Les déterminants Des Prix Du pétrole
Compte Rendu : Les déterminants Des Prix Du pétrole. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Anzar • 29 Avril 2013 • 10 217 Mots (41 Pages) • 926 Vues
2. L’évolution du prix du pétrole
2.1. Les fondamentaux de l’offre
Le prix du pétrole pour l’utilisateur se décompose de la manière suivante :
Prix du pétrole = coût marginal d'extraction + rente de rareté + rente non concurrentielle + prix du carbone + taxes.
Comme pour n’importe quel bien, le prix du pétrole reflète d’abord les coûts de production et, en l’occurrence, les prix d’extraction, de transport et de raffinage. Mais il lui est généralement bien supérieur, pour des raisons qui ne tiennent pas seulement au caractère non concurrentiel de ce marché.
Le prix d’une ressource naturelle non renouvelable intègre en effet une rente de rareté qui conduit légitimement à restreindre l’utilisation de cette ressource rare. Cette rente de rareté rémunère les propriétaires des gisements, mais elle ne doit pas être confondue avec la rente non concurrentielle dont bénéficient également ces derniers grâce à leur organisation en cartel ou simplement au pouvoir de marché que leur procure leur taille.
Un élément de coût supplémentaire doit aujourd’hui être intégré au prix du pétrole, celui des émissions de gaz à effets de serre qu’implique l’utilisation de ressources fossiles. Ce coût social mondial du réchauffement climatique est, et sera, de mieux en mieux pris en compte grâce aux interventions des puissances publiques et à leur coordination internationale. Il peut prendre la forme d’une taxe carbone, de l’achat d’un permis d’émission ou simplement refléter le poids de restrictions pesant sur l’usage du pétrole. Mais il correspond dans son principe au coût du carbone émis dans l’atmosphère lors de l’utilisation du pétrole. On pourra se reporter sur ces questions aux rapports pour le CAE de Roger Guesnerie (2003) et Jean Tirole (2009).
De nombreuses autres taxes pèsent enfin sur le prix du pétrole pour le consommateur.
Il est difficile d’isoler ces différentes composantes et encore plus de les quantifier, mais elles permettent de mieux comprendre l’évolution prévisible des cours.
2.1.1. Réserves et coûts d’extraction
Chaque année, des données sur les réserves de pétrole et de gaz sont publiées par diverses organisations(2). Il s’agit des réserves prouvées et récupérables aux conditions techniques et économiques du moment. Elles montrent la très forte concentration des réserves de pétrole entre les mains d’un petit nombre de pays. Si l’on divise le volume des réserves par la production annuelle, on obtient un ratio (en années), qui est souvent trompeur et mal compris. En 1973, lors du premier choc pétrolier, ce ratio était de 31 ans et certains n’hésitaient pas à affirmer que les réserves mondiales de pétrole seraient épuisées avant 2000, en tenant compte de la croissance de la consommation. En janvier 2009, ce ratio est de 42 ans. Que s’est-il passé depuis 1973 ? Les techniques d’exploration et de production ont été grandement améliorées grâce à des innovations à diffusion rapide. Le taux de récupération a augmenté de manière significative. D’importantes découvertes ont été faites, (notamment en mer du Nord, au Brésil, en Afrique de l’Ouest). Une évolution similaire peut être attendue dans le futur pour l’exploration et la production. Le concept de réserves récupérables prouvées garde, par conséquent, une certaine élasticité. Les réserves peuvent être augmentées par l’action combinée de la technologie, des prix et des investissements. Les chiffres des réserves incluent maintenant les réserves de pétrole non conventionnel : les sables bitumineux du Canada et du Venezuela. Il faut, en outre, opérer une distinction entre, d’une part, les réserves avec les incertitudes que l’on peut avoir à leurs propos et, d’autre part, la transformation de ces réserves en capacité de production. Cette transformation implique des investissements massifs et longs. Le montant des investissements effectués déterminera l’offre disponible aux différents horizons de temps. Or, les décisions d’investissement sont complexes : elles dépendent des anticipations sur l’évolution des prix et de la demande. Le niveau du prix du pétrole encourage ou décourage ces investissements dans un mécanisme qui induit de la volatilité. Un bas prix du pétrole ralentit les investissements et prépare ainsi la pénurie future qui induira une hausse de prix et relancera un cycle d’investissements. La volatilité du prix a aussi pour effet d’accroître l’incertitude sur les prix futurs et de contribuer ainsi à réduire les niveaux d’investissement.
Le rythme des investissements dépend aussi beaucoup de la volonté politique des États qui détiennent les réserves. En 2009 et au début de l’année 2010, la dynamique des investissements pétroliers est incertaine. Ainsi, la crainte d’une offre insuffisante à terme est beaucoup plus liée à la dynamique des investissements qu’au montant même des réserves. Une illustration intéressante peut être fournie par l’Irak : l’Irak produit environ 2,5 millions de barils par jour. Certaines prévisions officielles estiment que cette production pourrait être augmentée jusqu’à 12 millions de barils par jour
d’ici 2020. Ceci impliquerait des investissements très lourds et une rénovation des infrastructures. Les spécialistes de IHS/CERA (Information Handling Services/Cambridge Energy Research Associates) pensent qu’une prévision plus raisonnable à l’horizon 2020 serait de l’ordre de 6 millions de barils par jour.
Réserves de pétrole, de gaz et de charbon, janvier 2009
Pétrole Gaz Charbon
Réserves 170,8 Gt 185 000 Gm3 826 Gt
Ratio réserves/production (en années)
. 1973
. 2009
31
42
48,6
60,4
nd
122
Concentration
des réserves (en %) OPEP 76 OPEP 48,7
Russie
Iran 53
Qatar
États-Unis 29
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