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Le Marché Et Le Principe De La Concurrence

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Par   •  23 Avril 2015  •  Fiche de lecture  •  1 818 Mots (8 Pages)  •  738 Vues

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Depuis que Xavier Niel, vice-président d’Iliad, a publié dans "les Echos" son point de vue intitulé "Free Mobile : mythes et réalités", c’est à une véritable "guerre des tribunes" qu'on assiste aujourd’hui : la presse a recueilli notamment les réactions de Martin Rogard (SACD), Olivier Roussat (Bouygues Télécom), Jean-Ludovic Silicani (Arcep), et Bruno Lasserre (Conseil de la concurrence).

Les points de vue sont si multiples qu’il n’est guère facile de percevoir l'enjeu majeur du débat. D‘autant plus que les protagonistes restent prisonniers de leur image, qui altère forcément la perception de leur discours : Free dans la posture du Robin des Bois qui défend le pouvoir d’achat des consommateurs, et les trois opérateurs historiques dans celle des grands méchants loups qui ne songent qu’à détrousser leurs clients et qui sont devenus inaudibles à force de jouer les pleureuses. Pourtant, ils ont tous un adversaire commun : le "libéralisme soviétique".

Le problème de l'itinérance

Quand le président de l’Arcep a souligné que l’arrivée d’un quatrième opérateur avait été réclamée par "la Commission européenne, les associations de consommateurs, l'OCDE, et la Commission Attali…", chacun était persuadé que l’arrivée d’un nouvel opérateur serait bénéfique pour le pouvoir d’achat des consommateurs. Mais ce sont les conditions d’attribution de la quatrième licence mobile, la mesure de l'impact économique et social du quatrième opérateur et le contrôle du respect des conditions d'attribution par le nouvel opérateur qui posent question.

Rappelons-en brièvement les principaux éléments : pour obtenir sa licence, Free Mobile devait s’engager à couvrir 27% de la population en voix et 25% de la population en data au 12 janvier 2012. En contrepartie, Free Mobile bénéficiait de trois avantages concurrentiels déterminants : le droit à l’itinérance, l’asymétrie de la terminaison d’appel (système de subventions offertes à Free par ses concurrents), et l’accès au point haut des antennes déjà installées par ses concurrents. Free Mobile doit, en outre, couvrir 75% de la population en 2015, et 90% de la population en 2018.

Mais il est rapidement apparu que contre toute logique, 90% des communications de Free passaient par le réseau d’Orange. Il est apparu aussi que Free n’avait investi, à fin 2011, que 162 millions d’euros dans son réseau. Il est apparu, enfin, que Free, curieusement, est loin d'avoir eu recours à tous les accès aux points hauts qui lui avaient été accordés pour le déploiement de ses antennes, et que le déploiement de ses propres antennes avait même ralenti depuis octobre 2011 !

Un boutique Free à Rouen le 19 novembre 2011 AFP/KENZO TRIBOUILLARD

La boutique Free de Rouen (K.TRibouillard/SIPA).

Or le régulateur a conçu les règles mentionnées ci-dessus en se basant sur ce qui s’était passé pour les deux premiers opérateurs qui sont venus concurrencer France Télécom : eux aussi ont dû déployer un réseau. Mais, comme ils ne pouvaient pas bénéficier de l’itinérance, la création d'un réseau assurant effectivement une couverture optimale était impérative. Rien de tel pour Free, qui peut, de facto, se reposer sur le réseau d’Orange tant que le sien n’est pas encore totalement déployé. À la limite, on peut même imaginer que, si le réseau de Free est quasiment inopérant pour une utilisation intensive par ses propres clients, le réseau d’Orange pourra absorber 90%, 95%, ou même 99% des appels de Free – tant il est vrai que l’obligation de couvrir 27% de la population ne signifie pas que le réseau de Free Mobile doive traiter 27% des appels passés par ou vers ses propres clients.

Itinérance vs réseau propre

Posons les éléments de réflexion plus simplement sur la table : Free Mobile n’a investi que 162 millions dans son réseau au 31 décembre 2011 – soit 10 jours à peine avant le lancement de son offre –, et envisage d’investir 250 millions en 2012, pour un total d’investissement-réseau de 1 milliard d’euros au final en 2018. Par ailleurs, Stéphane Richard a déclaré le 3 juillet que Free verserait à Orange 500 millions d’euros au titre de l’itinérance en 2012.

Pour l’instant, l’équation pour Free Mobile se résume donc à un milliard d'euros d'investissement-réseau au total d’ici 2018, et 500 millions d’euros par an versés à Orange au titre de l’itinérance.

Or, créer un réseau national 3G compatible 4G coûte au minimum... 2 milliards d’euros. Prenons l'exemple de la Roumanie, 20 millions d'habitants, trois fois moins qu'en France, un pays où les opérateurs ont du créer des réseaux mobiles "from scratch", comme Iliad aujourd'hui. Pour y créer son réseau mobile, Vodafone a dû investir 2,6 milliards d'euros, Orange 2 milliards d'euros et Romtelecom... 3 milliards d'euros !

Orange (Dominic Favre/AP/SIPA)

Orange - images d'illustration (D.FAVRE/SIPA).

Et les frais de maintenance, de développement et de mise à jour d'un réseau en France ? Ils s’élèvent, au minimum, à 20 % du coût du réseau, soit 400 millions par an, si l'on prend l'hypothèse – très basse – d'un réseau 3G compatible 4G à 2 milliards d'euros. A quoi il faut rajouter les frais de location annuels des sites, soit 150 millions d'euros (10 000 euros par site, selon un opérateur).

Sur la table, nous avons donc, d’un côté, 1 milliard d’euros d’investissement-réseau et 500 millions d’euros par an de frais d’itinérance. De l’autre, nous avons 2 milliards d’euros d’investissement-réseau (au minimum) et 550 millions d’euros

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