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LES VARIABLES SOCIOLOGIQUES LOURDES DU VOTE

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Par   •  3 Novembre 2021  •  Cours  •  2 108 Mots (9 Pages)  •  598 Vues

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SÉANCE 3: LES VARIABLES SOCIOLOGIQUES LOURDES DU VOTE

Le vote de classe(s) est-il dépassé?

INTRODUCTION 

“Les gens pensent politiquement comme ils sont socialement. Les caractéristiques sociales déterminent les caractéristiques politiques” : c’est dans les années 1940, lors des élections présidentielles américaines, que Paul Lazarsfeld décide de se pencher sur la sociologie électorale. A la suite de ses travaux, d’innombrables chercheurs se questionnent sur ce sujet et de nombreux modèles d’explication du vote voient le jour comme le modèle de Michigan ou encore celui de l'électeur rationnel. Ainsi, en France dans les années 70, Guy Michelat et Michel Simon démontrent à quel point la classe sociale et l’appartenance religieuse joue un rôle important dans l’explication du vote : c’est ce qu’on appelle le vote de classe. De fait, le clivage gauche-droite est structuré d’une part à gauche par la classe ouvrière qui est plus ou moins déchristianiser et d’autre part à droite par les classes moyennes et supérieurs généralement assez croyants.

Cependant, on remarque ces dernières années que le vote ouvrier s’est largement déplacé à droite. En effet, il représente presque la moitié (37%) de l'électorat du Front National lors du premier tour des élections présidentielles de 2017. En somme, les ouvriers votent de moins en moins pour les partis du centre-gauche et de gauche, et s’orientent de plus en plus vers les partis de droite, de centre-droite, et d’extrême droite.

C’est ainsi que l’on peut se questionner sur la pertinence du vote de classe : est-il toujours d’actualité ou est-ce un concept dépassé ?

Pour répondre à cette interrogation, nous allons dans un premier temps étudier les différents modèles déterministes d’explication du vote pour ainsi voir dans une seconde partie, on va analyser un modèle électoral “plus moderne”.

I.        La pertinence des paradigmes déterministes dans l'explication du comportement électoral 

À partir de la moitié du XXe siècle, l’essor de la sociologie électorale, en lien avec le développement de sondages et d’enquêtes d’opinion, notamment aux États-Unis, transforme en profondeur l’analyse des  comportements électoraux. Si déjà à la fin du XIXe siècle le politologue André Siegfried avait proposé un modèle explicatif géographique, quelques années plus tard deux autres modèles américains viennent soutenir les arguments d’une surdétermination du vote.

  1. Le modèle de Colombia 

Dans les années 1940-50, les travaux pionniers de l'École de Colombia et en particulier du sociologue Paul Lazarsfeld marquent une avancée importante dans l’analyse des comportements électoraux. En mobilisant pour la première fois des enquêtes d’opinion panélisées auprès d’un comté de l’Ohio, Lazarsfeld et son équipe se proposent d’étudier les effets de la campagne de l’élection présidentielle de 1940 (Willkie vs Roosevelt) sur les choix électoraux. À leur grande surprise, la campagne n’a eu qu’un effet limité sur leurs choix politiques, elle n'a fait que consolider leurs préférences partisanes, sans entraîner par contre une conversion.  Les électeurs se sont majoritairement décidés bien avant la campagne et sont restés fidèles à leurs choix initiaux. Ces travaux montrent bien, donc, que les électeurs américains, tout particulièrement ceux qui ont un capital culturel et scolaire inférieur, n’accordent qu’une attention « oblique » (indirecte, intermittente) à la vie politique de leur pays et que la décision électorale est fortement prédéterminée par leurs attributs sociaux, notamment le lieu de résidence, la religion et le statut socio-économique. Par exemple, on peut distinguer les électeurs ruraux, protestants aisés qui votent dans la proportion de 3/4 pour un candidat Républicain et les électeurs urbains, catholiques et socialement défavorisés qui, inversement, votent dans la même proportion pour un candidat Démocrate. Ces prédispositions durables, enracinées dans des traditions familiales et des appartenances sociales rendent leurs orientations politiques stables et « immunisent » en quelque sorte contre les effets des campagnes électorales. Le modèle de Colombia marque l’acte de naissance de l’analyse sociologique que Paul Lazarsfeld résume d'une formule restée célèbre : « Une personne pense, politiquement, comme elle est socialement ». Autrement dit, les caractéristiques sociales des individus déterminent leurs caractéristiques politiques.

  1. Le modèle de Michigan

Ce déterminisme social est, cependant, fortement critiqué par les chercheurs du Survey Research Center de l’Université du Michigan, notamment A.Campbell et P.Converse qui décident de construire un modèle concurrent : le modèle « psycho-politique ».  En s’appuyant sur des sondages nationaux pré et post-électoraux réalisés à partir de 1948 auprès d’échantillons représentatifs de la population en âge de voter, les chercheurs avancent le constat, très proche de celui de Colombia, qu'il existe des puissantes permanences dans l’orientation électorale des individus et de leurs préférences, la proportion de personnes enquêtées capables de porter un jugement politique général et abstrait (appelées aussi “idéologues”) étant, selon eux, dans les années 1960 à peine supérieure à 10%. Ils introduisent une nouvelle notion qui serait, dans leur conception, la variable-clé du vote : « l’identification partisane », appréhendée comme une orientation affective qui lie un électeur à un des deux grands partis politiques américains (Démocrates ou Républicains). Ces lunettes partisanes, filtrant la vision du monde des électeurs compensent leur manque d’information et d’intérêt pour les questions politiques et constituent leurs points de repère.  Dans les années 1950-1960, près des 3/4 des enquêtées affichent (plus ou moins fortement) une identification partisane, le plus souvent héritée et stable dans le temps.  Ce modèle va acquérir le statut scientifique d’un véritable « paradigme » tel qu’il a été défini par Thomas Kuhn (un ensemble de théories, de concepts, de notions de base qui, à un moment donné de l'histoire d'une discipline, en constituent le cadre général de référence).

  1. Le modèle écologique

Le modèle écologique d’analyse du vote est un modèle qui cherche à analyser les liens entre la distribution des votes et les caractéristiques d’un territoire.

André Siegfried est aujourd’hui considéré comme étant le fondateur de cette analyse, c’est au début du XX siècle que le sociologue électorale français dévoile la première recherche électorale. Il observe dans cette dernière une stabilité dans le temps du comportement électorale des électeurs sur un territoire définit. Siegfried va alors mettre en relations comportements électoraux avec les facteurs sociaux, économiques et démographiques.

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