Dissertation sur la Crise des Subprimes: Quels sont les enchaînements macroéconomiques de la crise actuelle ?
Compte Rendu : Dissertation sur la Crise des Subprimes: Quels sont les enchaînements macroéconomiques de la crise actuelle ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar pierre0071 • 4 Avril 2015 • 2 546 Mots (11 Pages) • 1 315 Vues
Dissertation
« Imaginez une règle tenue verticalement sur votre doigt : cette position très instable devrait conduire à sa chute, au moindre mouvement de la main ou en raison d’un très léger courant d’air. La chute est liée fondamentalement au caractère instable de la position ; la cause immédiate de la chute est, elle, secondaire ». - Didier Sornette, 2002 -
La crise financière est à due à une situation de fragilité qu’avait développée l’économie mondiale. Une fragilité cachée par ses succès, c'est le " paradoxe de la tranquillité ", expression que l’on doit à l’économiste américain Hyman Minsky (1970), c'est l'idée selon laquelle les crises de surendettement se préparent lorsque tout va bien et que les agents économiques profitent de la croissance et des taux d’intérêt bas pour emprunter parfois au-delà du raisonnable. Mais lorsque le taux d'intérêt augmente, l’endettement qui paraissait soutenable devient insupportable et vire au surendettement. Le "paradoxe de la tranquillité s'accompagne d'un " paradoxe de la crédibilité " (Borio et Shim, 2007) : la réussite de la lutte contre l’inflation à renforcé la crédibilité des banques centrales.
Depuis plus de 30 ans, on remarque que les crises naissent le plus souvent aux Etats-Unis, mais s'avèrent plus graves et plus durables en Europe.
Quels sont les enchaînements macroéconomiques de la crise actuelle ?
Nous verrons tout d'abord les origines et la nature de la crise de 2008, puis la forme de cette crise et les mesures prises contre elle au sein de la zone euro.
I/ L'origine et la nature de la crise
1- La nature de la récession de 2008
Il s'agit au départ d'une crise de surendettement. Le surendettement du secteur privé est le principal facteur de la récession de 2008, c'est un facteur déclencheur de la crise.
En 2009, le taux d'endettement des ménages était beaucoup plus élevé dans les pays anglo-saxons (Etats-Unis, Royaume-Uni, Irlande) par rapport aux pays européens. Le niveau d'endettement des ménages était élevé également en Espagne et au Portugal. On observe des taux d'endettement des entreprises non financières importants dans certains pays européens comme le Royaume-Uni, l'Espagne et le Portugal.
Le désendettement du secteur privé, après une période de surendettement liée à l'essor économique, entraînera une dépression comparable à celle des années 1930 car elle est l'effet d'une déflation par la dette. Cette théorie est celle de l'économiste Irving Fisher, elle explique la depression des années 1930.
2- Les causes de ce surendettement
Dans un premier temps, les agents emprunteurs ou les banques et institutions de crédit ont surestimé les capacités de remboursement des ménages ou des entreprises, dans le futur. C'est ce qui s'est passé à partir de 2004 aux États-Unis avec l'octroi de prêts hypothécaires à des ménages qui n'avaient pas accès habituellement au crédit immobilier : "les subprimes". L'anticipation de l'évolution des prix des actifs immobiliers a joué un rôle central dans l'offre croissante de crédits aux ménages et donc dans le surendettement aux Etats-Unis. Toutefois en octroyant des crédits hypothécaires à des ménages non solvables, les banques ont fait le pari que la hausse des prix des biens offrirait une garantie contre le risque de non remboursement. En effet en cas de défaut de paiement de l'emprunteur, elles pourraient saisir l'actif immobilier. L'inflation sur le marché immobilier les a incitées à prendre de plus en plus de risques.
John Kenneth Galbraith dans The Great Crash en 1955, Hyman Minsky dans Stabilizing an Unstable Economy en 1986, et Charles Kindleberger dans Manias, Panics and Crashes : a History of Financial Crises en 1989 avaient mis en évidence le fait que l'augmentation de l'offre de crédits bancaires et la hausse des prix sur les marchés d'actifs est source d'instabilité pour l'économie. Le facteur prix est le moteur de cette instabilité financière. Le bien immobilier crée une illusion d'enrichissement chez les ménages, ce qui les encourage à s'endetter davantage pour consommer. La hausse des prix de l'immobilier a augmenté la valeur de leur patrimoine mais les ménages sont plus endettés, ainsi en réalité les ménages propriétaires de leur logement ne sont pas plus riches. Cette hausse de la valeur des logements, qui leur servait de garanti, a conduit les banques et les institutions de crédit à octroyer d'avantage de prêts, que ce soit des crédits immobiliers ou des crédits à la consommation. La même chose s'est produit du côté des entreprises non financières.
La variation du prix des actifs immobiliers et financiers a contraint les agents privés surendettés à se désendetter. Les ménages ont augmenté leur taux d'épargne et diminué leurs dépenses de consommation, les entreprises ont réduit leurs investissements et ont cherché à abaisser leurs coûts (surtout salariaux). Cette baisse de la demande effective a mené à la déflation, décrite par Fisher et par Keynes, car la baisse des revenus des agents privés rend difficile leur désendettement et les oblige à épargner davantage. Les État pour éviter cette déflation sont intervenus massivement en mettant en place des politiques de relance.
3- Les conséquences du surendettement
Le surendettement du secteur privé a fragilisé les banques car elles ont connu des pertes sur les crédits qu'elles avaient octroyés.
Le rôle des banques n'a pas diminué avec la désintermédiation financière : c'est à dire que l'on passe d'une économie d'endettement à une économie de marchés financiers, une part importante des financements obtenus et des placements réalisés par les entreprises se fait directement sur les marchés financiers, sans passer par un intermédiaire financier dont le rôle est désormais celui d'un placeur des titres sur le marché.
Les banques sont massivement présentes sur les marchés financiers, soit directement pour réaliser des transactions pour leurs clients ou pour elles-mêmes, soit indirectement lorsqu'elles prêtent de l'argent aux gestionnaires de fonds pour leurs opérations financières. La fragilisation
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