d’une même voie au monde de la gestion.
Résumé
Introduction
L’étude de la relation entre sciences sociales et management est particulièrement intéressante en regard des récentes transformations sociales de notre société. En effet, ces récents changements se caractérisent par :
• L’hégémonie de l’économique,
• Le culte de l’entreprise
• Et l’influence croissante de la pensée managériale sur les esprits.
La logique de capitalisme, fondée sur le jeu des intérêts personnels et la recherche du profit, s’est imposée suite à la chute du mur de Berlin et de la crise de l’état providence. Cette logique est vue par

beaucoup comme l’ordre naturel des choses. Dans cette logique, nos destins personnels et collectifs devraient être confiés à la main invisible des marchés, notamment des marchés financiers.
Ce triomphe de l’économie et des marchés comme mode de régulation a donné une place centrale à l’entreprise dans notre société et culture. Longtemps considérée comme lieu d’exploitation, l’entreprise est vue à présent comme l’institution par excellence, propre à résoudre la plupart de nos problèmes.
Ce culte récent de l’entreprise a pour conséquence la diffusion massive de la pensée et de méthodes managériales dans notre société, dans les services publiques, mais aussi dans notre sphère privée : On gère ses émotions, son emploi du temps, ses relations,... On assiste à l’émergence du managérialisme, c’est à dire d’un système d’interprétation du monde à partir des catégories de la gestion, qui cherche à rationaliser toutes les sphères de la vie sociale.
Cette émergence du managérialisme à tout les niveaux peut aussi résulter du vide de sens et de signification laissé par le retrait de la religion.
Afin de comprendre les enjeux de cette évolution, il faut :
• Rappeler la nature et les projets des sciences sociales et du management,
• présenter comment le management a puisé dans les sciences sociales,
• faire état des façon dont le management traite actuellement les êtres humains.
Les constats que Chanlat pose ainsi l’amène à plaider pour l’élaboration d’une anthropologie générale.
La nature des sciences sociales
Les science sociales ont pour but de rendre intelligible la vie sociale. Comme l’homme est un animal social, les science sociales se confondent avec sciences humaines. Les sciences sociales émergent au XVIII siécle dans une société occidentale en mutation qui cherche à mieux se comprendre, à mieux expliquer ce qui se passe et à mieux contrôler et prévoir l’évolution sociale.
Au cours de leur histoire, les sciences sociales se partagent entre deux approches théoriques :
• D’une part, un courant objectiviste et causaliste cherche à établire une physique sociale. Le scientifique se distancie de son objet d’étude et essaie d’expliquer les phénomènes sociaux « de
l’extérieur », comme le font les sciences exactes.
• D’autre part, un courant subjectiviste et humaniste prend acte de la singularité de l’objet étudié.
Pour ce courant, l’homme, qui est à la fois le sujet et l’objet, ne peut pas se distancier pour considérer une réalité humaine indépendante de lui. Il faut éviter de céder à cette fausse objectivité, dans laquelle il n’y a que des structures, des forces et des institutions et non plus des hommes et des valeurs humaines.
Les sciences sociales se donne quatre exigences en matière de connaissance : Décrire, expliquer, comprendre et normer.
• Décrire : La description est l’étape préliminaire à toute analyse. C’est pourquoi les enquêtes sociales et les statistiques ont joué un rôle historique dans la formation et le progrès des sciences sociales.
• Expliquer se réfère à l’approche objectiviste évoquée plus haut tandis que comprendre se réfère à l’approche subjectiviste. Ces deux approches sont en fait complémentaires. En effet, tout phénomène humain met en jeu un vécu, des valeurs, des désirs et des significations. Ces facteurs, qui sont difficile à définir et à traiter par l’approche objectiviste, sont accessible par l’approche subjectiviste, dans laquelle
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