Dissertation : Les classes en mouvement

Dissertation : Les classes en mouvement

La mobilisation des « gilets jaunes » contre l'élite du pouvoir représente-t-elle une nouvelle lutte des classes ? Va-t-on devoir parler d'une « classe jaune » pour désigner ce groupe de différentes catégories socio/professionnelles (CSP) qui convergent dans un combat commun ?

Les classes sociales constituent un prisme pour analyser la société et les rapports de dominations. Cette notion essentielle fait peur à certains car elle renvoie à la théorie de l'exploitation marxiste. Or Marx n'est pas l'inventeur des classes sociales, dès le 19éme siècles elles sont invoquées par les historiens. De nombreux sociologues se sont saisis de cette notion pour la redéfinir, notamment Weber, Halbwachs ou Dahrendorf. Avec Bourdieu, elle deviennent multidimensionnelles, se structurant à partir de l'accumulation de différent capitaux. C'est donc une notion aux multiples définitions. On s'accordera ici sur la définition qu'on donne Louis Chauvel, des «  groupes socio-économiques inégalement dotés en matière de ressources scolaires, patrimoniales et autres ; qui possèdent une identité temporelle, collective et culturelle ». Durant la croissance des Trente Glorieuses soit la période entre 1945 et 1975, la notion de classe sociale est toujours mobilisée par la sociologues et les médias. Nonobstant, en 1980 il se produit un changement de paradigme, quand bien même les inégalités persistent, les classes sociales ne semblent plus être une clés pertinente de lecture de la société. Ainsi, ce lexique disparaît du discours politique (on notera tout de même l'emploi de « classes populaires » par Jospin et de « lutte des classes »par Mélenchon , ce qui lui sera reproché), et les travailleurs ne s'identifient plus en termes de classes, sinon de « classes moyennes ». Pourtant, les classes sociales ne disparaissent pas, les inégalités font toujours système mais elles évoluent avec la société et se brouillent. Toutefois, ces dernières années, ont vu éclore de nombreuses mobilisations sociales, avec des acteurs qui ont manifesté une conscience et une opposition commune face à une élite dirigeante. Ainsi, l'antagonisme, exploitant et exploités marxien est sans doute dépassé, mais la colère des dominés contre les dominants est palpable, on ne peut occulter cette nouvelle conscience qui justifie sans anachronisme l'analyse de la société en termes de classes sociales. Les contours des classes sociales actuelles étant encore flous, il est pertinent de revenir sur la trajectoire des classes françaises depuis 1945. En observant, les évolutions de la stratification sociale, nous nous demanderons comment les classes sociales aurait-elles pu disparaître ? Nous analyserons dans un premier temps une nouvelle stratification sociale qui bouscule les classes marxiennes (I) ; puis nous verrons qu'en réalité ces classes n'ont pas disparus, mais elles ont évolué et sont multidimensionnelles (II)

I - Une nouvelle stratification sociale qui bouscule les classes marxiennes

Les changements structurels provoqués par les Trente Glorieuses sont les prémices de l'apparition d'une « classe moyenne » qui réunit cadres et employés (A). Cette apparition amorce une nouvelle vision des classes sociales, qui va flouter les contours des classes et leurs identités, à partir des années 1980 la conscience de classe semble dépassée (B).

A) Les Trente Glorieuses prémices de l'apparition d'une « classe moyenne » qui réunit cadres et employés

a) -Mendras diffusion du concept de « moyennisation de la société » ; Pour lui et Nisbet c'est la fin des classes sociales

b) -croissance économique rapide et partagé ,« l’ouvrier de l’abondance », la société devient une société salariale , pourtant forte conscience de classe « Mai 68 »

B) A partir des années 1980 la conscience de classe semble dépassée

a) -diffusion d'une culture de masse, «acculturation scolaire des classes populaires» , brouille les contours, il faut étudier précisément les cumuls des capitaux pour distinguer les classes

-plus de vote de classe uni, baisse des scores du Parti Communiste et augmentation du vote du FN et de l'abstention

b) -tertiarisation de la société pour Nisbet signifie plus de hiérarchie , diminution des agriculteurs et des ouvriers

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