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La Crise Du Lait De 2012

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Par   •  2 Février 2014  •  2 755 Mots (12 Pages)  •  935 Vues

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La crise du lait de 2012

La crise du lait revient de nouveau à l’avant de l’actualité. Les producteurs laitiers manifestent comme en 2009 devant les bureaux de la Commission européenne. Ce malaise résulte de l’explosion des coûts de production et de la stagnation du prix du lait qui font que la production laitière n’est plus rentable actuellement. Cette situation pourrait encore s’aggraver par le fait que la Commission européenne veut supprimer les quotas laitiers à partir du 01 avril 2015 et que certains dirigeants politiques voudraient diminuer les subsides octroyés aux agriculteurs. Quelles solutions pouvons-nous envisager pour renverser cette situation et permettre aux agriculteurs d’obtenir un revenu décent ?

Nous sommes tous conscients de la flambée du prix de l’électricité et du mazout, du coût élevé de la main-d’œuvre qui fait fuir les entreprises vers les pays émergents, et de l’explosion ces dernières années des prix de l’immobilier au point que l’achat d’un immeuble devient financièrement très difficile pour les ménages, même lorsqu’ils perçoivent deux revenus. De même, le coût de la vie devient de plus en plus cher par l’apparition de nouvelles technologies : Smartphone, Internet, GPS, etc. Les agriculteurs n’échappent pas à cette réalité. En plus du coût élevé des bâtiments agricoles, ils doivent supporter des investissements importants pour respecter les normes sanitaires et environnementales de plus en plus exigeantes qui leur sont imposées par l’Europe. Les machines agricoles sont toujours plus imposantes, puissantes et sophistiquées ; le prix d’achat de ces engins et les frais d’entretien sont en conséquence. La hausse du prix des engrais et des pesticides au cours de ces 5 dernières années a été très importante par le fait d’un fort accroissement de la demande en provenance des pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. Le prix des céréales utilisées pour l’alimentation du bétail a lui aussi fortement augmenté. La RTBF a estimé dans un journal télévisé en novembre 2012 que le coût de production d’un litre de lait était de 40 cents. En octobre 2012, le prix de vente du litre de lait était de 33 cents. Le bilan est clair : les producteurs laitiers travaillent actuellement à perte. Pour être rentable, on estime que le lait devrait être vendu au moins 50 cents le litre. Certains agriculteurs seraient déjà heureux en le vendant à 40 cents.

Le graphique en dernière page montre l’évolution du prix du lait payé aux producteurs dans l’UE de 2001 à 2011. En 2007 et en début 2008, nous avons assisté à une envolée spectaculaire du prix des matières premières avant de connaître en fin 2008 et en 2009 une crise économique et financière mondiale. Ces événements ont eu une conséquence directe sur le prix du lait. Sinon, cette période mise à part, nous pouvons constater que le prix du lait en 2001 a diminué dans les années suivantes pour revenir au même niveau en 2012. Au cours des onze dernières années, les coûts de production ont explosé alors que le prix du lait n’a pas augmenté. Ce n’est pas étonnant que ce système s’écroule.

Le constat est douloureux pour les agriculteurs : exploiter une ferme avec des vaches laitières n’est plus une activité rentable. "Tout travail mérite salaire" ; ce proverbe a été repris par la Commission européenne dans une communication sur la relance de l’emploi et de la croissance économique en avril 2012. On comprend le découragement des agriculteurs qui bien qu’ils effectuent un travail pénible, n’ont plus droit à un salaire décent. Ils se sentent abandonnés par l’Europe et incapables de réagir car ils n’ont plus de pouvoir de négociation face aux industries de transformation du lait et aux grandes surfaces de distribution qui s’octroient des marges abusives par rapport à celles qu’eux perçoivent. Ce découragement vire au désespoir quand le résultat d’exploitation de leur entreprise se solde par un déficit et qu’ils ne parviennent plus à rembourser leurs emprunts au point d’entrer dans l’engrenage infernal où ils sont dans l’obligation de souscrire à de nouveaux emprunts pour leur permettre de rembourser les premiers emprunts.

Le problème du prix du lait, c’est que la production en Europe augmente chaque année alors que la consommation ne suit pas. Le problème risque encore de s’accentuer par la volonté de l’Europe de supprimer les quotas laitiers en 2015. Ces quotas mis en place en 1984 avaient permis de limiter et stabiliser la production laitière. Le marché sera libéralisé en 2015. Pour s’y préparer, les quotas sont augmentés chaque année de 1%. En 2011/2012, six pays ne se sont pas contentés de cette hausse et ont dépassé leurs quotas nationaux. Il s’agit de l’Autriche, l’Irlande, les Pays-Bas, l’Allemagne, Chypre et le Luxembourg qui ont accepté de payer la pénalité prévue en cas de dépassement. C’est la preuve que la PAC (Politique Agricole Commune) ne maîtrise plus l’équilibre entre l’offre et la demande et que le démantèlement progressif des quotas depuis quelques années, réalisé pourtant en douceur jusqu’à présent, engendre déjà des désordres de grande ampleur. L’Union Européenne poursuit une politique néolibérale en faveur de l’industrie laitière mais au détriment des producteurs. C’est étonnant de constater que dans deux pays, le Danemark et les Pays-Bas, qui revendiquent la suppression des quotas, la presque totalité de la collecte du lait est réalisée par une seule entreprise. En ce qui concerne les subsides, chaque année, les Etats membres de l’Union européenne versent 100 milliards d’euros pour l’agriculture. Ces subsides sont alloués en majorité aux exploitations intensives qui privilégient la production au détriment de l’environnement. Certains dirigeants politiques voudraient diminuer fortement ces subsides, ce qui serait très préjudiciable pour les petits exploitants qui pourraient disparaître tandis que les grosses exploitations intensifieraient encore leurs méthodes de culture pour augmenter leur production afin de compenser la perte des subsides. Quant aux subsides à l’exportation, ils vont sans doute disparaître pour répondre aux engagements internationaux.

Après avoir examiné la situation de l’activité laitière en Europe, plutôt déprimante au niveau des producteurs, nous allons essayer de dégager des solutions qui pourraient rendre l’espoir et la dignité aux agriculteurs.

Face à cette crise et à la fermeture des exploitations productrices du lait pour cause de non rentabilité, c’est avant tout au monde politique à prendre ses responsabilités.

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