Comment Analyser La Structure Sociale ?
Mémoires Gratuits : Comment Analyser La Structure Sociale ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar TheMsMaracuya • 3 Mai 2013 • 1 741 Mots (7 Pages) • 1 852 Vues
Comment analyser la structure sociale ?
Toute collectivité humaine organisée en société est structurée par une hiérarchie qui organise les rapports entre les individus et les groupes sociaux, et qui correspond à une distribution inégale de la richesse, du pouvoir et du prestige. Cette hiérarchie peut être codifiée par des règles juridiques (« groupes de droit » comme les castes ou les ordres) ou, comme dans nos sociétés démocratiques, être implicite et mettre en contact des « groupes de fait ». L'analyse sociologique de la structure sociale s'est longtemps construite autour du concept de « classe sociale ». Celui-ci apparaît aujourd'hui peu adapté pour rendre compte de la complexité des logiques de classement dans les sociétés postindustrielles.
1. Les classes sociales, un concept marqué par l'histoire
• L'une des analyses fondatrices de la structure sociale a été exposée par Karl Marx (1818-1883). Pour ce philosophe, toute société est marquée par un antagonisme majeur entre deux grands groupes sociaux, une « lutte des classes ». Dans la société capitaliste, cette division a pour fondement la propriété privée des moyens de production, détenus par la bourgeoisie capitaliste, alors que le prolétariat ne possède, quant à lui, que sa force de travail. Cette asymétrie place la classe prolétarienne sous la domination de la classe bourgeoise, dans un rapport d'exploitation. Ces rapports de production permettent aux capitalistes de rémunérer au minimum vital la force de travail que leur louent les prolétaires, en s'appropriant la « plus-value », c'est-à-dire la partie de la valeur du travail qui n'est pas payée aux prolétaires.
• Marx distingue cependant deux états de la classe sociale : la « classe en soi » rassemble des individus aux intérêts communs mais qui n'ont pas conscience de cette communauté. L'émergence d'une « conscience de classe », c'est-à-dire d'une reconnaissance de la communauté de destin et de la volonté de lutter pour transformer la structure sociale, transforme la classe en soi en « classe pour soi ». La lecture marxiste des groupes sociaux débouche donc sur une conception « réaliste » des classes sociales. Celles-ci existent, fabriquent l'histoire à travers leurs conflits et ne sont pas de simples constructions abstraites d'un observateur extérieur.
2. Des outils d'analyse multiformes
• Le sociologue Max Weber (1864-1920) a développé une vision « nominaliste » de la structuration sociale : les groupes sociaux n'existent pas concrètement, ils ne sont que le résultat de la construction qu'en fait le sociologue en isolant des critères pertinents de classement. Pour M. Weber, la structure sociale est pluridimensionnelle et, si le critère économique est évidemment un des critères pertinents de classement, d'autres ordres de hiérarchie structurent le corps social. Les classes (qu'il définit de manière plus neutre que Marx, comme regroupant les individus ayant le même niveau de vie et le même mode de vie) construisent l'ordre économique, mais n'épuisent pas la richesse multiforme des hiérarchies : l'ordre social s'organise selon le degré de prestige des positions sociales, distinguant ainsi des groupes de statuts hiérarchisés selon le degré de considération symbolique. Le troisième registre de classement est, selon Weber, l'ordre politique dans lequel les positions se hiérarchisent en fonction de la plus ou moins grande proximité avec l'exercice du pouvoir politique. Weber ne rejette pas l'idée qu'il puisse y avoir convergence entre ces trois modes de classement, mais montre aussi que ces liaisons ne sont pas automatiques, certains individus pouvant détenir du pouvoir dans une des sphères et en être dépossédés dans une autre (le leader politique sans fortune, ou le « nouveau riche » sans prestige social).
• Les analyses de Pierre Bourdieu (1930-2002) ont, d'une certaine manière, tenté de rapprocher la vision weberienne et la vision marxiste. Ce sociologue distingue en effet un mode de classement social fondé sur la plus ou moins grande détention des trois formes de capital que sont le capital économique (revenus et patrimoine), le capital culturel (niveau de diplôme et pratiques culturelles) et le capital social (réseau de relations, prestige, connaissance des règles du jeu du pouvoir social). La combinaison de ces trois formes de capital est multiforme, et elle dessine des univers sociaux caractérisés à la fois par le volume global de capital détenu et par la composition de ce capital. Les groupes cumulant de manière intensive les trois formes de capital disposent du plus fort pouvoir de domination symbolique, qui leur permet d'imposer leur conception de l'ordre social au reste du corps social, ce dernier intériorisant la légitimation de sa domination et de, ce fait, la renforçant.
• Les PCS (professions et catégories socioprofessionnelles) se veulent, quant à elles, une grille statistique objectivée : l'Insee s'est, en effet, depuis longtemps, intéressé à la manière de traduire la réalité de la structure sociale française à travers une grille de classement. La grille des PCS est née dans les années 1950 et a fait depuis l'objet de multiples mises à jour. Depuis 1982, la nomenclature des PCS distingue huit catégories principales, six catégories actives et deux inactives. Les critères de classement sont multiples et ont pour ambition de regrouper la population en catégories socialement homogènes : sont ainsi pris en compte le statut professionnel (salarié ou indépendant), le secteur d'activité, la taille de l'entreprise, le niveau de qualification, la place dans la hiérarchie professionnelle, la nature de l'employeur (privé ou public). Les huit PCS se déclinent ensuite en catégories socioprofessionnelles puis en professions (au total, 860). Cette nomenclature
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