Dossier De Pratique Professionnelle de l'école Européenne Supérieur en Travail Social (EESTS)
Note de Recherches : Dossier De Pratique Professionnelle de l'école Européenne Supérieur en Travail Social (EESTS). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar fafa06 • 26 Mai 2015 • 6 155 Mots (25 Pages) • 1 102 Vues
INTRODUCTION
J’ai débuté cette formation d’éducatrice spécialisée à l’Ecole Européenne Supérieur en Travail Social (EESTS) à Lille puis, j’ai intégré l’Institut d’Enseignement Supérieur de Travail Social (IESTS) à Nice pour ma troisième année d’étude.
La pédagogie de formation de l’EESTS exigeait trois stages professionnels.
Mon premier stage (de quatre mois) a eu lieu dans un Institut Médico-Educatif (IME) accueillant des enfants et jeunes adultes de 6 à 20 ans ayant une déficience visuelle avec un ou plusieurs handicaps associés.
Mon deuxième stage (de sept mois) s’est déroulé au sein du Pôle Petite Enfance de la métropole Lilloise dans un service mettant en place des visites médiatisées permettant de maintenir le lien parent(s)/enfant(s) lors du placement judiciaire ou de l’accueil administratif de l’enfant (de 0 à 6 ans) au Pôle Petite Enfance.
Mon troisième stage, stage long de 13 mois écourté à 8 mois en raison de mon changement d’école, fut au sein du Pôle Petite Enfance de la métropole Lilloise, dans un groupe de vie d’enfant de 3 à 6 ans confié sous décision judiciaire ou administrative.
Au cours de ces trois stages professionnels j’ai pu être confrontée aux problématiques liées au handicap, à la famille et à la petite enfance.
Au travers de ces stages diversifiés, j’ai été confrontée aux émotions, aux angoisses des personnes que j’accompagnais et ceux pour tous les publics rencontrés. Ces émotions, ces angoisses sont parfois dîtes de façon explicite avec des mots (la parole) ou de façon implicite avec des actes (les comportements corporels). Un accompagnement est nécessaire pour aider les publics à les exprimer ou simplement à les entendre et les comprendre.
C’est donc posé en moi les questions : comment recevoir au mieux ces émotions, ces angoisses ? Quelle est la posture adéquate pour recevoir l’ « autre » qui s’ « ouvre » à moi afin qu’il puisse se sentir en confiance et pouvoir entrer dans une relation sécurisante.
Il n’y a pas, à mon sens, de posture « type » pour pouvoir entrer en relation dans un accompagnement éducatif. L’éducateur spécialisé doit, à mon avis, savoir adopter la posture qui lui semble la plus adéquate selon l’individu. Il l’accompagne en prenant en compte sa singularité, ses difficultés à un instant « T ». A plus long terme l’éducateur veillera à tenir compte des aspirations et des potentialités de l’usager.
Après une certaine distanciation de ma pratique, j’ai pu faire ressortir une posture contenante dans la relation éducative, je la développerai et je me justifierai ci-après. Cette posture professionnelle choisie m’a paru la plus adéquate pour ces usagers à cet instant.
Afin de mettre en exergue la contenance dans la relation éducative, je débuterai par définir ce concept de contenance. Je l’argumenterai et la mettrai en évidence à travers des situations professionnelles vécues sur mes trois lieux de stage tout en mettant en avant les outils qui m’ont permis d’adopter cette posture sur ces instants « T ».
1. QU’EST-CE QUE LA FONCTION CONTENANTE ?
1.1. Définitions
Cum : Contenir / Tenere : Tenir continu
1. Avoir, comprendre en soi, sa capacité, son étendue, sa substance : renfermer.
(Ce minerai contient une forte densité de métal, une enveloppe contenant des photos…)
2. Avoir une capacité de : cette salle a une capacité de 100 personnes, accueillir, recevoir…
3. Empêcher des personnes, des groupes, de s’étendre, limiter, maintenir.
4. Empêcher un sentiment, une émotion de se manifester : contenir ses larmes, sa colère.
Contenant : ce qui contient, le récipient, ce qui assure la contenance.
Contenance : quantité de ce qu’un récipient peut contenir, mais aussi manière de se tenir, de se présenter, allure, attitude, mine : une contenance gênée.
Deux idées principales sont à retenir dans ces définitions : le contenant donne une forme et ce qui n’est pas contenu déborde ! En d’autres mots, le fait d’ « être » contenant est la capacité de contenir les émotions que l’usager ne peut tolérer, contenir, ni penser.
Comme le dit si bien Esther Bick, un nouveau-né est comme « un cosmonaute lâché dans l’espace » , il se sent tomber, flotter, éclater. Il a besoin d’être contenu, porté, enveloppé. Cette métaphore de Bick pourrait très bien être reprise pour tout usager, en difficulté social, perdu et submergé par ses difficultés propres, ayant besoin d’être contenu et accompagné au sens de porter et envelopper. Le nouveau-né a besoin de la chaleur de sa mère. S’il ne se sent pas contenu, le bébé tente de se rassembler par différents systèmes de défense. Il se construit une carapace pour se protéger d’une perception catastrophique. On peut également ici rapprocher cette pensée de Bick sur les bébés à tout usager en plein de difficultés quelles qu’elles soient, se renfermant, s’emprisonnant (carapace) dans ces difficultés et ayant besoin d’une d’aide compétente, d’une relation d’aide, d’une relation de soutien et d’une relation contenante.
Pour mettre davantage en lumière cette notion de la posture contenante, j’apporterai un aspect théorique à celle-ci.
1.2. La fonction contenante à travers quelques concepts psychanalytiques
Winnicott dans ses concepts de « holding » et « handling » développe la fonction contenante sur deux plans : le plan physique et le plan psychique.
En effet, il explique que la mère contient son enfant physiquement par ses soins par ses caresses et son portage. Elle permet ainsi de délimiter le corps de son enfant, de lui faire ressentir et d’intégrer les limites de son propre corps. La mère aide également l’enfant à se sentir comme un ensemble d’éléments cohérents, contenus et d’accéder à un « MOI ». Pour cela, elle doit s’adapter aux besoins de l’enfant, en se montrant disponible, apaisante et à l’écoute.
L’idée centrale que Winnicott veut exprimer dans ces concepts est de porter, soutenir et contenir l’enfant.
Bion parle de donner du sens sur ce que l’enfant peut vivre. C’est dans le concept du « contenant-contenu » que Bion développe cette idée de sens.
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